Hommage - Abdelhamid Mehri, militant, moudjahid et pédagogue : Un homme pétri de valeurs

Un vibrant hommage a été rendu, jeudi, dans le cadre de notre Forum de la mémoire, organisé en collaboration avec l’association Machaâl Echahid, au militant de la cause nationale, Abdelhamid Mehri, homme politique de conviction, intellectuel et éducateur d’une grande probité morale.

Dans sa communication, l’ancien ministre, Ali Benmohamed, a mis l’accent sur les efforts déployés par le défunt pour que la langue arabe reprenne sa place dans notre système éducatif par le truchement de mesures diverses qu’il a prises en sa qualité de S.G. au ministère de l’Education nationale, dirigé à l’époque par le regretté Abdelkrim Benmahmoud.  Ce dernier l’avait chargé de dresser un organigramme à l’effet de restructurer l’administration centrale du secteur.
 C’était un pédagogue averti, qui a puissamment contribué à l’émergence et à la consolidation du système éducatif et d’enseignement dans notre pays.
Il s’était signalé par le traitement de trois problématiques qu’il fallait impérativement régler. S’inspirant des modèles égyptien et syrien, consistant à dissocier le cycle moyen du secondaire,  il avait créé la fonction de professeur d’enseignant moyen (PEM) et professeur d’enseignement secondaire (PES). Le procédé avait réussi à telle enseigne que les pouvoirs publics français s’en sont inspirés dans une très large proportion, avait affirmé Benmohamed. En second lieu, il fallait trouver une solution à la question de l’arabisation qui se posait avec insistance. 
Pour cela, Mehri avait opté pour  une arabisation ponctuelle, autrement dit, enseigner aux écoliers, à partir de la 3e année primaire, les mathématiques en arabe, si bien, qu’après quelques années, le tiers des élèves fut arabisé sans faire l’impasse sur la langue française qui conservait toute sa place. La question de l’obligation scolaire aura été un autre obstacle à surmonter. Il y fut  remédié en 1976. Cette obligation fut instituée lors de la mise en place de l’école fondamentale, a-t-il conclu.
Lhachemi Athmani, proche collaborateur de Mehri, a évoqué une autre facette du défunt, à savoir son parcours en tant que personne, maîtrisant plusieurs langues, ayant exercé précocement et longtemps, le métier de journaliste depuis le début de son militantisme. 
Il dira qu’Abdelhamid Mehri avait exercé au sein du journal Al Manar, et en 1956, il fut chargé de la rédaction en arabe de la publication de l’UGTA.  En tant que représentant du FLN, à l’étranger, il écrivait dans les journaux syriens. Il fut également correcteur au journal An Nasr. 
Mehri avait la particularité de suivre toutes les évolutions de la technologie des médias et se faisait remarquer par un excellent esprit de synthèse, ce qui lui permettait de transmettre le message avec concision et efficacité, a rappelé Lhachemi Athmani, n’omettant pas de dire qu’il se manifestait par un sens aigu de l’honnêteté, refusant avec obstination les avantages indus.  Abdelhamid Mehri est né en avril 1926 . Il est décédé le 30 janvier 2012, à l’âge de 85 ans  à Alger. 
Il s’engage dans les rangs du Parti du peuple algérien (PPA) puis du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) dans lequel il est membre du comité central.
Arrêté en novembre 1954, il reste en prison jusqu’en avril 1955. Quelques mois plus tard, il est désigné au sein de la délégation extérieure du Front de libération nationale et occupe le poste de membre du Conseil national de la révolution algérienne, puis celui de membre du Comité de coordination et d'exécution. À la constitution du Gouvernement provisoire, il occupe le poste de ministre des Affaires nord-africaines dans la première formation et celui de ministre des Affaires sociales et culturelles dans la deuxième.
De 1979 à 1980, il est ministre de l'Information et de la Culture, puis de 1984 jusqu’en 1988,  nommé ambassadeur d'Algérie à Paris. De 1988 à 1996, il est secrétaire général du FLN.
 
M. B. 
 
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Nadir Boulegroun :
«Un grand défenseur des constantes nationales»
 
Le SG du FLN, Abdelkrim Benmbarek, a assuré que Mehri était un homme de positions et de convictions et un farouche défenseur des constantes nationales. Dans un message lu en son nom par Nadir Boulegroun, il a souligné qu'il a été toujours humble et modéré, faisant prévaloir l'amour de la patrie et le sacrifice au-dessus de toutes autres considérations, qualifiant le défunt de personnalité «mythique».
Rappelant son parcours de militant qui remontait à l’époque où il avait rejoint le mouvement national et le GPRA, le SG du FLN a salué la résistance de Mehri à toutes les formes de répression provenant du colonialiste français et fait savoir que cet homme a adhéré au Parti du peuple algérien pour devenir membre du Comité central avant d'être arrêté et emprisonné en 1954. «Il avait ensuite occupé de hautes fonctions de responsabilités d’abord au sein du GPRA, le Gouvernement provisoire de la République algérienne puis au sein de l’Etat, après l’indépendance. Il était ambassadeur en France et au Maroc et représentant de l'Algérie à l'Unesco», a-t-il relevé avant de souligner certains aspects personnels et historiques du moudjahid, ses vertus, sa grande sagesse et son militantisme au service de l'Algérie. «Mehri restera un personnage historique de premier plan», a-t-il soutenu.
 
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Hamma Chouchane, représentant du président du Conseil de la nation :
«Une figure marquante du mouvement national»
 
Représentant de Salah Goudjil, président du Conseil de la nation, le moudjahid Hamma Chouchane a souligné que Mehri est une figure «marquante» du mouvement national des années 1940 en s’engageant «très tôt» dans la lutte pour l’indépendance pour rejoindre le Front de libération nationale (FLN) au lendemain du déclenchement de la guerre d’indépendance, le 1er Novembre 1954. «Ses aptitudes en font, dès 1958, un ministre du GPRA. À ce titre, il avait participé aux négociations d’Évian et au lendemain de l’indépendance, il se met en retrait de la vie politique et opte pour le travail utile et efficace», a-t-il noté.
Chouchane a mis l'accent sur la nécessité de préserver notre mémoire, notamment pour les nouvelles générations et insisté sur l'importance de se «remémorer l'histoire héroïque» de l'Algérie et de «valoriser son legs révolutionnaire», affirmant que la lutte du peuple algérien pour l'indépendance et contre l'impérialisme comptait parmi les questions «cruciales» sur la scène politique durant le 20e siècle. «Le parcours révolutionnaire héroïque du peuple algérien, a-t-il poursuivi, dénote une dynamique et une bravoure exceptionnelle de par le monde.» 
 
Zine Eddine Gharbi 
 
 
 

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