
Entretien réalisé par : Amar Fedjkhi
El Moudjahid : L’abattage de l’agnelle, pourtant interdit par les textes en vigueur datant de 1991, continue d’être pratiqué. Pourquoi cette mesure reste-t-elle difficile à appliquer ?
Djedid Razika : Effectivement, la réglementation interdit formellement le sacrifice des agnelles productives, c’est-à-dire celles qui sont en âge de reproduction ou susceptibles de renforcer le cheptel national.
Cette interdiction n’est pas nouvelle. Elle existe dans les textes depuis plusieurs années, mais elle vient d’être clairement renforcée par une déclaration du Président de la République, qui a rappelé l’importance stratégique de la préservation de notre capital productif dans la filière ovine. Sur le terrain, cette mesure reste difficile à appliquer pour plusieurs raisons. D’abord, parce que lors de l’Aïd El Adha, la demande est massive et la sélection rigoureuse des bêtes n’est pas toujours respectée. Beaucoup d’éleveurs ou d'intermédiaires proposent à la vente des agnelles par méconnaissance ou par appât du gain, les considérant comme plus abordables ou plus attrayantes pour le marché. Ensuite, les moyens de contrôle sont encore limités, notamment dans les souks informels et les circuits non organisés de vente. Mais nous intensifions nos efforts. Cette année, à la veille de l’Aïd, des campagnes de sensibilisation sont menées avec nos partenaires, notamment les services vétérinaires. Nous rappelons qu’abattre une agnelle productive est, non seulement interdit, mais aussi contre-productif pour l’avenir du cheptel de notre pays.
Des équipes de contrôle mixtes sont également mobilisées pour inspecter les points de vente autorisés, en collaboration avec les services de sécurité et les autorités locales. C’est un travail de longue haleine, mais absolument important si nous voulons préserver la capacité de reproduction de notre cheptel et assurer, à terme, l’autosuffisance nationale.
La wilaya de Djelfa concentre près de 10% du cheptel national avec près de 3 millions de têtes recensées, un chiffre toutefois en recul. Quelles sont les causes principales de cette régression et quelles mesures sont envisagées pour y faire face ?
Djelfa reste un pilier national en matière d’élevage ovin, avec environ 3 millions de têtes recensées lors du dernier décompte, soit près de 10% du cheptel national. Mais ce chiffre est en constante régression depuis quelques années. Plusieurs causes expliquent cette tendance. D’abord, la sécheresse récurrente qui touche les Hauts-Plateaux a fortement impacté les ressources naturelles disponibles pour l’alimentation du bétail.
A cela s’ajoute, la réduction continue des parcours, du fait de l’extension des zones agricoles, des constructions anarchiques ou de la dégradation écologique qui a considérablement diminué les espaces de pâturage traditionnels. S’ajoutent à cela des problèmes de santé animale, notamment des maladies épizootiques qui fragilisent les troupeaux, parfois aggravées par un suivi vétérinaire insuffisant ou irrégulier dans certaines zones éloignées.
Pour faire face à cette situation, la DSA a renforcé ses campagnes de sensibilisation et d’accompagnement technique auprès des éleveurs. Nous intensifions les actions de terrain avec l’appui de vétérinaires et de techniciens agricoles pour inciter à la vaccination, à l’hygiène des élevages, mais aussi à une meilleure gestion des ressources fourragères.
A. F.