Mise en œuvre de la stratégie de modernisation portuaire : Deux ports sélectionnés comme projets-pilotes

Une nouvelle stratégie de modernisation des ports est mise en œuvre en Algérie. Les différents acteurs concernés par ce dossier seront soumis à une obligation de résultat. Et c’est dans cette démarche que le ministre des Transports, Saïd Sayoud, cité dans un communiqué de son département, vient d’annoncer la sélection de deux ports comme projets-pilotes, dans l'objectif d'évaluer l’efficacité de cette stratégie avant sa généralisation aux autres ports nationaux.

Réaffirmant son plein appui aux démarches visant à développer le secteur, le ministre préconise l’adoption d’une «approche réaliste» qui repose sur «la gestion sur le terrain basée sur les résultats obtenus», tout en veillant au «suivi périodique» de la cadence d'exécution des projets. Aussi, M. Sayoud a mis en avant l'importance de mettre en place des groupes de travail spécialisés qui se chargeront dudit suivi.
Cette démarche s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des instructions du chef de l’État visant à moderniser les infrastructures de base et à améliorer la performance des ports. Dans une étude exhaustive publiée dans la revue Maâref, Kahina Mellab, du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement, affirme que le secteur maritime algérien joue un «rôle stratégique dans l’économie du pays, en particulier pour l'exportation des hydrocarbures, mais aussi pour soutenir la diversification économique». Cependant, note l’universitaire, «il se trouve confronté à plusieurs défis majeurs, notamment des infrastructures vieillissantes, une main-d'œuvre insuffisamment qualifiée et des difficultés financières pour moderniser les ports».
À titre illustratif, Mme Mellab indique que «le port d'Alger peine à gérer un trafic en croissance, notamment pour les marchandises non pétrolières, tandis que moins de 10% des emplois dans le secteur sont occupés par des personnels formés localement». Ces défis «mettent en lumière la nécessité d’une réforme structurelle dans ce secteur». Cela dit, des opportunités significatives existent. Sur cette question, l’universitaire précise que «le développement de hubs logistiques, la croissance de l’industrie navale et l'expansion du tourisme maritime peuvent constituer des leviers importants pour renforcer la compétitivité du pays». Aussi, Mme Mellab estime que «l’Algérie peut également améliorer ses performances et se positionner comme un acteur majeur du commerce international». Au chapitre des recommandations, l’auteure de l’étude estime qu’il est «crucial d’accélérer la modernisation des ports existants, en particulier celui d’Alger, en intégrant des technologies avancées et en augmentant la capacité de traitement des marchandises non pétrolières». L’objectif est de «renforcer l’efficacité des ports et d’améliorer leur compétitivité sur le marché mondial». S’y ajoute la nécessité de «mettre en place des programmes de formation adaptés aux besoins du secteur maritime, tels que la gestion logistique, la construction navale et la maintenance des navires, afin de qualifier davantage de travailleurs locaux et de réduire la dépendance aux travailleurs étrangers».
Dans l’ambition d’attirer davantage d’investissements étrangers, Mme Mellab indique que le développement de partenariats publics-privés (PPP) pour «financer les projets d'infrastructures maritimes est essentiel». En attirant des investisseurs étrangers, «l'Algérie pourrait non seulement moderniser ses infrastructures, mais aussi bénéficier de l'expertise et des technologies de pointe». Il est important, enchaîne l’universitaire, «d’encourager la diversification des activités maritimes, pour réduire la dépendance des hydrocarbures. Cela inclut le développement du tourisme maritime, de la pêche durable et de l’aquaculture, qui représentent des secteurs prometteurs, pour renforcer l’économie maritime algérienne». Face aux exigences environnementales croissantes, Mme Mellab croit mordicus que «l’Algérie doit investir dans des technologies écologiques dans le transport maritime, en intégrant des navires à faibles émissions et des pratiques durables, tout en anticipant la transition énergétique, pour respecter les normes internationales».

F. I.

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Après la levée des réserves en Belgique :
Le navire Sedrata accoste au port d’Alger

Le navire algérien Sedrata, appartenant à la Compagnie nationale algérienne de navigation (Cnan El-Djazaïr), a accosté, mardi au port d'Alger, après la levée des réserves administratives et techniques qui l'empêchaient de quitter le port belge d'Anvers depuis plus de trois ans. Le secrétaire général du ministère des Transports, Abdelghani Dridi, a supervisé la cérémonie d'accueil du navire, en présence de responsables du ministère et de représentants du Groupe algérien de transport maritime (Gatma). Dans une déclaration à la presse, à l'issue de son inspection du navire, M. Dridi a affirmé que ce dernier vient renforcer la flotte maritime commerciale nationale, qui compte actuellement 12 navires, précisant que le Sedrata est le dernier navire ayant fait l'objet d'une levée de réserves au niveau des ports étrangers.
Il a également annoncé l'arrivée d'un deuxième navire au port de Djendjen (Jijel), après une opération de maintenance périodique à l'étranger et d'un troisième navire en juillet prochain, à l'issue de la même procédure.

R. N.

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