Quand la forêt retient son souffle

La saison estivale s’installe et déjà les premiers foyers rappellent une réalité que nul ne peut plus ignorer. Nos forêts vivent sous la menace constante du feu. Chaque été devient une épreuve, chaque canicule un signal d’alerte, et chaque hectare perdu un pas de plus vers un appauvrissement écologique irréversible. Il ne s’agit plus de simples accidents. Ce sont des crises à répétition, révélatrices d’un déséquilibre global. Le climat se dérègle, les sols s’assèchent et la végétation souffre. Dans ce contexte, les flammes trouvent une matière prête à brûler. Et les forêts, pourtant essentielles à la vie, n’ont souvent pour seules défenses que la vigilance des agents sur le terrain, la coordination des institutions et, surtout, la prévention. Face à cette menace, des mesures fortes ont été prises. La restriction d’accès aux zones forestières durant les périodes les plus critiques est non seulement une nécessité mais une obligation. Fermer une piste, interdire une randonnée au cœur des sites protégés ou contrôler les allées et venues dans les massifs ne relève pas d’un excès d’autorité. C’est une barrière levée contre le risque. C’est aussi une marque de responsabilité. Car protéger la forêt exposée aux risques d’incendie, qu’ils soient criminels ou naturels, c’est éviter de devoir tout reconstruire demain. Une forêt brûlée ne se régénère pas toujours. Elle peut se refermer sur une végétation pauvre, dominée par des espèces envahissantes. Les sols se dénudent. Les sources se tarissent. Les insectes, les oiseaux, les petits mammifères disparaissent. Ce n’est pas seulement un paysage qui part en fumée, c’est un monde vivant qui s’effondre. Dans ce combat pour la préservation du vivant, les pouvoirs publics et la société civile doivent jouer pleinement leur rôle. Mais rien ne se fera sans une conscience collective. Le feu ne se contente pas de brûler ce qui est visible. Ne restons donc pas spectateurs, car la forêt a besoin de notre engagement autant que de nos lois. Et lorsque la forêt retient son souffle, c’est toute une terre qui attend qu’on la protège.

A. F. 

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