
- Un dispositif stratégique lancé
Les études analytiques menées par la Direction Générale de la Protection civile (DGPC), ces cinq dernières années, sur les feux de récoltes enregistrés chaque année générant des pertes importantes, ont signalé des failles notamment le non-respect des règles de prévention. En effet, la DGPC a précisé, que « les incendies sont souvent la conséquence, du manque d'entretien des équipements en particulier les moissonneuses-batteuses ». Les études ont fait ressortir « le manque d’extincteurs et des modalités de leurs utilisations » ; « le manque des citernes d'eau avec une capacité suffisante » ainsi que « la méconnaissance des principes de la première intervention pour maîtriser le début d’incendie par les agriculteurs et investisseurs avant l’arrivée des secours de la protection civile ». Aujourd’hui, la production céréalière se centre au cœur d’enjeux politiques majeurs notamment dans le contexte économique mondial. C’est dans ce sens que l’Algérie veille à assurer une autosuffisance notamment en céréales ainsi qu’une souveraineté alimentaire.
Assurer la stabilité du système agricole et productif
La protection civile est un acteur incontournable dans ce défi. L’institution que gère le colonel Boualem Boughlaf s’est engagée dans la protection « du pain » des Algériens « afin de parer aux risques qui menacent la stabilité du système agricole et productif attentant à la sécurité alimentaire nationale », a indiqué le sous-directeur de l’Information et des Statistiques à la DGPC, le commandant Nassim Bernaoui. Une campagne de prévention et de sensibilisation sur la prévention des incendies de récoltes a été lancée mardi dernier au niveau des wilayas du Sud en présence du colonel Farouk Achour, inspecteur et représentant du DGPC, du wali et des responsables militaires et civils. Elle s’inscrit en ligne droite avec « les efforts des hautes autorités du pays conformément aux instructions du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, visant l’autosuffisance et le renforcement de la sécurité alimentaire », a précisé l’officier. Lors de la présentation du dispositif de prévention et de sensibilisation, le commandant Bernaoui a indiqué, que cette campagne d’une extrême importance lancée à partir de la wilaya d’Adrar, va toucher les wilayas du Sud à savoir Timimoun, El Menéa, In Salah, El Oued, Béni Abbès, Ouargla, Ghardaïa, Illizi et In Guezzam. Elle consiste notamment en des actions de sensibilisation au profit des agriculteurs et investisseurs sur « la nécessité de respecter et d'appliquer intégralement les mesures préventives, afin d'éviter le déclenchement d’incendies, ainsi que les mesures et dispositions à mettre en place pendant et après l'achèvement du processus de récolte ». Il s’agit, sur le terrain, de l’accompagnement des agriculteurs durant la campagne de moisson par la mise en place d’un dispositif opérationnel de proximité composé de moyens d'intervention rapide « visant à maîtriser et éteindre les incendies dès leur déclenchement afin de réduire les pertes et leurs impacts économiques afin de contribuer au renforcement de notre sécurité alimentaire ». La DGPC a misé sur la coordination avec différents partenaires. « La campagne se déroule en coordination avec les directions de l’agriculture, les chambres agricoles, la Caisse Nationale de Mutualité Agricole (CNMA), les Conservations des forêts, les directions de Ressources en eau, de l’environnement et du commerce, de la santé, du tourisme, de l’éducation, des affaires religieuses ainsi que la société civile », détaille le commandant Bernaoui.
Sécurisation des silos
Pour l’officier, le rôle de la protection ne se limite pas à la sécurisation de la moisson mais aussi dans la sécurisation des silos pour stockage de blé. « Les services de prévention des directions de wilayas de la PC veillent à la conformité de ces sites en donnant des avis techniques sur l’étude sur les risques et l’impact sur l’environnement avant la construction et la sécurité de l’infrastructure, en exécution des orientations du Président de la République relatives à l’augmentation de la production par l’augmentation des capacités de stockage », explique-t-il, outre l’organisation d’exercices de simulation pour renforcer les capacités d’intervention et la coordination entre les sapeurs-pompiers et les gérants de l’infrastructure. Sur le plan opérationnel, le sous-directeur de l’information et des statistiques a mis l’accent sur « l’occupation du terrain » à travers le déploiement des unités d’intervention dans les zones sensibles de moisson. En chiffres, il a fait savoir qu’un effectif de 400 sapeurs-pompiers de grades confondus et 100 engins pour l’accompagnement des agriculteurs au niveau des wilayas du Sud et les investisseurs lors de l’opération de moisson-battage au niveau des wilayas du Sud, soulignant que ces régions « seront renforcées par des colonnes mobiles ». La céréaliculture dans les wilayas du Sud a donné des résultats satisfaisants, d’où l’importance de consentir plus d’efforts pour la préservation de la production. Des récoltes records ont été enregistrées au cours des deux dernières années. La production céréalière dans les wilayas du Sud a atteint en 2024 quatre millions de quintaux avec une moyenne de 47-51 quintaux/hectare, soit « 96% des objectifs fixés par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural ». Les chiffres communiqués par le DG de la production agricole au ministère, relèvent que la production la plus élevée avait été enregistrée dans les wilayas de Biskra, d’El Menéa et d’Adrar.
N. B.