Forum de la mémoire d’El Moudjahid - Hommage à la glorieuse équipe de football du FLN : Une digne représentante de l’Algérie combattante

Ph. T. Rouabah
Ph. T. Rouabah

Dans l’esprit de beaucoup de sportifs, de citoyens, la glorieuse équipe du FLN fut la première formation sportive à prendre part à la lutte pour l’indépendance, en répondant massivement à l’appel du FLN.

Convenablement médiatisée, les Algériens ont pu prendre connaissance de ses exploits dans les différents pays où elle a eu le privilège de représenter dignement notre nation, en guerre contre le colonialisme français. Or, l’histoire démontre qu’une autre formation, en l’occurrence, l’équipe nationale de l’ALN, avait su, elle aussi, honorer son devoir patriotique, n’hésitant pas à sillonner le Maghreb et le Machrek, pour les besoins de la cause. 
A cet égard, Rabah Zeghdane, spécialiste du mouvement national, et du mouvement sportif a, hier, retracé brièvement, dans le cadre du forum de la mémoire initié par le quotidien El Moudjahid, en collaboration avec l’association Machaâl Echahid. son parcours, et évoqué les circonstances de sa création.
Le conférencier a eu le mérite d’être le seul chercheur à s’être intéressé à cette équipe en lui consacrant une étude en 1982. Il s’est efforcé dans le même temps de mettre l’accent sur la mobilisation active des sportifs, en particulier les footballeurs, aux heures les plus glorieuses de notre révolution.
 
Une pionnière
 
L’équipe de football de l’ALN fut la première à fouler les terrains, vêtue du maillot blanc, vert et rouge, lors d’un tournoi international en hommage à la moudjahida Djamila Bouhired, condamnée, alors, à la peine de mort par le pouvoir colonial. 
En effet, c’est en 1957, le 1er mai, qu’une joute sportive se déroula à Tunis, regroupant le pays hôte, la Libye, l’Algérie combattante et une formation marocaine où évoluait le célèbre Larbi Benbarek. C’est durant cet évènement que l’idée de créer une équipe de l’ALN a pris corps dans l’esprit des responsables du FLN. Cette équipe était constituée d’un groupe d’étudiants de combattants de l’ALN et de trois footballeurs. Deux ou trois mois après, les dirigeants du FLN s’étaient réunis dans la capitale tunisienne, après qu’ils furent intimement convaincus que le sport pouvait conférer à la révolution un grand écho.
Salah Saidou, joueur du CSC, fut chargé d’entraîner cette équipe de 32 joueurs. L’initiative fut couronnée de succès. L’équipe de l’ALN s’est brillamment comportée en gagnant toutes ses rencontres, défendant avec brio, l’honneur de représenter l’Algérie. 
Une équipe qui regroupait dans ses rangs, les Ali Doudou, Nemir Chebli, Kahlaoui, Sellami Lamri, Mustapha Stiti, Mustapha Bastandji, Lakhdar Laib, Lazhar Boulehbal, Saadi Abdelkader, Ghrieb Abderrahmane, Djebrani Ammar, Sassi Benatia, Abderrahmane Chouchane, Lazhar Cheriet, Bonsaïd Mohamed, Abdelkader Blidi, Omar Guelmi, Messaoud Diab, Zerrar Abdelkader, Rebih Abdelkrim, dit Krimo, Abderrahmane Moussaoui. Elle a porté haut l’emblème national en jouant plusieurs matchs, notamment en Libye, Tunisie, Egypte, Irak, Syrie, Jordanie. Honorable devancière de l’équipe du FLN, elle avait fait du combat, sur le plan sportif, un solide appoint à la lutte pour l’indépendance. 
Pour Zeghdane, le sport était mobilisé, ainsi que les organisations culturelles, les Scouts, avant et pendant la révolution, pour affirmer notre existence en tant que peuple jouissant de sa personnalité, d’un patrimoine ancestral, d’une histoire millénaire. C’était en quelque sorte un sport de décolonisation. Des clubs ont vu le jour, à l’exemple du MCA, du CSC et d’autres sous les vocables de Mouloudia ou d’Union sportive musulmane.
 
Mohamed Bouraib

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La jeunesse, pilier du nationalisme

Rabah Zeghdane s’est saisi de cette occasion pour mettre en valeur l’apport de la jeunesse algérienne, en tant que force d’avant-garde révolutionnaire qui a émergé, politiquement et culturellement, dès les années 20, consciente de la portée de son rôle et de sa mission. Il lui a rendu hommage, tout en insistant sur la nécessité de mettre la lumière sur son engagement sur tous les fronts. 
Les acteurs du mouvement national, les SMA, sous la direction du chahid Bouras, à l’instar de l’Emir Khaled, Messali Hadj, Abdelhamid Benbadis, Bachir El Ibrahimi, Ferhat Abbas, ont focalisé leurs efforts dans la concrétisation de revendications axées sur l’existence d’une patrie algérienne devant s’affranchir du diktat colonial. 
Il conclura en affirmant que le 1er novembre 1954 est la quintessence d’une longue période de maturation d’une conscience nationale durant les phases antérieures de contestations et de résistance au système colonial depuis 1830.
 
M. B.
 
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Ils ont dit : 
 
Propos recueillis par Zine Eddine Gharbi
 
Abdelhamid Rabia, comédien et réalisateur :
«Le sport a joué un grand rôle durant la révolution algérienne»
 
«Le sport a grandement contribué durant la guerre de Libération, comme l’a souligné d’ailleurs M. Zeghdane dans ses témoignages sur l’équipe de football de l’ALN. D’ailleurs, les politiques sont de plus en plus conscients du rôle du sport dans la défense des intérêts d’une cause ou d’une nation. Le sport est même un moyen efficace de s’ériger en rempart contre un ennemi, à l’instar de la culture. On peut citer la troupe artistique du FLN qui avait hissé haut le drapeau algérien, là où elle allait. Cette équipe de l’ALN a joué un rôle crucial dans la naissance de la formation du FLN, un an après sa création, tout en mettant en œuvre un plan d’action très efficace afin de lutter contre le colonialisme.»
 
Tahar El Hocine dit ‘’Aami Tahar’’, Moudjahid : 
«L’indépendance était le seul leitmotiv du peuple algérien» 
 
«En 1958, De gaule est venu à Alger. Nous étions à la wilaya 4 avec le défunt Boualem Oussedik qui avait écrit sur une banderole ‘’Avec un Goal ou deux goal, le but de l’indépendance sera réalisé’’. Les Algériens étaient tous déterminés à arracher à tout prix l’indépendance. D’ailleurs, l’équipe de football de Cherchell a été une grande équipe, mais malheureusement aucun joueur n’a survécu à l’indépendance. Ils étaient 15 footballeurs dont le commandant Lakhdar Bouchemaa qui a été exécuté. Je considère que ces hommes ont tout donné pour que l’Algérie soit libre et en paix.»  
 
Hadj Mourad, moudjahid:  
«Le sport était comme une culture»
 
«Le sport, à l’époque coloniale, était comme une culture. L’équipe de l’ALN était appelée le Onze de l’indépendance. Les joueurs étaient tous des professionnels qui ont joué en France. Ils ont, par la suite, contribué à la naissance de l’équipe du FLN. Ils ont hissé le drapeau algérien à travers le monde entier, tout en plaçant l’image et la cause algérienne parmi leurs priorités. Cette équipe de l’ALN avait remporté la coupe Djamila Bouhired au mois de mai 1957 à Tunis. Je peux vous dire que les équipes de foot de l’ALN et du FLN ont fait avancer la révolution à hauteur de 40 %.»
 
Z. G.

 

 

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