Forum de la mémoire d’El Moudjahid : Le ballon rond, l’autre arme de la Révolution

ph. T. Rouabah
ph. T. Rouabah

Tout le monde s’accorde pour affirmer que le sport algérien durant la période coloniale, à l’instar des partis, associations, mouvements de jeunesse, a joué un éminent rôle dans la mobilisation et la conscientisation de la jeunesse algérienne et a fortement enraciné dans son esprit, les idéaux et les objectifs d’un nationalisme, dont les efforts sont viscéralement déployés vers l’indépendance et le recouvrement de notre souveraineté.

Le tandem sport et éveil des consciences aura remarquablement apporté sa pierre à l’édifice, pendant cette longue nuit coloniale, opérant une rupture manifeste entre ceux que l’on désignait avec une bonne dose de mépris et d’arrogance, «les indigènes», et les membres d’une communauté usurpatrice européenne. Le sport a permis le passage de l’individu ségrégué, marginalisé, outrageusement colonisé, à un acteur de l’histoire. Dans différentes spécialités, à l’image du football, de la boxe, du cyclisme, de l’athlétisme, de la gymnastique, des sportifs algériens ont fait de grands sacrifices et beaucoup ont payé de leur vie leur engagement envers la patrie.
À l’appel du Front de libération nationale, tant d’athlètes se sont révélé d’ardents patriotes, répondant aux dirigeants de la Révolution qui avaient jugé nécessaire de mener la lutte sur le plan sportif.
Rabah Zeghdane, spécialiste du mouvement national, et du mouvement sportif, a, hier, rendu un vibrant hommage aux sportifs tombées au champ d’honneur, dans le cadre de notre Forum de la mémoire, en collaboration avec l’association Machaâl Echahid.

Des buts qui ont marqué l’opinion internationale

Il a d’abord salué la décision de l’État, pour avoir institutionnalisé la célébration, chaque 18 février, de la Journée nationale du chahid, consacrée comme fête nationale. C’est une des dates historiques les plus significatives de notre histoire contemporaine et c’est le socle pour la pérennisation de la mémoire collective, pour se remémorer les sacrifices de nos chouhada qui ont mis leur idéal de liberté au-dessus de tout. L’Algérie indépendante a su leur être reconnaissante : stèles, plaques commémoratives et sanctuaires sont érigés à travers tout le territoire, symbolisant la survivance de ceux qui ont choisi l’honorable voie du martyre.
Quand on parcourt les nombreuses listes consignant les noms de ceux qui sont morts pour l’Algérie, déclare le conférencier, on ne peut s’empêcher d’exprimer un indicible sentiment de fierté à leur égard.
À titre d’évocation non exhaustive, il dit que le chahid Didouche Mourad figurait parmi les athlètes du Rama, que Souidani Boudjemaâ jouait à l’Espérance de Guelma, le martyr Rouibah a créé l’USMB, celle-là même qui a vu succomber héroïquement 47 de ses sportifs les plus méritants, le SAS de Sétif n’était pas en reste, il a compté des chouhada dans ses rangs.
À Béjaïa, dans l’ouest de l’Algérie, Cherchell, sans oublier la citadelle de La Casbah, où furent fondés le MCA, l’USMA, on dénombre des martyrs, à l’image de l’équipe d’El-Harrach.
En bref, ce sont des cohortes de sportifs au dévouement incomparable qui ont été des révolutionnaires exemplaires, des combattants courageux. Dans l’impossibilité de communiquer tous les noms de ces sportifs, il faut, toutefois, rappeler qu’avant le déclenchement de la Révolution de 1954, des sportifs sont tombés au cours des massacres du 8 Mai 1945, dit-il.
Le conférencier a évoqué la contribution des clubs et des associations à l’époque coloniale, soulignant, entre autres, le rôle du cheikh Abdelhamid Benbadis, d’El-Okbi et de Larbi Tébessi, de l’association des Ouléma musulmans d’Algérie.
Rabah Zeghdane a indiqué que les footballeurs algériens activant dans les clubs français ont répondu à l’appel de la Révolution, faisant connaître la cause nationale dans tous les matchs qu’ils ont disputés dans les plus grands stades arabes, asiatiques et autres.

Ils ont rejeté le confort de la notoriété

Cette équipe du FLN s’est particulièrement illustrée en étant le porte-voix d’une lutte pour la dignité et la fin du diktat colonial.
Des footballeurs professionnels, rejetant le confort et la notoriété, évoluant dans des clubs huppés, ont écrit en lettres d’or ce que fut une véritable saga sportive.
Par ses prestations de haute facture, elle a émerveillé les publics de Tunis, de Pékin, de Hanoï, de Tripoli, de Rabat, de Prague, de Damas et dans d’autres contrées, accomplissant avec panache, la mission de messagère de la cause algérienne et médiatisant avec brio l’engagement de tout un peuple.
Circonstance douloureuse oblige. Rabah Zeghdane ne pouvait s’empêcher de fustiger l’ignominie sioniste à Ghaza et dans toute la Palestine, de stigmatiser les crimes abjects de cet entité hors la loi, soulignant avec force et fermeté, les liens fraternels et militants qui unissent le peuple algérien et le peuple palestinien.
Pour notre part, il est certain que le mouvement sportif algérien, depuis son émergence et son essor, est en droit de requérir auprès de nos chercheurs et de nos historiens, un surcroît d’intérêt, de multiplier les études et les publications, pour démontrer combien le sport est apte, pour ce qui le concerne, à cimenter l’unité et la cohésion de la société.

M. B.

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