Projet de loi sur l’information : Algérianiser les contenus

Le projet de loi sur l’information vise à encourager «l’investissement national public et privé dans l’industrie audiovisuelle nationale et la promotion de la production audiovisuelle, à travers l’obligation de respect d’un quota déterminé de production et de diffusion des produits audiovisuels nationaux destinés à valoriser le patrimoine civilisationnel et culturel de notre pays, et à conforter l’identité nationale».

La spécialiste en droit des médias à l’université d’Oum El-Bouaghi, Dr Mebarka Rahmani, explique que «les autorités publiques visent, dans le cadre du soutien et du développement de la production audiovisuelle et cinématographique, à inscrire dans l’agenda des chaînes de télévision, des obligation concernant la production d’œuvres algériennes ou d’expression originale algérienne».
Elle relève l’importance, dans un contexte d’ouverture et de mondialisation, «de la mise en place d’une industrie médiatique algérienne solide, et de la contribution active à la production d’œuvres audiovisuelles, la participation au financement de cette industrie et le développement d’un secteur d’économie culturel fort et diversifié». Dans ce sillage, l’universitaire préfère évoquer ce qu’elle appelle «la sécurité culturelle et l’immunité identitaire» comme «éléments plus importants et plus intéressants» à l’heure où l’espace télévisuel est en constante évolution et où les productions multinationales fleurissent et proviennent de plusieurs aires géographiques et culturelles. «L’interaction et la communication interculturelles dans le monde globalisé, c’est ce qui fonde la richesse des échanges entre les nations, c’est vrai, néanmoins les logiques politiques de la domination culturelle, par le biais des productions culturelles et audiovisuelles notamment, sont on ne peut plus des tentatives délibérées pour saper le fondement du vivre ensemble au sein du même pays», estime-t-elle. Par ailleurs, Dr Rahmani, note que «hormis quelques productions d’émissions de divertissement, documentaires ou infos d’actualité, la quasi-totalité des chaînes télé n’approvisionnent leurs grilles de programmes en majorité qu’avec des films américains ou séries télévisées, arabes et turques». En effet, précise-t-telle, «déjà amortis sur les marchés internationaux, les programmes, documentaires et séries télévisées arrivent en Algérie dans des conditions financières particulièrement compétitives» pour les chaînes de télévision, et surtout  avec «un effet d’éviction pour les productions nationales originales».
La spécialiste trouve intéressant le fait que les autorités publiques «aient entamer une réflexion pour asseoir le fondement juridique définissant un seuil de déclenchement des obligations de contribution, de promotion et de valorisation des œuvres d’origine algérienne ou mettant en valeur des coproductions» favorisant l’expression de l’identité algérienne «dans toute sa splendeur».
«Les chaînes de télévision publiques et privées ont l’obligation de respecter un équilibre entre les programmes nationaux et étrangers», précise l’universitaire, en ajoutant que «ces fournisseurs d’offres médiatiques sont tenus de consacrer une part de leur programmation à la diffusion d’œuvres audiovisuelles algériennes et d’expression culturelles locale, afin de limiter la prolifération des programmes et contenus étrangers».
Elle insiste également sur «l’importance que les professionnelles des médias doivent accorder au public en termes de satisfaction». Elle souligne que «le développement des études de marché et de l’audimétrie est aussi important, car le téléspectateur est devenu de plus en plus exigeant». Pour elle, les études quantitatives «permettent aux responsables de production, de savoir quelle catégorie cibler et quel genre de contenu proposer».

Tahar Kaidi

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