
La dynamique de professionnalisation enclenchée par le haut commandement de l’ANP, en parallèle à une modernisation tous azimuts, se réalise à grands pas depuis plusieurs années.
Le contexte des menaces terroristes dans la région du Maghreb et du Sahel, la surveillance des gisements pétroliers et gaziers et la quête de supériorité militaire régionale stimulent la promotion d’une industrie militaire puissante. L’industrie devrait atteindre 11,9 milliards de dollars en 2023, avec des dépenses atteignant 12,1 milliards de dollars d’ici 2025, selon les statistiques fournies par les différents think tanks spécialisés dans la recherche en questions de sécurité. À l’aube des années 2000, l’industrie militaire était «modeste et non concurrente». Le propre de cette industrie était, à l’époque, axé principalement sur des équipements militaires légers, fabriqués par des entreprises spécialisées relevant du ministère de la Défense nationale.
«Les équipements militaires fournis sont chargés de répondre aux besoins prioritaires de l’ANP.»
Eu égard à un contexte marqué par «des chevauchements géopolitiques puissants», mais aussi au changement de la nature des menaces et l’émergence de ce qui est qualifié de «guerres hybrides», l’ANP tenait à assurer une certaine autonomie de production et de fabrication afin d’éviter une dépendance accrue vis-à-vis des fournisseurs étrangers. Ce qui lui a permis d’assurer l’approvisionnement de certains équipements au moment où le pays était sous embargo sur les armes dont il avait besoin pour lutter contre le terrorisme, durant les années 1990.
Cette stratégie permet encore aujourd’hui, alors que la crise financière mondiale se poursuit, d’éviter les goulots d’étranglement.
Pour promouvoir une industrie militaire locale puissante, l’ANP a posé une «logique de création de pôle d’excellence». Évidemment, les compétences et autres cadres militaires formés dans les différentes institutions militaires assurent cette «inflexion progressive des activités de formation et de recherche vers la maîtrise des besoins en connaissances». La mise en œuvre de ces pôles concerne plusieurs secteurs, tels le domaine de l’industrie mécanique, l’aéronautique, la construction navale et l’électronique. L’ANP s’inscrit dans la démarche de l’Etat de réduire les importations. C’est dans ce sillage que plusieurs entreprises locales permettent l’approvisionnement de l’ANP en termes de besoins d’équipement, avec, désormais, des perspectives d’exportation de matériels. L’Entreprise de constructions mécaniques de Khenchela (ECMK) est l’un des principaux fournisseurs en armes d’infanterie des Forces armées algériennes. La Base logistique centrale (BCL) de la 1reRM de Blida produit le véhicule blindé de transport de troupes (BCL M-5), le véhicule blindé de combat d’infanterie.
De son côté, la Société Nationale des Véhicules Industriels (SNVI) de Rouiba (Alger) produit des véhicules de combat, des véhicules transportant des troupes, des remorques porte-engins, des camions de service, des moyens de recours et d’évacuation, des camions frigorifiques, des moyens d’importation et de stockage d’eau ainsi que de carburant, des transports de personnel véhicules et camions de pompiers.
A Oran, on a l’Entreprise de construction aéronautique (ECA) de Tafraoui qui assure la fabrication des avions d’entraînement (Fernas-142), des avions légers quadriplaces (Safir-43), des avions légers monoplaces (X-3A). La même entreprise produira son premier véhicule aérien sans pilote de 3 mètres d’envergure et de 2,6 m de long, de type HALE (haute altitude, longue endurance) qui peut voler à une altitude de 7.000 mètres avec une autonomie de 36 heures. La Compagnie Navale de Constructions et de Réparations (ECRN) à Mers El Kébir (Oran) produit pour sa par la Corvette (Classe Djebel Chenoua) et le Bateau de patrouille (Classe Kebir). Tahar Kaidi