
«L’élaboration d’une nouvelle loi qui régit l’exercice des associations est une nécessité fondamentale si on veut faire de la société civile un véritable levier économique et social.» C’est ce qu’affirme le président de l'Association de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (APOCE).
Contacté par nos soins, le Dr Mustapha Zebdi fait part de l’existence de «plusieurs lacunes et défaillances» dans l’ancienne loi sur les associations, rendant, du coup, sa révision «plus que nécessaire» pour permettre aux associations et aux différents acteurs de la société civile de contribuer «efficacement» aux projets de développement local et national. «On estime que l’ancienne loi a porté énormément de préjudices à l’exercice des associations, plus particulièrement celles qui œuvrent réellement sur le terrain et qui tentent tant bien que mal de trouver des solutions appropriées aux préoccupations des citoyens. Cette loi nous a freinés et nous a complètement ligotés, nous empêchant de donner de notre mieux au citoyen», regrette-t-il, souhaitant au passage que la société civile en Algérie puisse avoir toute la liberté d’exercice, conformément aux principes de la République algérienne.
Le président de l’APOCE déclare que la Constitution de 2020 a apporté beaucoup de choses pour l’exercice de la société civile et considère que la constitutionnalisation du rôle de la société civile est un «véritable» acquis qui reflète une «réelle» volonté de faire de cette société civile un partenaire pour la concrétisation des projets de développement dans le cadre d’une démocratie participative. «Nous avons été, poursuit-il, parmi les associations qui ont défendu tout ce qui a été apporté dans la nouvelle Constitution par rapport à l’exercice du mouvement associatif, parce qu’elle a apporté beaucoup de choses positives permettant à la société civile en Algérie de se constituer comme une force de propositions», se félicite-t-il.
Et pour préserver cet acquis, le Dr Zebdi juge nécessaire de mettre en application tout ce qui a été apporté à l’exercice de la société civile à la faveur de cette Constitution. «La loi sur les associations doit être en parfaite concordance et en harmonie avec le contenu de la Loi fondamentale du pays. Elle doit les mettre en exécution en mettant en place les mécanismes susceptibles de rendre ces acquis applicables», notera-t-il.
Notre interlocuteur relève par ailleurs l’importance d’une concertation avec les parties concernées dans l’élaboration de ce projet de loi. «Il faut qu’il y ait une certaine concertation. C’est un avant-projet qui va être discuté avec la société civile qui pourrait émettre ses propositions. Là, nous allons donner notre avis pour son enrichissement», observe-t-il, révélant qu’à ce jour, son organisation n’a pas été sollicitée pour donner son avis sur le projet. «Cependant, nous sommes disposés à contribuer en tant qu’association active à donner notre avis avec des propositions issues de notre expérience sur le terrain pour son enrichissement», soutient Zebdi qui plaide également à ce que les associations soient indépendantes de l’administration et autonomes financièrement. «Nous sommes contre le fait qu’une association puise ses ressources financières du Trésor public. C’est fondamental. Une association doit être forte par ses adhérents, qu’elle assure le financement de ses actions, à l’exception de certaines associations qui œuvrent dans certains domaines où les ressources financières sont nécessaires», enchaîne-t-il encore, assurant qu’une association puise sa force de ses adhérents. Et de conclure : «Si une association pompe l’argent du Trésor public à tout-va, c’est qu’elle n’est pas rentable et qu’elle est condamnée à disparaître. On ne doit pas mettre sur le même pied d’égalité les associations qui activent réellement sur le terrain avec celles dont les actions ne sont pas palpables. Il faut assainir la scène pour permettre aux associations qui travaillent réellement sur le terrain de s’impliquer davantage dans l’intérêt du citoyen et le développement du pays».
Kamélia Hadjib