Mourad Goumiri, économiste : «Lutter contre la fraude et l’évasion fiscales»

Propos recueillis par Kamélia Hadjib

L’économiste, Mourad Goumiri, salue la décision du président de la République portant sur l’accélération du processus de numérisation des secteurs, estimant que les domaines, les impôts, les douanes, le budget sont vitaux et méritent d'être priorisés pour les rendre efficaces aux usagers, mais également aux deniers publics.

El Moudjahid : Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné au gouvernement d’accélérer le processus de numérisation et de statistiques en tant que système de travail de base dans tous les secteurs, notamment pour les domaines, les impôts, les douanes et le budget. À votre avis, quelle est l’importance de la numérisation dans le domaine économique ? 
 
Mourad Goumiri : Le président de la République a fait surtout le constat que nous sommes très en retard par rapport non seulement à l'Europe, mais aussi à nos voisins simplement, d'où sa réaction très vive. Tous les secteurs sont concernés et pas seulement ceux que vous citez, car le retard d'un secteur annule l'avance des autres ! Bien sûr, il y a des priorités et les secteurs comme les domaines, les impôts, les douanes, le budget, sont vitaux et méritent d'être priorisés pour les rendre efficaces pour les usagers mais également pour les deniers publics. Tout le monde sait que, par exemple, la fraude et l'évasion fiscale sont un sport national. Or, vous ne pouvez pas lutter contre ce fléau sans une numérisation très poussée, qui vous permet l'exploitation du gisement fiscal. Il en va de même pour les autres secteurs d'activité.
 
Disposons-nous des moyens permettant ce passage vers la numérisation économique ? 
 
Le moyen le plus important est la ressource humaine. A ce niveau, force est de constater qu'elle est rare ou inexistante, ce qui signifie un effort gigantesque pour la formation, le recyclage et le perfectionnement. Pour le hard (machines, logiciels,...), c'est plus facile, il suffit de l'acquérir sur le marché national ou international, tout en faisant attention à la normalisation car il ne faudrait pas que chaque secteur utilise son propre software.
 
Que va apporter la transformation numérique dans le domaine des impôts et des douanes ? 
 
Il s'agit de maîtriser les flux, de les rendre disponibles en temps réel et de pouvoir donner à l’usager un service de qualité incontestable. En outre, le rendement fiscal va décupler, ce qui contribuerait à renflouer le budget de l'État. En plus, la numérisation va combattre la corruption, sous toutes ses formes. Enfin, les informations économiques et financières seront fiables et permettront une prise de décision opérationnelle. 
 
K. H.

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