
Le forum d’El Moudjahid a reçu, hier, un illustre invité qui n’est autre que Me Gilles Devers, avocat de la cause palestinienne. Son intervention passionnante a permis de nous éclairer sur les dernières nouvelles relatives à l’avancement de la plainte qu’il a déposée contre l’entité sioniste devant la Cour pénale internationale (CPI), pour génocide et crime de guerre.
Devant un parterre de journalistes, le spécialiste de la cause palestinienne, l’avocat Me Gilles Devers a été sans concessions envers les pays occidentaux qui assistent complices au génocide du peuple plestinien. Hier, au forum d’El Moudjahid, Me Gilles Devers a salué les actions menées par l’Algérie et son président Abdelmadjid Tebboune. «Les déclarations et l’appel du président Abdelmadjid Tebboune ont bousculé les consciences dans le monde», s’est-il réjoui avant de préciser que le collectif d’avocats et de magistrats n’est pas dans une posture d’affrontement avec le procureur général de la CPI mais dans un rapport constructif
«La complicité de l’Occident avec ces crimes est particulièrement inquiétante. Nous sommes accablés par les rapports nous provenant de la bande de Ghaza assiégée», a-t-il déclaré, ajoutant que la moitié des martyrs lâchement assassinés quotidiennement par l’occupant sioniste sont exclusivement des femmes et des enfants.
Abordant la démarche en cours à la Cour pénale internationale, Me Devers fera remarquer que jamais une procédure n’a aussi bien fonctionné malgré les premières déclarations consternantes du procureur général. « Nous sommes à la quatrième réunion de travail alors qu’à l’époque on refusé de nous recevoir en qualité d’avocat de la cause palestinienne», a-t-il souligné, précisant que la commission d’enquête de la CPI n’a, cette fois-ci, pas attendu la fin de l’agression barbare des sionistes pour agir. Dans cette droite ligne, cette commission a effectué des auditions des victimes dans plusieurs pays limitrophes de la Palestine occupée. «C’est un élément extrêmement encourageant et positif. Je suis en mesure de vous dire que la dernière conférence internationale d’Alger pour la justice pour le peuple palestinien a été très fructueuse car elle a contribué à accélérer les choses..
«Ruiner l’économie de l’occupant»
«Par ailleurs et depuis Alger, je vous annonce que nous sommes en train de travailler minutieusement sur notre prochaine plainte contre la colonisation d’El Qods. Cette démarche permettra de stopper l’exploitation économique et la vente des produits provenant des colonies sionistes», a-t-il mis en exergue, notant que c’est la même procédure qui a été utilisée dans le cas du Sahara occidental occupé et cela a bien fonctionné. «On a réussi par ce biais à suspendre plusieurs accords avec l’Union européenne et remettre en cause la présence illégale de firmes occidentales. Sur le plan de l’analyse juridique, le parallèle est donc bien établi entre Sahara occidental et Palestine occupés. «Dans les deux cas, il s’agit d’une colonisation et d’une occupation militaire illégale.
Ce que l’on a réussi avec le Front Polisario on peut le réussir pleinement avec l’Etat de Palestine. C’est-à-dire ruiner l’économie de l’occupant et rendre illégale toute présence étrangère qui soutient la colonisation.» Le plus grand acquis des démarches entreprises auprès de la justice internationale, insiste l’avocat, est le retour de l’Etat de Palestine dans le droit international qui nous octroie une base solide pour construire et ce, dans la mesure où les accords d’Oslo étaient un traquenard sur le plan du droit.
La plausibilité du crime de génocide reconnue par la CIJ
«La Palestine a ratifié le statut de la CPI en 2015 et a déposé plainte en mai 2018 en transférant sa compétence juridique à la cour», a-t-il précisé, indiquant que suite à une procédure, qui s’est déroulée entre 2020 à 2021, la CPI a statué sur le fait que la Palestine est un Etat qui est souverain sur Ghaza, la Cisjordanie et El Qods-Est. « La cour a par conséquent tranché sur le fait que l’Etat de Palestine est en droit de lui transférer sa compétence juridique.»
Après avoir rappelé que le procès par contumace n’est pas une prérogative de la CPI, il a rassuré l’auditoire en mettant en exergue que cette spécificité renforce le rôle du mandat d’arrêt international. «L’ordonnance du 26 janvier dernier de la Cour international de justice (CIJ) a engendré une fissure qui ne cessera de s’agrandir. Les pays occidentaux auront de plus en plus de mal à soutenir l’occupant. En effet, la CIJ reconnaît et valide l’argumentaire de la plausibilité du génocide.» Cette décision historique renforce, insiste-t-il, la procédure judiciaire en cours auprès de la CPI. La CIJ dans son ordonnance a retenu quatre critères sur cinq du crime de génocide. Entre autres, la destruction massive des populations, la provocation de souffrances physiques et mentales et la destruction des conditions de vie. «D’autre part, nous avons pu répertorier plus de 450 références des Nations unies sur les attaques contre les structures sanitaires avec plus de 180 attaques sur les hôpitaux et l’assassinat de 150 fonctionnaires onusiens relevant de l’UNRWA par l’entité sioniste », a-t-il confié avant de rappeler que le 08 octobre le premier bâtiment frappé par l’occupation sioniste n’était autre que le planning familial de Ghaza qui suit la grossesse de plus de 70.000 femmes. «Tout un dossier volumineux a été également constitué par nos soins composés de plusieurs chapitres relatifs, entre autres, à l’atteinte à la dignité humaine, l’atteinte à la dignité des morts avec le ciblage délibéré des cimetières, l’attaque contre les boulangeries pour affamer les populations ainsi que l’atteinte contre les prisonniers soit une violation claire de la quatrième convention de Genève sur les prisonniers de guerre qui constitue un crime selon le statut de la CPI.» Enfin, l’avocat de la cause palestinienne persiste et signe : «La justice finira par triompher et contribuera de concert avec la pression des opinions publiques à définitivement mettre fin à un autre mythe, celui de l’impunité de l’entité sioniste. Les Etats vont donc inévitablement prendre leur distance avec ce régime fasciste. De plus, j’estime que dans un délai ne dépassant pas les deux ans, la CIJ rendra son verdict définitif sur le débat de fond qui concerne la qualification génocidaire de l’agression.»
Sami Kaidi
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«Nous vivons un grand tournant historique»
Qui mieux qu’un expert reconnu en droit international, fervent défenseur de la cause palestinienne et éminent avocat pénaliste inscrit au barreau de la Cour pénale internationale, peut rétablir la vérité sur un peuple martyrisé et massacré depuis des années ? Qui mieux qu’un spécialiste aguerri, en lutte contre l’injustice, peut enfin rendre justice à la Palestine, qui vit de terribles souffrances, de l’hégémonie dévastatrice de l’entité sioniste et du silence international assourdissant qui entoure ses crimes de guerre ?
C’est à cette noble et lourde tâche que s’attelle l’avocat et docteur en droit, Gilles Devers, qui compte à son actif bon nombre de victoires à l’international. Cet avocat pénaliste qui maîtrise le droit international mieux que personne, a déjà permis au front Polisario de remporter de décisives victoires contre l’occupant marocain au niveau de la cour de justice européenne. Il est l’auteur et l’initiateur de la plainte contre l’entité sioniste pour génocide, et pas seulement pour crime de guerre ou crime contre l’humanité. Cette plainte, historique et importante à la fois, a été déposée au niveau de la Cour pénale internationale (CPI) en date du 9 novembre courant.
Aujourd’hui, on compte un collectif de 100.000 avocats représentant les Ordres professionnels de Tunisie, de Palestine, d’Algérie, de Jordanie, de Mauritanie et depuis peu de Libye, qui ont pris part à l’action judiciaire engagée devant la Cour pénale internationale (CPI) contre l’entité sioniste pour les crimes de génocide, contre l’humanité et de guerre.
Pour le juriste défenseur de la cause palestinienne, cette procédure de justice a une nouvelle configuration jamais vue jusqu’à présent et «nous vivons un grand tournant historique s’agissant de la cause palestinienne», dira-t-il.
Me Devers affirme qu’«aujourd’hui, au sein des opinions publiques en Europe, il y a une prise de conscience que la victime est bel et bien le peuple de Palestine. Et que celui-ci est au moins victime de crimes de guerre».
Très sûr de sa démarche, Me Devers balaye d’un revers de main le mythe lié à l’impunité de l’entité sioniste dans ses crimes. Pour lui, en effet, la situation est en train de changer du tout au tout. L’avocat dit fonder son espoir sur la justice. «C’est la justice qui donne la légitimité d’interpeller le politique pour qu’il bouge, et prenne les sanctions nécessaires contre l’Etat de l’entité sioniste (ndlr).
La justice est le levier et l’aboutissement de ces sanctions souhaitées, et pour lesquelles nous œuvrons tous. Mais ce processus juridique nécessite un long travail de fond.»
«Nous savons qu'il existe beaucoup de pressions sur le bureau du Procureur de la CPI notamment des pressions de nature financière, venant des contributeurs de la Cour. Mais la Palestine c'est l'incarnation de la résistance et si cette résistance passe par une procédure plus longue, nous sommes prêts à le faire peu importe les chantages et pressions» conclut l’invité du forum.
Farida Larbi