Les valeurs, notamment cet attachement et l’amour du pays, sont en fait inculquées dès leur jeune âge, pour guider ensuite leurs comportements et consolider leurs convictions et principes inébranlables. Chassez le naturel, il revient au galop, comme dit l’adage. Et cette règle s’applique parfaitement pour ces deux sœurs qui ont pris les armes pour combattre l’ennemi et tenir tête à l’occupant à un âge précoce surtout.
Leur appartenance à une famille pieuse est pour beaucoup certainement dans l’éducation de ces jeunes combattantes dont le destin a été fatalement cruel, même si leur foi davantage développée par un milieu familial où les préceptes d’une religion sacrée qui est l’islam sont scrupuleusement respectés. Les Tayeb Brahim, Zeddour Brahim, Adda Brahim,Sahraoui Brahim et autres, dont le grand-père, un grand propriétaire terrien, avait construit une zaouïa à El- Gaâda (Sig), représentait dignement la tribu des Frayhia, pour ériger cet espace en un lieu de savoir, de lutte contre l’obscurantisme et de résistance à l’occupation étrangère.
C’est dans cet environnement singularisé par l’observation de l’esprit de l’authenticité, que se sont élevées la chahida Tayeb Brahim Cherifa dite Soraya et la moudjahida Tayeb Brahim Fatiha dite Djamila, deux sœurs résistantes, dont la mère Hadja Zineb et fille d’un érudit de la cité de la Mekerra si El-Bachir Zaoui les a davantage façonnées pour préserver la dignité et l’honneur de la famille. Elles restent parmi les premières moudjahidas de la région, après ces rencontres de formation politique dans ce petit atelier de couture de la regrettée Kheira Louahla.
Des rencontres et des contacts avec des militants de la région. Cherifa devient alors un agent de liaison au niveau de l’OCFLN, pour donner des assises à cette résistance urbaine, pour être ensuite arrêtée et emprisonnée au niveau du camp d’El-Malleh et de la prison d’Oran. À sa sortie, elle persévère dans la voie, pour être abattue curieusement juste après le cessez-le-feu, à l’âge de 23 ans. Un établissement éducatif et une rue portent aujourd’hui fièrement son nom.
Emboîtant le pas, l’histoire de la sœur cadette Fatiha reste encore passionnante pour relever la bravoure et l’engagement de cette femme qui a rejoint le maquis à l’âge de 15 ans. Recruté dans un cabinet médical privé détenu par un médecin d’origine juive, en l’occurrence Bensimon, elle a, d’abord, gagné la confiance de son employeur, pour ensuite se familiariser avec une pratique et apprendre les premiers soins. Une période courte fut suffisante pour que Fatiha s’empare d’un lot important de médicaments et d’un pistolet ,et rejoigne le maquis à l’aide d’une charrette transportant les légumes et fruits. Direction les monts de Dessala, pour intégrer le groupe des moudjahidine et activer au niveau de la Zone cinq. Un esprit de sacrifice jamais égalé de cette adolescente, qui fut, malheureusement, prise dans une embuscade dans la région de Tenira et grièvement atteinte, avant d’être évacuée à l’hôpital et incarcérée à la suite de son relatif rétablissement.
Les séquelles de ces profondes blessures pèsent encore sur l’état de santé de Fatiha, qui, à l’âge aujourd’hui de 81 ans, se rappelle de ses compagnons et ces épreuves douloureuses d’une révolution menée par tout un peuple. Même si elle reste évasive parfois, pour éviter de raviver les souvenirs lancinants d’une époque, elle manifeste toutefois une fierté d’avoir pris les armes, pour combattre la France coloniale. Aux générations montantes de s’imprégner des sacrifices consentis pour l’indépendance de cette Algérie et de s’inspirer de l’engagement des artisans de cette guerre de Libération, pour la préservation de ces acquis.
Même avec les séquelles et le poids de l’âge, Fatiha se considère comme privilégiée, pour avoir assisté à cette indépendance et pris part même à sa reconstruction. Elle a été fonctionnaire de la direction de la santé et assuré plusieurs mandats électifs à l’APC et à l’APW, activé dans les rangs de l’UNFA…
A. B.