
Livre et carte linguistiques amazighs, 2e Prix du président de la République de littérature et de langue amazighes…
«De nombreux acquis ont été réalisés, mais ils restent encore à consolider, pour faire avancer davantage la mission de réhabilitation de tamazight dans tous les secteurs», selon le secrétaire général du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), Si El-Hachemi Assad, qui parle d’«un nouveau cap» pour la promotion de tamazight.
Invité hier au forum d’El Moudjahid, le SG du HCA estime que les avancées et la prise en considération de tamazight sont indéniables, en particulier, en termes de législation et de textes juridiques. L’on s’attend maintenant à ce qu’elles soient accompagnées par les efforts des linguistes et des chercheurs universitaires, afin de redonner à la culture et à la langue amazighe la place qu’elles méritent. Faisant le bilan des efforts et du travail de son institution pour la promotion de la langue et de la culture amazighe, l’invité du forum, affirme que l’action du HCA vise à mettre en place une stratégie globale pour le développement et la valorisation de la langue amazighe en Algérie, adossée aux résultats de recherche issus des travaux des chercheurs et des structures de recherche. «Pour ce faire, nous préconisons la collaboration et le travail de coopération avec les différentes universités, notamment celles où sont implantés les départements de langue et culture amazighes et les laboratoires de recherche qui travaillent sur les problématiques des langues, la didactique, l’histoire… Le HCA est propulseur d’une démarche fédératrice pour mettre en réseau ces différentes institutions scientifiques qui, malheureusement, ne travaillent pas encore en synergie. C’est seulement avec cette approche collaboratrice qu’il est possible de prendre en charge les problématiques de tamazight», dira-t-il. M Assad affirme, par ailleurs, que Le HCA a entrepris depuis quelques années un travail de coordination et de coopération avec des institutions, notamment des ministères. «Malheureusement, soutient-il, certaines institutions n’ont pas joué le jeu et les projets inscrits pour la promotion de tamazight n’ont pas pu se concrétiser. Pourtant, tous les mécanismes ont été mis en place par l’Etat, la faille se situe au niveau de ces instituions».
La loi sur l’orientation scolaire doit être revue
Interrogé sur la problématique de l’introduction de tamazight à l’école, M. Assad déplore l’absence d’un statut clairement défini par des textes, ce qui constitue l’obstacle majeur qui entrave la promotion de tamazight à l’école. «La loi d’orientation de l’Education nationale n° 08-04 du 23 janvier 2008 est obsolète et, au demeurant, selon l’avis de beaucoup d’observateurs, elle ne cadre pas avec l’officialisation constitutionnelle de tamazight. Aussi, les modalités d’application de l’article se référant à l’expression de la demande sociale, telles que mentionnées dans cette loi devaient être fixées par voie réglementaire, ce qui n’est pas le cas à nos jours», estime l’invité du forum. Il regrette que «tamazight demeure toujours fragile à l’école et connaît moult difficultés et obstacles en dépit des efforts consentis par l’Etat et l’importante expérience capitalisée durant un quart de siècle». M. Assad considère qu’«il est temps de débattre des problèmes de fond par une approche fondée sur les données juridiques et les aspects pédagogiques en mesure de consolider qualitativement et quantitativement cet enseignement à travers tout le territoire national et supprimer l'aspect facultatif de l'enseignement de tamazight à l'école. Le verrou qu'il faut faire sauter est l'aspect facultatif de l'enseignement de tamazight».
En attendant cette mise en conformité juridique, et pour gérer au mieux l’enseignement de tamazight, «il est utile, dira le SG du HCA, que le ministère de l’Education nationale donne des directives pertinentes aux directeurs de wilaya pour œuvrer à une meilleure prise en charge de tamazight et à sa généralisation graduelle». «Il y a des manquements que nous signalons à chaque fois et, pour le moment, il n y a pas un plan de généralisation», a-t-il déploré. «Beaucoup reste faire, à parfaire, d'où la nécessité d'établir ces passerelles avec les secteurs concernés pour assurer un accompagnement et des formations», a-t-il dit. A cet effet, une commission mixte, HCA-ministère de l'Education, sera mise sur pied incessament pour évaluer l'expérience de l'enseignement de la langue amazighe. Le ministre de l'Education nationale, Abdelhakim Belabed, et le secrétaire général du Haut commissariat de l'amazighité, ont convenu, selon ce dernier, de soumettre aux autorités concernées les questions liées à la législation et à l'amendement des textes relatifs à la promotion, au développement et à l'enseignement de la langue amazighe. l’invité d’El Moudjahid insiste sur l'impératif d'élaborer un plan d'action prévoyant la généralisation progressive de l'enseignement de tamazight à tout le territoire national conformément au mémorandum du Commissariat soumis au président de la République concernant le cadre stratégique et méthodologique de l'enseignement et de l'apprentissage de tamazight au sein du système national éducatif et de formation à l'horizon 2038. M. Assad révèlera que l’enseignement de tamazight existe symboliquement au niveau de 30 wilayas mais que 5 ou 6 seulement enseignent cette langue au niveau des trois paliers de l’enseignement.
7 millions de dinars pour le Prix du président de la République
Quatre-vingt-deux œuvres ont été présélectionnées pour concourir pour le Prix du Président de la République de littérature et langue amazighes, dans sa deuxième édition, révèle le secrétaire général du Haut-Commissariat à l'amazighité. Le jury de ce Prix du Président de la République, dont la cérémonie de remise se tiendra en janvier prochain à Tamanrasset, à l'occasion de la célébration officielle du Nouvel an amazigh (Yennayer 2022/2972), a présélectionné 82 œuvres sur plus d'une centaine réceptionnées via la plateforme numérique mise en place à cet effet, a affirmé M. Assad. «Ces œuvres s'articulent autour de quatre grands axes, à savoir la littérature amazighe, la linguistique amazighe, le patrimoine immatériel et les recherches technologiques et numériques». Pour chacun de ces quatre axes, seront récompensées les trois meilleures œuvres, signalant que le premier prix est doté d'un montant d'un million DA, le deuxième de 500.000 DA et le troisième de 250.000 DA, soit un total de sept millions de dinars que se partageront ainsi 12 concurrents.
«Un montant considérable qui reflète la forte volonté du président de la République d'encourager la créativité en langue amazighe», a souligné Si El Hachemi Assad. Composé de 12 membres, représentant les principales variantes linguistiques amazighes ainsi que les grandes universités algériennes, et choisis sur des critères d'intégrité, de probité, le jury devra évaluer les œuvres présélectionnées» , a-t-il ajouté.
La cérémonie officielle de remise de ce prix sera marquée par une parade en ouverture, ainsi que par la tenue d'une exposition d'artisanat traditionnel, d'une autre sur l'audiovisuel amazigh, ainsi que des représentations artistiques, des ateliers et un symposium académique sur le patrimoine architectural de la région. L’invité du Forum insistera, à ce titre, sur l'empreinte locale devant transparaitre lors de cette manifestation culturelle nationale, en coordination avec les autorités locales et la société civile. Le SG du HCA a annoncé la tenue, par la même occasion, d'un symposium académique sur le patrimoine architectural de la région, animé par des spécialistes, insistant sur l'association de l'université de Tamanrasset à son encadrement.
Des activités culturelles seront projetées sur les places publiques, si la situation sanitaire le permet, en plus de la tenue d'une exposition dédiée au livre amazigh, a ajouté Si El Hachemi, qui estime La création de ce Prix est une preuve que la littérature amazighe est au même rang que les autres littératures. «Nous sommes certains que les chefs-d’œuvre de la littérature amazighe méritent d’être appréciés à travers ce dispositif et sont considérés comme la consécration de la dimension historique et identitaire de l’Algérie».
Farida Larbi