investissement Algérie - UE : Le socle d’un partenariat stratégique

Ph.:B.B
Ph.:B.B

La délégation de l'Union européenne en Algérie, en collaboration avec l'Agence algérienne de promotion de l'investissement (AAPI) et le ministère des Affaires étrangères, a tenu, hier, la conférence de clôture du projet «Partenariat euro-algérien pour l'investissement durable», à l’hôtel Sheraton, Club-des-Pins, Alger.

Cet événement a marqué une étape décisive dans la construction d’un partenariat stratégique entre l’Algérie et l’Union européenne en matière d’investissement. Cette conférence de haut niveau a réuni plusieurs personnalités de premier plan : des experts, des représentants du secteur privé, de la recherche, de plusieurs ministères et de missions diplomatiques ont pris part à la rencontre. L’événement a permis de dresser un bilan des deux années d’activités du projet-pilote, lancé en 2023, dont l’objectif était d’initier un partenariat ambitieux entre l’Algérie et les pays européens. Ciblant les secteurs à fort potentiel pour les investissements directs européens, le projet a favorisé la promotion de l’Algérie comme destination d’investissement à travers 14 missions organisées en Europe. Cette démarche a permis de mettre en lumière les nombreuses opportunités d’un partenariat renforcé, d'un potentiel inexploité du partenariat entre l'Algérie et l'Europe, alors même que l’Europe demeure le premier partenaire économique et investisseur en Algérie. Cette conférence, intitulée «Algérie - UE : Nouvelles dynamiques d’investissement et perspectives de coopération dans un monde en mutation», a permis des échanges qui ont mis en avant des recommandations concrètes, pour améliorer le climat des affaires en Algérie et encourager les IDE dans les secteurs productifs créateurs d’emplois et de valeur ajoutée. Au cœur de cette dynamique s’inscrit le « Nouveau Pacte pour la Méditerranée », désormais porté par la Commissaire européenne pour la Méditerranée, Dubravka Šuica. Cette nouvelle feuille de route entend approfondir la coopération avec les voisins du Sud sur des enjeux structurants : investissements durables, transition énergétique, résilience climatique, sécurité, mobilité et culture. Le projet « Partenariat Euro-Algérien pour l’investissement durable » a également permis la mise en place d’un groupe d’experts algéro-européens. Les objectifs de ce projet s’articulent autour de cinq axes principaux. Il s’agit tout d’abord de la mise en place d’un groupe d’experts économiques algéro-européens, chargé d’entretenir un dialogue permanent et de produire des études conjointes sur les opportunités de coopération et d’investissement : l’organisation régulière d’évènements dédiés aux relations économiques entre l’Algérie et les pays européens ; l’identification de secteurs et de chaînes de valeur en Algérie présentant un fort potentiel pour les investissements directs étrangers (IDE) européens ou pour des opérations de délocalisation ; la promotion de projets concrets d’IDE ou de délocalisation, à travers un accompagnement ciblé des investisseurs et enfin, le développement d’outils d’information sur l’environnement d’investissement en Algérie. Ce projet s’inscrit pleinement dans les réformes structurelles engagées par l’Algérie en vue de diversifier son économie et d’attirer davantage d’investissements.

S. B.

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Pièce centrale du partenariat euro-méditerranéen : l’Algérie Resserre ses liens avec l’UE

C’est dans un contexte international marqué par de profondes mutations que Stefano Sannino, directeur général de la DG MENA à la Commission européenne, a salué hier la réussite du projet Sustainable Investment Partnership (SIP), qu’il qualifie de « réussite exemplaire de la coopération entre l’Union européenne et l’Algérie ». Face à la fragmentation du commerce mondial, accentuée par les récentes tensions tarifaires prises par les États-Unis, l’Union européenne entend resserrer ses liens avec ses partenaires de proximité. C’est dans cette logique que s’inscrit l’Algérie, présentée comme « une pièce centrale du partenariat euro-méditerranéen », et un acteur stratégique pour la relance d’un agenda commun de prospérité. Stefano Sannino a indiqué que l’Union européenne demeure, de loin, le premier partenaire économique et investisseur en Algérie, soulignant la « solidité de cette relation mais aussi son fort potentiel pour l’avenir ». Le haut responsable européen a insisté sur la nécessité d’ancrer ce partenariat dans « un cadre commercial fondé sur des règles claires et prévisibles ». Saluant les résultats concrets du projet SIP — 14 roadshows organisés en Europe, plus de 250 entreprises rencontrées, et la création d’un groupe d’experts algéro-européen —, il a appelé à capitaliser sur ces acquis pour construire, ensemble une feuille de route partagée pour l'investissement en Algérie. La clôture du programme marque en effet le point de départ d’une nouvelle étape, avec la préparation d’un programme de jumelage avec l’AAPI, prévu pour 2026. Celui-ci visera à améliorer le climat des affaires, attirer de nouveaux investissements européens, faciliter le commerce bilatéral et soutenir l’accès des entreprises algériennes au marché européen. Autre priorité : le développement de Zones économiques spéciales, de Partenariats Public-Privé et la mobilisation des financements européens.

S. B.

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Omar Rekkache, DG de l'AAPI : « L’heure est à l’action »

A ce propos, Omar Rekkache, DG de l'AAPI a affirmé que le partenariat entre l’Algérie et l’Union européenne amorce une nouvelle étape, marquée par la volonté partagée de « dépasser les phases de diagnostic et d’études pour s’engager résolument dans l’action ». Soulignant que cette dynamique renouvelée doit désormais se traduire par « des projets concrets contribuant à la création de valeur ajoutée, à la création d’emplois et au renforcement de la compétitivité de l’économie et des intérêts des deux parties ». Il a également souligné que la construction d’un partenariat stratégique dans le domaine de l’investissement entre les deux parties « n’est plus un choix mais une nécessité, notamment à la lumière des profondes mutations géoéconomiques que connaît le monde, lesquelles imposent une intensification de la coordination, une complémentarité accrue ainsi qu’une orientation des investissements vers de nouveaux horizons favorisant le développement durable », mettant en avant les potentialités économiques de l’Algérie qui « en font une destination privilégiée pour l’investissement dans ce contexte de transformation ». À cet effet, M. Rekkache a réaffirmé « l’engagement total de l’organisme qu’il préside à fournir l’accompagnement et le soutien nécessaires à la concrétisation des investissements productifs, dans un climat marqué par la transparence, l’efficacité et la rapidité de traitement ». Concernant le projet en question, le responsable l’a considéré comme « un espace important pour le dialogue, la réflexion stratégique et l’action sur le terrain pour renforcer davantage le partenariat ».

S. B.

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Toufik Djouama : DG général Europe, au ministère des AE : « en deçà des attentes »

Le projet de partenariat pour un investissement durable entre l’Algérie et l’Union européenne, lancé en 2023, a pris fin à Alger dans une atmosphère empreinte d’ambition partagée. À l’occasion de la cérémonie de clôture, Toufik Djouama, directeur général Europe, au ministère des Affaires étrangères, a exprimé la vision de l’Algérie pour une coopération plus équilibrée et plus dynamique avec ses partenaires européens. S’exprimant au nom de son département, coordinateur du partenariat avec l’Union européenne, il a salué l’esprit de cette initiative, visant à renforcer l’orientation des flux d’investissements européens vers l’Algérie et à bâtir une coopération fondée sur des intérêts mutuels de stabilité et de prospérité partagée sur les deux rives de la Méditerranée. Il a rappelé que l’accord d’association signé entre l’Algérie et l’Union européenne, en 2002, constitue le cadre légal et institutionnel de la relation bilatérale, intégrant un volet essentiel dédié à l’investissement. Mais il a aussi dressé un constat lucide : «Le niveau des investissements européens en Algérie reste malheureusement en deçà des attentes.» Pour Toufik Djouama, «il est impératif de travailler ensemble à encourager les investissements européens en Algérie», dans le respect des priorités économiques nationales et de la vision européenne de développement partagé en Méditerranée.

S. B.

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Kamel Moula, président du CREA : «Pour un partenariat gagnant-gagnant»

Le président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), Kamel Moula, a affirmé, de son côté que « le partenariat entre l’Algérie et l’Union européenne doit être fondé sur le principe gagnant-gagnant », ajoutant que « la décision de l’Algérie de revoir l’accord avec l’Union européenne doit s’inscrire dans un processus transparent et clair, comme l’a affirmé le président de la République ». Il a souligné que « la concertation et la négociation constituent les fondements d’une communication efficace et durable », et a réaffirmé l’engagement du CREA : « Le Conseil du renouveau économique algérien est déterminé à accompagner les entreprises européennes souhaitant investir en Algérie et à leur fournir tous les moyens de soutien nécessaires. » En marge de l’événement, Kamel Moula a enfin révélé que « 53 entreprises européennes ont exprimé leur volonté d’investir en Algérie », soulignant l’intérêt croissant du continent pour les opportunités offertes par le marché algérien.

S. B.

Multimedia