
«L’introduction en Bourse de deux banques publiques, le CPA en 2024, la BDL et la start-up Moustachir en 2025, a réveillé la Bourse d’Alger. Les rendements offerts par le marché boursier sont beaucoup plus intéressants que ceux qui existent au niveau de la place financière.» C’est ce qu’a indiqué, d’emblée, le directeur général de la Bourse d’Alger, M. Yazid Benmouhoub, invité hier du Forum d’El Moudjahid.
En ce qui concerne le bilan 2024 de la Bourse d’Alger, le responsable a souligné que, depuis la création de la Bourse, l’année précédente a été la plus performante en matière de résultats, notamment grâce à l’entrée du CPA, qui a permis à la capitalisation boursière d’augmenter de 72 milliards de DA à 522 milliards de DA, ce qui représente une «énorme» progression de 662%. L’introduction de cette banque en Bourse a également permis à la valeur transigée (les montants échangés sur le marché) d’augmenter de manière «significative», atteignant 2,7 milliards de DA, soit une hausse de 447% sur un an, selon M. Benmouhoub. Le conférencier s’est réjoui du succès retentissant de ces introductions, tant elles ont suscité un fort engouement, dépassant toutes les prévisions, notant que les souscriptions enregistrées dans ce cadre témoignent de l’intérêt croissant des investisseurs et d’un intérêt sans précédent des particuliers. Premier établissement public à rejoindre la place d’Alger, le CPA, avec la levée de 112 milliards de dinars, a multiplié par sept le niveau de la capitalisation boursière, à plus de 531 milliards de DA. Soit un record, a-t-il dit, avec satisfaction. Ce résultat positif confirme le succès des efforts menés pour ancrer une culture boursière et renforcer l’inclusion financière en Algérie. Et cela offre de nouvelles perspectives de croissance à ces entreprises. Ces introductions en Bourse, a-t-il souligné, ouvre des horizons prometteurs à ces entreprises et engage la Bourse à renforcer la modernisation de ses services, notamment dans le cadre d’une stratégie de digitalisation et à financer des projets, en contribuant activement à la croissance économique du pays. Le DG de la Bourse d’Alger a mis le doigt sur l’importance cruciale de la synergie entre le marché financier et le monde bancaire, pour une complémentarité nécessaire à la promotion de l’investissement et à la croissance. Aux yeux du DG de la Bourse d’Alger, ces introductions ont permis à la Bourse d’Alger de franchir une étape décisive dans son développement et ouvre une nouvelle ère pour l’économie algérienne. Benmouhoub se dit convaincu que la Bourse d’Alger peut être une alternative sérieuse dans le financement des entreprises, qu’elles soient privées ou publiques. Cela veut dire aussi que la Bourse peut être un acteur majeur dans ce qu’on appelle l’inclusion financière, de capter de l’argent qui est thésaurisé par les ménages et pourquoi pas l’argent qui serait en circulation en dehors du circuit bancaire. Les facilitations et les incitations fiscales mises en place pour encourager les entreprises, privées ou publiques, à ouvrir leur capital en Bourse, devraient dans ce sens être saisies. Un programme ambitieux d’accompagnement des start-up issues des universités est également déployé, a-t-il ajouté. Il a également énuméré plusieurs défis qui restent à relever, pour que le marché financier atteigne son plein potentiel. Parmi ces défis, la nécessité d’améliorer la liquidité du marché. L’élargissement de l’offre boursière, notamment par l’introduction d’entreprises privées et de PME, pourrait contribuer à rendre ce marché plus attractif et plus dynamique. Une société cotée en Bourse, c’est un gage de sécurité et de transparence qui va permettre de pouvoir s’introduire dans les marchés à l’international de manière facile. Cette dynamique a suscité un plus grand intérêt de la part des chefs d’entreprises. «C’est pour cela que nous avons rencontré de manière officielle 2 entreprises qui se préparent pour une ouverture de capital sur le marché de titres de capital. La société Ayrad, qui est aussi une jeune entreprise dans le domaine des technologies, veut investir dans la création de ce qu’on appelle des serveurs pour la Data et aussi l’intelligence artificielle. Elle envisage l’introduction en Bourse et qui a d’ailleurs engagé le processus par une évaluation ; elle va arriver très bientôt pour déposer sa demande de visa auprès de la Cosob. L’autre entreprise qui est dans le secteur de la pharmacie, Pharma Invest, envisage aussi de faire une levée de fonds. Il n’a pas manqué de souligner le rôle de tous les partenaires de la Bourse qui ont rendu possible cette réussite, dont la COSOB, les IOB, ainsi que les médias qui ont contribué avec détermination pour concrétiser cette ambition», dit-il. Il note que cette dynamique ne fait que commencer sur fond d’un potentiel de croissance attractif. Ainsi, en termes de nombre d’entreprises, la Bourse est passée de 6 à 8 entreprises introduites, ce qui démontre que le dynamisme du marché boursier est une réalité. Ce succès est rendu possible. D’abord, un engagement des plus hautes autorités de l’État. Les deux introductions des banques publiques sont inscrites au programme du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a rappelé le DG de la Bourse. «C’est grâce en partie au processus tracé par les pouvoir publics pour le développement du système financier, traduisant la vision du président de la République», a-t-il précisé. Et aussi parce qu’en fin 2024, quelques améliorations aux conditions d’accès au marché boursier ont été introduites. Il cite, à titre d’exemple, le fait que le marché de la Bourse d’Alger soit segmenté en plusieurs marchés : le premier est destiné aux titres du capital, là où les entreprises font des levées de fond à travers des émissions de nouvelles actions, soit des augmentations de capital ou des cessions d’actions. Le deuxième est le marché principal qui est destiné aux grandes entreprises. Et jusqu’à fin 2024, un autre marché, qui était celui de la PME, s’est transformé en marché de la croissance. Aussi, les modifications au niveau de la réglementation ont permis à une start-up qui a deux ans d’âge de pouvoir faire une levée de fonds au niveau de la Bourse d’Alger, ce qui encouragerait sans doute d’autres entreprises à lui emboîter le pas. Par ailleurs, il a évoqué le marché de la dette qui est le marché obligataire, dominé par les obligations du Trésor (les OAT), qui représentent pratiquement plus de 90% de l’activité de la Bourse d’Alger, avec un encours qui dépasse les 1.000 milliards de dinars. Enfin, le marché obligataire corporate, qui est destiné aux entreprises. Benmouhoub annonce l’arrivée prochaine d’un emprunt obligataire, qui est celui de la société algérienne à capitaux turcs, qui a eu son visa auprès de la COSOB et qui va lever entre 15 et 20 milliards de dinars. Un autre visa est accordé aussi à une autre société qui est dans le leasing, mais ce sont des obligations qui ne sont pas cotées ; «elles ne sont pas destinées au grand public», a-t-il précisé. Par ailleurs, une autre société a obtenu son visa, ALC (Arabe Leasing Corporation), qui va faire une introduction en Bourse sur le marché obligataire, prochainement. Pour ce qui est du retard enregistré par la Bourse, il est lié au fait que le modèle de financement en Algérie est dominé par le secteur bancaire, où «90% des besoins de financement de l’économie nationale sont financés par le secteur bancaire, ce qui a créé un effet d’éviction du marché boursier qui compte huit sociétés cotées, alors qu’elle devrait avoir beaucoup plus. La dynamique actuelle est susceptible de ramener beaucoup d’autres entreprises à la Bourse d’Alger et lui permettre d’atteindre des niveaux de capitalisation qui dépasseront les capitalisations boursières au niveau de la région Maghreb et Afrique aussi», a-t-il préconisé. Le DG de la Bourse a enfin parlé longuement de l’aspect de la digitalisation : «Nous sommes dans cette dynamique, avec la livraison d’un nouveau système de cotation qui va permettre à terme, d’abord, aux IOB, de se relier directement à la Bourse via internet et permettre aux investisseurs d’acheter et de vendre directement en ligne.»
M. Benmouhoub se dit convaincu que la Bourse d’Alger peut être une alternative sérieuse dans le financement des entreprises, qu’elles soient privées ou publiques.
Le DG de la Bourse annonce l’arrivée prochaine d’un emprunt obligataire de la société algérienne à capitaux turcs, qui a eu son visa auprès de la COSOB et qui va lever entre 15 et 20 milliards de dinars.
F. B.
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Bon à savoir
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R. E.