Nucléaire iranien : les négociations reprennent

Les États-Unis et l'Iran se sont rencontrés hier à Mascate, la capitale d’Oman, dans un nouveau cycle de négociations jugés décisif, sur le programme nucléaire iranien. Ces pourparlers, qui se tiennent sous la médiation d'Oman, interviennent après deux précédentes sessions qualifiées de constructives, les 12 et 19 avril à Mascate et Rome, marquant une reprise des échanges directs au plus haut niveau depuis le retrait américain de l'accord nucléaire de Vienne en 2018. L'accord de Vienne, conclu en 2015, encadrait le programme nucléaire iranien en échange d'une levée progressive des sanctions internationales. Cependant, le retrait unilatéral des États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, a conduit l'Iran à s'éloigner progressivement de ses engagements, notamment en enrichissant l'uranium à des niveaux bien supérieurs au plafond fixé par l'accord (3,67%), atteignant actuellement 60%, un seuil proche mais toujours inférieur aux 90% nécessaires pour une arme nucléaire. L'Iran affirme que son programme nucléaire est à des fins civiles, notamment énergétiques, et revendique un droit non négociable à l'enrichissement de l'uranium. Abbas Araghchi, chef de la diplomatie iranienne, a indiqué que Téhéran projette de construire 19 nouveaux réacteurs nucléaires, soulignant ainsi son ambition dans le domaine civil. Par ailleurs, l'Iran a exprimé son « optimisme prudent » quant à la progression des négociations, tout en précisant que la levée rapide des sanctions illégales et inhumaines reste une priorité. Du côté américain, la politique de « pression maximale » a été relancée, avec de nouvelles sanctions ciblant notamment le secteur pétrolier iranien. Washington maintient une posture ferme, tout en se disant prêt à négocier un nouvel accord, et Donald Trump a même proposé de rencontrer les plus hautes autorités iraniennes, tout en menaçant de recourir à la force en cas d'échec diplomatique. Il faut rappeler que ces négociations se déroulent dans un contexte diplomatique très complexe : les États-Unis et l'Iran n'ont plus de relations diplomatiques officielles depuis 1980, et les négociations se déroulent indirectement via la médiation omanaise. Aussi, face aux menaces américaines, l'Iran a averti qu'il pourrait se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire si les sanctions de l'ONU étaient rétablies automatiquement. La question nucléaire entre les États-Unis et l'Iran reste un dossier sensible marqué par une longue méfiance marquée par des sanctions économiques sévères et des négociations délicates. Tandis que l'Iran affirme son droit au nucléaire civil et enrichit l'uranium à des niveaux élevés, les États-Unis cherchent à contenir toute possibilité de développement d'armes nucléaires, tout en maintenant une pression maximale. Les pourparlers actuels, bien que marqués par un optimisme prudent, devront surmonter de nombreux obstacles techniques et politiques pour aboutir à un accord durable et éviter une escalade régionale ou internationale.

R. I. et agences

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