M’hamed Yazid : Un politique et un intellectuel de talent

On ne répétera jamais assez cette citation en guise de sentence relevée par l’historien Charles-Robert Ageron, dans Genèse de l’Algérie algérienne : «La presse, voilà l’arme dont vous devez apprendre à vous servir ; elle peut soulever un monde.» Elle sied amplement à la mobilisation du système d’information du Front de libération nationale, tant ce redoutable vecteur fut l’expression d’une constance dans la guerre de l’opinion qui a donné du fil à retordre à une armada de média coloniaux. A l’évidence, le combat médiatique n’était pas le moindre des artifices dont usa le FLN avec le recours à l’action diplomatique, au sport, à la culture etc. C’est ce qu’ont démontré, hier, les intervenants dans le cadre du Forum organisé avec la collaboration de l’association Machaal Chahid.
Mohamed Bouazzara, journaliste et écrivain a indiqué que la tâche d’informer, de sensibiliser et de s’ériger en adversaire irréductible face à la machine médiatique coloniale fut orchestrée, organisée et menée de main de maître par des responsables politiques conscients de l’impératif d’agir avec une célérité et une détermination sans faille, à l’exemple d’Abane Ramdane, Réda Malek, Abdelhafid Boussouf et consorts. L’action médiatique, grâce au sens de la discipline, au talent de ses animateurs et de ses initiateurs, grâce à une entière identité de vues au regard des objectifs qui lui furent assignés, fut une réussite indéniable face à un arsenal français sans commune mesure avec le potentiel dont disposait la Révolution.
En cette célébration du 66e anniversaire de la création du Gouvernement provisoire de la République algérienne, l’occasion est propice pour saluer la mémoire d’une des chevilles ouvrières, qui se sont manifestées avec la compétence nécessaire à la fois sur le plan diplomatique et médiatique, en l’occurrence le regretté M’Hamed Yazid.

Un rôle de premier plan

Notre invité a mis en relief, ce que fut le parcours militant et l’engagement précoce en faveur du Mouvement national de ce natif de Blida, M’hamed Yazid.
Déjà au collège colonial de Blida, aujourd’hui lycée Ibn Roshd, il a fait partie d’une pléiade de jeunes condisciples qui ont vite affiché la preuve de leur patriotisme à l’instar de Saad Dahlab, Abane Ramdane, Benyoucef Benkhedda. Son travail sur le plan diplomatique, à côté de Hocine Aït Ahmed, a été d’un grand apport pour faire connaître notre cause aux fora internationaux. Ces deux militants ont su agir avec perspicacité durant la Conférence de Bandung en 1955. M'Hamed Yazid à l'ONU a eu le mérite de former le premier lobby algérien aux Etats-Unis. Il avait également la certitude que sans la mobilisation des médias, la lutte armée pourrait avoir des difficultés ce pourquoi, elle a avait été déclenchée.
Et ce n’est pas un hasard si le défunt avait été nommé à la tête du ministère de l'Information et désigné porte-parole officiel du GPRA de septembre 1958 jusqu'en 1962. Pour notre part, on dira que le militantisme de M’Hamed Yazid mérite d’être mieux connu, mieux étudié. On ne manquera pas de rappeler ce propos de Réda Malek, directeur d’El Moudjahid de 1957 à 1962. «Le FLN a expérimenté avec intensité, le dicton : seule la vérité est révolutionnaire, point n’est besoin de masquer la réalité, elle est avec nous. »

Mohamed B.

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