Chlef : Renforcement du lien familial

De notre correspondant : Adil Messaoudi

Loin une simple fête locale, la célébration cette année d’El-Maoulid Ennabaoui à Chlef a été l'occasion, pour l'ensemble de ses habitants, de retrouver sérénité et quiétude. Pour manifester l'amour porté au Prophète Mohammed (Qsssl), se rappeler ses actions et ses paroles (hadiths), chaque région, ville, douar, dechra et tribu conserve sa propre tradition et perpétue ses coutumes séculaires alliant art culinaire, renforcement des liens familiaux, solidarité et recueillement.
Aujourd'hui comme hier, cette fête religieuse revient dans l'ambiance du moment. Les familles chélifiennes accordent une grande importance à cette fête joyeuse, surtout pour les enfants. Il s’agit également d’une occasion de déguster les saveurs de jadis. Couscous avec de la viande de mouton ou de bœuf, en plus de la volaille. La cuisine se fait plus succulente. Les fillettes aux mains d'ange se mettent le henné que les mamans et grands-mères s'appliquent à malaxer cette poudre par quelques doses d'eau de fleurs d'oranger. Les garçons, quant à eux, trouvent leur joie dans les pétards et les cierges.
En ce jour exceptionnel de ferveur et de recueillement, les mosquées, les zaouïas et les mausolées se remplissent de fidèles qui déclament des panégyriques et medhs qui glorifient Dieu et Son Prophète Mohammed (qsssl). Outre la Burdâ, d’autres chants locaux se récitent notamment à ces endroits mythiques. Aux chants glorifiant le Sceau des prophètes et messagers, se mêlent des ribambelles d'enfants en tenue traditionnelle, accompagnés de leurs parents et portant des lampes traditionnelles, connues sous l’appellation «El-Bellara».
Le soir du Mouloud, les familles chélifiennes se réunissent autour d’un repas traditionnel algérien. Elles allument des bougies et les disposent dans toute la maison et sur les fenêtres. Après le dîner, les petits Chélifiens sortent dans les rues et jouent avec des pétards et des feux d’artifice. Certaines familles ont procédé, ce soir-là, à la circoncision de leurs enfants.
Le lendemain du Mouloud, au petit-déjeuner, on a pour tradition de prendre de la «tamina», un entremets à texture pâteuse à base de semoule torréfiée mélangée à du miel. Elle est habituellement préparée après un accouchement, en guise d’aliment pour la mère, et distribuée à des proches pour annoncer la nouvelle.
Sur un autre volet, chaque année, à l'approche de cette fête sacrée, des produits pyrotechniques, tels que les pétards et les feux d'artifice, envahissent les quartiers de la ville. Bien que cette tendance ait connu un recul notable, cette année à Chlef, par rapport aux années précédentes, ces produits, qui représentent un énorme danger, sont désormais indisponibles dans les marchés.
À la veille de la célébration de la fête d’El-Maoulid Ennabaoui, une tradition ancrée dans l'esprit du peuple algérien, on constate une rupture des stocks pour de nombreux produits pyrotechniques. Cette occasion se profilera sans pétards. Selon des témoignages recueillis au chef-lieu de la wilaya, les Chélifiens sont divisés entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre l'achat des pétards. Selon un parent, «d’habitude, j’achète des pétards simples qui ne sont pas dangereux pour faire plaisir à mes enfants âgés entre 5 ans et 12 ans».
D’autres ont été contents que les services de sécurité aient saisi d'énormes quantités de pétards, afin d'éviter le pire. «À cause de ces bombes, nos fêtes deviennent une véritable menace pour nous et pour nos biens.» Kheira, une vieille dame rencontrée au marché de la cité Bensouna, nous dit : «Ce jour est une occasion pour se réunir en famille, dans la convivialité et échanger des vœux de joie et de santé. Je ne comprends pas pourquoi certains s'acharnent contre la célébration d’El-Maoulid Ennabaoui !» De son côté, Kheireddine, un jeune marchand de pétards, installé à la rue Charras à Hay Salam (Zeboudj), révèle que cette année est particulière : «Je n'ai pu me procurer la marchandise que difficilement. Cette année, il y a une faible affluence.» Pour lui, «à l'époque, certains déboursent jusqu'à 10.000 DA. Certes, ce n'est pas comme les années précédentes, mais ça marche toujours».

A. M.

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