
Historien et ancien journaliste à El Moudjahid, Amar Belkhodja, indique à notre journal que le transfert de la lutte armée sur le sol français s’est manifesté lors du Congrès de la Soummam de 1956 et affirme que l’idée s’est traduite deux ans plus tard par des actions spectaculaires et autres sabotages perpétrés dans des métropoles de l’Hexagone. «Ce sont des actes qui ont marqué les esprits pour dire que finalement les Algériens sont bien décidés à arracher leur indépendance», observe-t-il, révélant à propos de l’apport de l’émigration à la révolution que le budget du FLN était constitué à 80% des cotisations des travailleurs algériens en France. Un financement qui a servi à beaucoup de tâches, notamment l’achat de l’armement. C’est dire que notre communauté était entièrement engagée dans la lutte pour la libération nationale, comme le souligne le souligne Belkhodja. Pour revenir au massacre du 17 octobre, il dira que l’atmosphère était insupportable et que Maurice Papon était bien décidé à neutraliser les réseaux FLN de Paris. «Il avait des brigades spéciales constituées de harkis qui faisaient des rafles et des fouilles des hôtels et cafétérias. Il avait fini par instaurer, le 17 octobre, le couvre-feu uniquement pour les Algériens, leur interdisant de circuler. Chose que n’a pas acceptée la fédération de France du FLN. Du coup, ses responsables ont décidé d’organiser une réaction et décidé d’investir pacifiquement : 20.000 à 30.000 ont répondu présents et ont défié Papon et ses sbires, et clamer l’indépendance de l’Algérie», relate l’historien qui rapporte que Paris était devenu un territoire ensanglanté par le sang des Algériens Ce crime a fait le tour du monde et les journalistes du monde entier ont commencé à se poser des questions sur cette France qu’on dit civilisatrice, d’autant que le bilan réel de ces massacres s’élève à 200 morts et des centaines de blessés, et des arrestations. «La détermination du peuple algérien de recouvrir son indépendance et la mobilisation des militants de la cause nationale a poussé la France coloniale à négocier avec le Gouvernement provisoire de la République algérienne. La suite ? Tout le monde la connait», se félicite Belkhodja, qui rend hommage à l’émigration algérienne pour sa précieuse contribution à la guerre de Libération nationale. «Aujourd’hui, conclut-il, on doit rendre à César ce qui lui appartient. Le combat de l’émigration ne remonte pas au 17 octobre 1961 mais bien au-delà, dans les années 1920 plus précisément. Souvenons-nous de l’Etoile nord-africaine, premier parti algérien qui a semé l’éveil nationaliste et patriotique, créé à Paris avec des militants d’avant-garde, à leur tête Messali Hadj».
Kamélia Hadjib