
En Algérie, les ressources hydriques sont vulnérables du fait qu’elles dépendent essentiellement de l’aléa climatique. Et ce n’est pas le manque de précipitations qui va résoudre le problème. Le moins que l’on puisse dire est que les voyants à ce niveau ne sont pas au vert. Notre continent est parmi les plus touchés par la pénurie de cet élément vital.
Les experts ont déjà tiré la sonnette d’alarme. «Nos ressources en eau atteindront leurs limites à l’horizon 2025. Si des mesures ne sont pas prises dans l’immédiat, on risque de faire face à un manque terrible d’eau, notamment dans les hauts plateaux et les steppes», ont-ils prévenu.
Selon le Plan d'action du gouvernement, l'engagement du président de la République «d’en finir» avec les coupures d’eau et de garantir un accès «égal» des citoyens aux différents services de l’eau à travers «l’ensemble du territoire national» sont une « priorité «pour les années à venir. La feuille de route englobe la combinaison du dessalement au nord du pays à partir de la bande côtière, des interconnexions entre les barrages et les systèmes de transfert, l’utilisation systématique des eaux usées, après traitement, dans l’industrie et l’agriculture et, enfin, l’exploitation des ressources souterraines dormantes du Sahara septentrional».
Couvrir 60% des besoins
À ce titre, et afin de préserver les réserves stratégiques en eau, le gouvernement œuvrera à faire du dessalement d’eau de mer la principale ressource d’eau potable et d’en couvrir 60% des besoins des citoyens, le reste étant partagé entre les barrages et les nappes phréatiques. Les efforts de mobilisation et l’usage optimal de la ressource seront «plus soutenus», avec l’objectif de réduire la proportion des eaux impactées par l’aléa climatique, en développant, là où elles s’avèreront réellement utiles et dans le strict respect de l’équilibre des écosystèmes en place, les ressources non conventionnelles, notamment par la réalisation de nouvelles stations de dessalement d’eau de mer et de stations de déminéralisation dans les régions Sud. Le nombre actuel de stations de dessalement d’eau de mer, à savoir 14 d’une capacité totale de production de 760 millions de m3/an, sera porté à 19 en 2024, avec une capacité de production de 1,4 milliard de m3/an, assure le gouvernement. La capacité nationale de stockage des eaux superficielles sera augmentée par la réalisation et la mise en service de nouveaux barrages et l’interconnexion des grands ouvrages et complexes hydrauliques du pays.
En 2024, le nombre de barrage sera porté à 85, soit cinq de plus qu’actuellement, pour une capacité globale de 9 milliards de m3 et une capacité de mobilisation de 4 milliards de m3/an. Le volume global de production des eaux souterraines est estimé à 6,6 milliards de m3/an, à travers les 281.000 forages actuels, dont 255.000 forages destinés à l’irrigation agricole.
Le volume global, toutes sources confondues, passera l’année prochaine à 12 milliards de m3/an. La stratégie de mobilisation ne se limitera pas à ces grands captages, elle intégrera aussi les niches hydriques, telles que les petits barrages et les retenues collinaires, notamment en zones éparses et en milieu rural. Le plan ambitionne de remporter la bataille de la mobilisation mais aussi celle de la gestion et de l’optimisation de la ressource et l’amélioration du service public.
Pour ce faire, l’urgence et la nécessité d’un diagnostic de ce secteur très stratégique sont primordiales, car jusqu’ici, toutes les politiques entreprises dans la gestion de cette richesse vitale n’ont pas donné les résultats escomptés. Les faiblesses du secteur des ressources en eau, tout le monde les connaît, mais l’enjeu quand on fait un diagnostic, c’est d’identifier les causes et les leviers d’amélioration, mais aussi de situer les priorités.
Farida Larbi
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21 stations de dessalement opérationnelles
Le littoral algérien compte actuellement 21 stations de dessalement d’eau de mer, réparties sur 14 wilayas, alimentant 6 millions de personnes pour un volume de 2,6 millions de m3/jour.
Dans le détail, voici le nombre de stations de dessalement que compte chacune de ces 14 wilayas : Chlef (2, dont une en projet); Béjaïa (1) , Tlemcen (2), Tizi-Ouzou (1) , Alger (6, dont 1 en projet) , Jijel (1), Skikda (1), Mostaganem (1), Oran (5, dont 1 en projet) , Boumerdès (3, dont 2 en projet) ; El Tarf (2, dont 1 en projet) , Tipaza (4, dont 1 en projet) , Ain-Temouchent (2). Pour ce qui est des ressources hydriques traditionnelles, l’Algérie occupe, grâce à ses 74 barrages, la première place dans ce domaine à l’échelle maghrébine et africaine.
Toutefois, cette année, au vu de la faible pluviométrie, leur capacité de stockage n’a pu excéder les 32%.
Amel Zemouri