Ahmed Attaf : «L’Afrique est en droit d’exiger la reconnaissance des crimes commis contre ses peuples durant la période coloniale»

Photo : Nesrine T.
Photo : Nesrine T.

Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a affirmé, ce dimanche, que «l’Afrique est en droit d’exiger la reconnaissance officielle et explicite des crimes commis contre ses peuples durant la période coloniale», de même qu’elle «est en droit de réclamer une indemnisation juste et la restitution des biens spoliés».

«L’Afrique est en droit d’exiger la reconnaissance officielle et explicite des crimes commis contre ses peuples durant la période coloniale, première étape indispensable pour ouvrir la voie au traitement des séquelles de cette époque dont les pays et peuples africains continuent de payer le lourd tribut en termes d’exclusion, de marginalisation et de retard», a-t-il déclaré à ce propos dans son allocution d’ouverture de la Conférence internationale sur les crimes du colonialisme en Afrique, qui se tient au Centre international des conférences Abdelatif-Rahal, un événement, a-t-il précisé, qui se tient, «grâce à l’initiative du Président Abdelmadjid Tebboune» qui «a soumis l'idée lors du dernier sommet ordinaire de l’Union africaine au début de cette année», une initiative que «ses frères africains ont accueillie favorablement et approuvée à l’unanimité».

«L’Afrique est également en droit d’exiger la criminalisation du colonialisme par un cadre juridique international clair et sans ambiguïté», a-t-il encore ajouté, soulignant que «de la même manière que la communauté internationale a criminalisé l’esclavage, les pratiques assimilées à l’esclavage, ainsi que l’apartheid, il est désormais temps de criminaliser le colonialisme lui-même, au lieu de se limiter à condamner certaines de ses pratiques ou conséquences».

À cet effet, pour Ahmed Attaf, «l’Afrique est en droit de réclamer une indemnisation juste et la restitution des biens spoliés, car la justice ne se réalise pas par des discours creux, des promesses vaines ou de bons sentiments», une indemnisation qui «n’est ni un don ni une faveur ; c’est un droit légitime garanti par toutes les lois et coutumes internationales».

Le ministre des Affaires étrangères a affirmé, dans cet ordre, que «forte de sa douloureuse expérience avec le colonialisme français, l’Algérie adhère pleinement aux objectifs essentiels que l’Union africaine a fixés dans le cadre de cette initiative visant à établir une justice historique».

Et en lançant cette dernière, «l’Afrique affirme que sa marche militante se poursuivra tant que les crimes du colonialisme n’auront pas fait l’objet d’une reconnaissance explicite et responsable».

«Notre continent conserve l’exemple de l’épreuve amère de l’Algérie comme un modèle rare, presque sans équivalent dans l’histoire, dans sa nature, sa logique et ses pratiques», a affirmé, par ailleurs, Ahmed Attaf, soulignant que «le colonialisme français en Algérie n’était pas un colonialisme d’exploitation au sens classique du terme, mais bel et bien un colonialisme de peuplement, au sens le plus complet du mot».

En dernier lieu, le ministre des Affaires étrangères a estimé qu’«il ne faut pas perdre de vue la nécessité de parachever l’élimination du colonialisme lui-même, de manière définitive, en soutenant la dernière colonie en Afrique, le Sahara occidental, par la solidarité et l’appui, alors qu’ils s’attachent à faire valoir leur droit légitime et légal à l’autodétermination, tel que confirmé – et continuellement réaffirmé – par la légalité internationale et la doctrine onusienne en matière de décolonisation».

Attaf a également évoqué la question palestinienne, en mettant en exergue «la constance de l’Afrique sur la voie tracée par son leader défunt Nelson Mandela, selon lequel notre liberté en tant qu’Africains demeure incomplète tant que la Palestine n’est pas libre».

Pour rappel, les travaux de cette conférence internationale, organisée sous le haut patronage du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui ont débuté ce dimanche, se poursuivront pendant deux jours.

L’ouverture s’est déroulée en présence du président du Conseil de la nation, Azouz Nasri, du président de l’Assemblée populaire nationale, Brahim Boughali, ainsi que de plusieurs ministres et de représentants du corps diplomatique accrédité en Algérie. 

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