
Les participants au Forum de la mémoire du quotidien El Moudjahid ont témoigné que la première rentrée scolaire en Algérie après l'indépendance, en octobre 1962, était «un miracle» et un «réel défi» contre le colonialisme français, en mettant l'accent sur «l'engagement, la rigueur et le rôle important» joué par le premier ministre de l'Éducation nationale de l'État algérien après son indépendance, Abderrahmane Benhamida.
Lors de cette rencontre organisée par le quotidien El Moudjahid et l'association Mechaâl Echahid, en commémoration du 12e anniversaire du décès du premier ministre de l'Education nationale de l’Algérie indépendante, le moudjahid Abderrahmane Benhamida, l'ancien ministre de l'Education nationale, Ali Benmohamed, a précisé que «la situation de l'époque n'était pas facile car l'Algérie vivait une situation critique après l'indépendance, dont le «grand manque» de cadres capables d'assurer l'enseignement dans les structures et établissements scolaires. «Avant de quitter l'Algérie, le colonisateur français a pris avec lui l'ensemble des cadres et compétences qui exerçaient en Algérie. Il a aussi détruit les structures d'intérêt général» a-t-il indiqué, soulignant que malgré cela, les dirigeants patriotiques de l'époque ont décidé de relever le défi et de lancer la première rentrée scolaire en octobre 1962.
Nos dirigeants voulaient relever le défi. Ils ont nommé le moudjahid Abderrahmane Benhamida à la tête du ministère de l'Education nationale. Ce dernier avait commencé par le recensement de tous les Algériens qui avaient un niveau intellectuel quel qu'il soit afin de former les futurs formateurs des générations montantes». La rentrée scolaire a été organisée dans toutes les écoles malgré les conditions difficiles dues au départ des enseignants européens, au manque d'enseignants algériens et à la destruction des bibliothèques, ainsi qu'à l’insuffisance d'établissements éducatifs». L'ancien ministre a salué à cette occasion le rôle politique, organisationnel et culturel du première ministère de l'Education nationale de l'Etat algérien dans la relance de l'école et la réussite de la première rentrée scolaire de l'Algérie indépendante. «La compétence de Benhamida était connue de tous. Le défunt jouissait de toutes les capacités de persuasion et savait tirer profit des compétences algériennes existantes.»
Kafia Aït Allouache
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Mohamed Lahcen Zeghidi, historien : «Insérer l’anglais dans le programme»
L’historien Mohamed Lahcen Zeghidi a mis l’accent sur le fait qu’en 1962, certains doutaient de la possibilité de garantir la tenue de l’année scolaire, à l’image de ceux qui, aujourd’hui, pensent que les conditions ne sont pas réunies pour l’introduction de l’enseignement de l’anglais à l’école primaire. Il a rappelé dans ce sens le nombre d’écoles algériennes avant le colonialisme français en 1830 et l’analphabétisme était réduit au sein de la société. Lors des 132 ans d’occupation, la France a réussi à éliminer 90% des écoles qui existaient. Après le recouvrement de la souveraineté nationale en juillet 1962, l’Etat algérien s’est retrouvé face à de multiples défis pour garantir aux Algériens le droit à l’apprentissage et à l’éducation, entre autres la disponibilité des enseignants car la France avait refusé de reconnaître les clauses des accords d’Evian sur la dotation d’enseignants dont l’Algérie avait besoin, indiquant que 90% des encadreurs n’avaient pas rejoint l’école en 1962. Il a également évoqué la polémique sur l’ajournement de la rentrée scolaire une année après en 1963. Le gouvernement a alors relevé le défi, déterminé à assurer la rentrée scolaire dans toutes les écoles d’Algérie. Aujourd’hui après 60 d’indépendance, un défi se pose pour l’école algérienne. En 1962, il s’agissait de procéder à la rentrée des classes, en 2022, le défi est l’insertion de l’anglais dans le programme scolaire.
Hicham Hamza
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Salah Djaghloul, membre de l’APN : «Des efforts considérables»
Le président de la commission de l’éducation, de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et des affaires religieuses à l’Assemblée populaire nationale, Salah Djaghloul, est revenu sur les progrès de l’école algérienne de 1962 à 2022. En 2022, les établissements scolaires accueillent 11 millions d’élèves, c’est pourquoi nous pouvons saluer les progrès de l’école algérienne. Nous avons aujourd’hui plus d’un million d’enseignants et de cadres dans le secteur de l’éducation.
H. H.
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Aïssa kasmi, moudjahid et écrivain : «Une fierté pour l’Algérie»
«Aujourd’hui, le tiers de la population scolaire étudie au primaire, au collège, au lycée et à l’université, dans la formation professionnelle, dans toutes les wilayas, donc c’est une fierté.
Nous avons environ 15 millions de jeunes dans l’enseignement, l’apprentissage, la science. C’est la fierté de l’Algérie qui ne peut être ressentie que par ceux qui ont vécu l’ignorance. Entre 1954 et 1962 94% d’hommes et 98% de femmes étaient analphabètes.
L’Algérie a réussi à faire une rentrée scolaire quelques mois après son indépendance. Elle a relevé le défi pour reconstruire l’école algérienne et la faire redémarrer rapidement.
Aïssa Kasmi dira qu’il n’y a pas de comparaison entre l’école algérienne de 1962 et celle de 2022. Le défi a été relevé grâce à l’esprit de sacrifice, de nationalisme et la détermination des Algériens à battre en brèche les déclarations du général de Gaulle qui prévoyait l’anarchie après le départ des Français.
H. H.