La tragédie bouleverse le monde, mais laisse de marbre les politiques : Naufrage du système international à Ghaza

Les agences onusiennes, consacrées historiquement à l’humanitaire, sont, fait unique dans l’histoire du dispositif international, exclues par une autorité coloniale de toute intervention pour secourir des populations.

Il faudra désormais, plus qu’à tout autre moment, inventer une autre langue pour rendre compte de l’effroyable descente aux enfers des Palestiniens de Ghaza. Rien n’est épargné à ce peuple déshumanisé par la tension permanente de la survie depuis près de 22 mois de massacre et d’acharnement sioniste. Sur des centaines de vidéos qu’arrivent à poster des jeunes de Ghaza, au cœur même de ces attroupements dantesques devant les sinistres centres de distribution d’aides, des centaines, voire des milliers d’affamés, sont contraints à littéralement passer entre les balles assassines des soldats israéliens pour pouvoir gagner, au bout de la gageure mortelle, un malheureux  sac de farine. Avant-hier, selon un décompte de la Défense civile palestinienne, près d’une centaine de personnes sont tombées en martyrs lors de ces expéditions du désespoir. Les centaines d’images et de vidéos bouleversantes, postées sur le vif par les damnés de Ghaza, sont vues et revues par des millions de personnes dans le monde entier, comme autant de comptes-rendus bruts de la terreur, et parviennent à faire croître les condamnations et les indignations sur la toile. Partout dans le monde semble s’éveiller une conscience partagée quant au génocide multiforme auquel s’adonnent impunément Benyamin Netanyahou et sa machine d’extermination. Selon des sondages publiés récemment par des instituts spécialisés américains, l’opinion bascule progressivement, y compris dans la sociologie politique républicaine, vers des avis franchement négatifs sur l’entité sioniste et le soutien apporté par les Etats-Unis à la poursuite de la guerre. Mais l’effet, malheureusement, reste dans ces sphères et tarde tragiquement à influencer la décision politique.  La voix de Donald Trump, qui a régulièrement promis un cessez-le-feu imminent dans l’enclave depuis plus de deux semaines, ne se fait plus entendre. 
 
La fausse impuissance des «puissants»
 
Les indiscrétions des médias annonçant fréquemment la mise à plat des différends entre les négociateurs, sont pour leur part démentis par le silence des porte-paroles officiels de la médiation. Le surplace diplomatique mortel pour les Palestiniens, achève d’ôter toute substance au système international. Le Conseil de sécurité de l’ONU, après des dizaines de réunions et de consultations qui, au final, ont tourné à vide depuis le début du génocide, n’est même plus capable d’entretenir l’illusion de son utilité, en convoquant de nouvelles réunions. 
Les ministres des Affaires étrangères de 25 pays de la sphère occidentale, dont deux membres permanents du Conseil de sécurité, ont choisi, hier — par le truchement d’une déclaration commune — d’appeler à une fin « immédiate » de la guerre dans ces territoires où « la souffrance des civils a atteint de nouveaux sommets ».  Ces Etats, qui ont leur poids dans les relations internationales, disposent de leviers plus efficaces, en Europe notamment, pour faire reculer les atrocités sionistes.  
Les agences onusiennes, consacrées historiquement à l’humanitaire, sont, fait unique dans l’histoire du dispositif international,  exclues par une autorité coloniale de toute intervention pour secourir des populations.  La mise en place de la Fondation Humanitaire de Ghaza (FHG) par l’entité sioniste, avec l’appui états-unien,  a squatté la vocation humanitaire sur le territoire, dans un dangereux précédent en la matière.  L’interdiction de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), le harcèlement et l’exclusion du personnel international des autres agences en activité dans l’enclave, sont les autres facettes de cette guerre, sans précédent, déclarée à la légalité internationale et tout ce qui peut faire obstacle aux plans sionistes de nettoyage ethnique.            
 
M. S. 

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