Dessalement de l’eau de mer : Facture salée, mais réponse stratégique

De notre bureau de Tizi Ouzou : Belkacem Adrar

Une journée thématique portant sur les ressources en eau dans lawilaya de Tizi-Ouzou a été organisée par l’Assemblée populaire de cette wilaya afin de débattre de la problématique posée avec acuité, à savoir la raréfaction des ressources en eau.
Des universitaires spécialistes dans le domaine et des représentants des institutions concernées par cette ressource stratégique sont invités par l’APW pour faire un état des lieux et proposer des solutions susceptibles d’apporter des
améliorations dans la production et la gestion des ressources hydriques de la wilaya.
S’exprimant à l’ouverture des travaux de cette journée thématique, le wali de Tizi-Ouzou, Djilali Doumi, a indiqué que la problématique de la raréfaction des ressources hydriques doit être traitée sur trois niveaux, aussi importants les uns que les autres, à savoir la mobilisation maximale de ressources hydriques à travers la wilaya, la récupération des eaux perdues dans des fuites enregistrées sur les réseaux de distribution et la multiplication des installations de l’eau. La dégradation des réseaux de distribution engendre actuellement entre 30 et 35% de la ressource, a fait savoir le wali, en rappelant que ce taux était de près de 50% il y a de cela quelques années. Concernant le déficit en matière d’installation de production d’eau, le wali a fait part d’un grand effort qui sonsite en le lancement prochain de deux stations de dessalement d’eau de mer à Iflissen et Azeffoun, d’une capacité de production respective de 60.000 m3 et 300.000 m3. «Les études géotechniques sont en cours concernant la station d’Iflissen et l’installation de l’entreprise chargée de sa réalisationa a déjà débuté», a-t-il annoncé par la même occasion. Le wali a par ailleurs insisté sur la nécessité de préserver la ressource hydrique
disponible à Tizi-Ouzou et de lutter efficacement et en permanence contre les fuites d’eau enregistrées sur les réseaux de distribution.
Le P/APW, Mohamed Klaleche, a indiqué, «qu’il ne peut y avoir de solution durable et structurelle sur les questions des ressources en eau sans l’implication des scientifiques qui ont fait des recherches théoriques et empiriques sur les enjeux et les défis multiples liés, non seulement à la mobilisation de cette ressource vitale mais aussi sa gestion rationnelle et son affectation optimale pour répondre aux multiples besoins de consommation par les ménages, l’agriculture et l’industrie».
Selon lui, cette tribune offerte par l’Assemblée qu’il préside aux universitaires et spécialistes pour débattre sereinement et en toute liberté de cette problématique est devenue une des préoccupations majeures de la population et des pouvoirs publics. «La raréfaction de l’eau dure maintenant depuis au moins 4 ans. Ce qui a affecté sensiblement la disponibilité de l’eau pour la population, mais surtout pour les agriculteurs et les industriels. Nous avons malheureusement des centaines de villages dans notre wilaya qui enregistrent des ruptures d’eau potable allant jusqu’à 2 mois, et ce, malgré les efforts consentis par les élus, les services de l’hydraulique et de l'ADE, et les comités de village», déplore le P/APW. Les pouvoirs publics, ajoute-t-il, ont engagé plusieurs investissements afin de mobiliser les différentes ressources hydriques et les acheminer vers les consommateurs, mais beaucoup reste à fairecar les besoins dépassent les ressources disponibles.
En effet, l’augmentation de la population et de l’urbanisation ainsi que l’ambition d’industrialisation de la wilaya sont, pour
M. Klaleche, des facteurs importants incitant à plus de mobilisation des ressources en eau et leur gestion rationnelle. «La réalisation des barrages comme celui de Souk N’Telata et Sidi Khelifa vont, à coup sûr, contribuer à ces perspectives. Mais nous comptons aussi sur des projets de dessalement de l’eau de mer comme réponse stratégique de renforcement et de sécurisation de cette ressource qui devient malheureusement de plus en plus rare», dira-t-il par ailleurs.
Des universitaires participant à cette journée ont préconisé «l'orientation des efforts de captage des eaux dans les oueds eux-mêmes, les nappes sous-jacentes et leur dérivation vers des ouvrages comme le barrage de Taksebt et les nappes alluviales périphériques».
De son côté, un représentant de l'Algérienne des eaux (ADE), en charge de la distribution de cette ressource, a relevé l'importance d'agir pour l'adoption d'actions auxquelles devront adhérer tous les acteurs de la société en vue de préserver la qualité de l'eau, mais aussi modérer sa consommation. A l'issue de cette journée, une vingtaine de recommandations dont, entre autres, la dynamisation des travaux des projets de barrages en réalisation, ainsi que le renforcement de la police des eaux pour éviter les pertes et le gaspillage, ont été émises par les participants.

B. A.

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