Abderrahmane Hamzaoui, président de l’Observatoire national de la société civile, à el moudjahid : «Plus de 60.000 associations vont voir le jour d’ici à l’année prochaine»

Le président de l’Observatoire national de la société civile revient, dans cet entretien accordé en exclusivité à El Moudjahid, sur des questions importantes. M. Abderrahmane Hamzaoui aborde, notamment, les Assises nationales attendues en octobre prochain, ainsi que les préparatifs, en cours de parachèvement, en prévision de cet important événement qui sera placé sous le haut patronage du président de la République. M. Hamzaoui annonce, dans ce cadre, que la clôture des réunions préparatoires organisées à travers les 58 wilayas aura lieu le 4 août prochain à Alger, et évoque, également, les points forts du mouvement associatif algérien, tout en s’exprimant sur quelques insuffisances à combler dans un proche avenir. Le président de l’Observatoire national de la société civile révèle par ailleurs qu’à la demande des acteurs de la société civile, des sessions de formation seront organisées pour hisser le niveau des associations au rang souhaité. Il est à noter, par ailleurs, que le projet de loi organique sur les associations a, lui aussi, été au menu de cet entretien. M. Hamzaoui met en relief, à ce propos, les nouveautés essentielles à retenir impérativement. Enfin, il fait une brève rétrospective sur les activités de l’observatoire, dans un souci de booster davantage la démocratie participative, à travers les quatre coins du pays, où l’on apprend qu’une édition spéciale consacrée aux recommandations émises en faveur de la promotion de la démocratie participative est actuellement en phase de parachèvement. M. Hamzaoui s’est également exprimé à propos de l’initiative du président de la République, qu’il a vivement saluée, avant d’adresser un message important à la société civile… 

El Moudjahid : Pourriez-vous présenter à nos lecteurs l’institution que vous dirigez ?

M. Hamzaoui : L’Observatoire national de la société civile (ONSC) est un organe consultatif placé auprès du président de la République. Cet organe, qui a été créé dans le cadre des nouvelles réformes, est une institution clairement citée dans la Constitution de novembre 2020. L’organe tend, en fait, à promouvoir la société civile en Algérie avec toutes ses composantes et lui permettre de jouer pleinement ses rôles qui sont extrêmement importants. Il convient de signaler qu’aujourd’hui, le défi principal de la société civile est d’avoir un rôle clé dans la gestion des affaires et de la vie publiques. Cette institution vient, donc, pour permettre à la société civile d’assumer au mieux les missions qui lui sont confiées. Pour ce qui est de l’installation de l’ONSC, il faut savoir qu’il a été installé l’an dernier par le président de la République.

Comment voyez-vous la vie associative, aujourd’hui, dans notre pays ? Quels sont ses points forts et les insuffisances ?

Il faut souligner qu’il y a eu de nombreuses pratiques négatives qui ont nui au mouvement associatif au cours des dernières années. Les associations exerçaient alors d’autres tâches et occupaient d’autres rôles que les leurs. Aujourd’hui force est de constater que les choses ont changé et qu’il existe en Algérie une nouvelle tendance, une nouvelle orientation. Cette tendance qui émane du président de la République, lui-même, et de son programme présidentiel s’est traduite dans les faits: d’abord, par la Constitution ainsi que toutes les instructions qui ont été données par le chef de l’Etat en ce qui concerne l’impérieuse nécessité d’impliquer la société civile dans la gestion des affaires publiques. L’Algérie connaît actuellement un grand dynamisme de la société civile et un renouveau dans les méthodes et les pratiques du mouvement associatif. Cette tendance a d’abord émergé durant la période de la crise sanitaire. Durant cette épreuve, les associations étaient présentes sur le terrain et ont fait un excellent travail face à la pandémie Certes, il y a eu beaucoup d’obstacles et de défis à relever, tels que les locaux devant abriter ces organisations mais aussi le soutien financier, deux volets qui font encore défaut au niveau de plusieurs wilayas. De plus, il y a de nombreux responsables locaux qui ne répondent pas aux doléances des associations de la manière requise. Pour notre part, nous œuvrons au niveau de l’Observatoire à mettre un terme à ces pratiques. Je parle principalement, ici, du problème de bureaucratie.

Qu’en est-il des rencontres déjà initiées ?

Au niveau local, nous avons organisé des rencontres dans la grande majorité des wilayas du pays. Ces rencontres ont permis de connaître et de faire connaître la réalité du mouvement associatif au niveau local et nous faire part de toutes les préoccupations des concernés. Les recommandations émises sont ensuite envoyées aux administrations locales en vue d’y remédier. Par ailleurs, nous avons en tant qu’Observatoire été associés à l’élaboration du nouveau projet de loi organique sur les associations ; un texte qui devrait voir le jour à la faveur de la prochaine année parlementaire. Il faut dire que ce texte de loi est à même de résoudre l’ensemble des problèmes rencontrés par les associations.

Peut-on avoir une idée sur l’étendue du mouvement associatif en Algérie ?

Les dernières statistiques rendues publiques par le ministère de l’Intérieur indiquent qu’il existe, en fait, plus de 120.000 associations, 1.800 d’entre elles sont des associations nationales. Il est à relever que le nombre d’associations ne cesse de croître. Le fait à souligner est que la chose la plus importante devant être apportée par le projet de loi organique sur les associations est que ce texte prend en charge de nombreux problèmes, en particulier celui relatif à la création des associations qui nécessitait auparavant des procédures compliquées à travers des dossiers et une longue attente pour créer l’organisation concernée. Aujourd’hui, la Loi fondamentale du pays et le texte de loi organique sur les associations viennent régler définitivement ce problème, de sorte que ceux qui veulent créer des associations peuvent exercer leur activité juste après le dépôt du dossier.

Vous venez de citer quelques nouveautés apportées à la faveur de l’avant-projet de loi organique relative aux associations. Pourriez-vous nous en citer d’autres en perspective ?

Ce qui est nouveau dans ce texte c’est que le dossier de création d’une association est vraiment léger. Il ne comprend que la demande, des informations nécessaires sur les membres fondateurs et les objectifs de l’association. La nouvelle loi attendue a sur un autre plan donné de larges libertés et initiatives aux associations dans leur fonctionnement. En d’autres termes, il n’y aura plus aucune possibilité d’ingérence de la part de l’administration, et dans le cas où il y aurait un éventuel différend ou des problèmes, le juge en sera saisi. Même la dissolution ou la suspension de l’activité ne se fera plus par décision administrative. Le litige sera résolu par le tribunal administratif, ce qui laisse une grande marge de liberté à la société civile dans son ensemble. Il existe d’autre part un autre problème mentionné par le projet de loi organique et qui est relatif à la question des associations étrangères. Autrefois, il y avait des problèmes dans ce sens, mais à l’avenir, la nouvelle loi organique attendue va encadrer le processus de coordination entre les associations locales et les associations étrangères, notamment dans le cadre d’échanges et de jumelages ainsi que dans le cadre du financement. Pour tout dire, ce nouveau texte contrôle l’ensemble du processus, et c’est ce qui est le plus important.

Vous avez déclaré que le nombre d’associations est en constante augmentation. Avez-vous une estimation sur le nombre d’associations qui pourraient voir le jour à court ou à moyen terme ?

Avant de répondre à cette question, je dois dire que la scène nationale a besoin aujourd’hui, et plus que jamais, d’un nombre beaucoup plus important d’acteurs de la société civile. Selon nos prévisions, plus de 60.000 associations vont voir le jour d’ici l’année prochaine. Il est à indiquer que de nombreuses associations qui n’exerçaient plus vont connaître, prochainement, la relance de leurs activités. Le principe de base sur lequel s’appuie le nouveau texte attendu est d’offrir des facilitations aux associations et de créer l’environnement propice pour que ces dernières puissent exercer dans les meilleures conditions possibles. Aussi et compte tenu des missions de l’Observatoire, les associations recevront beaucoup de soutien, d’encouragements et de motivation pour optimiser leur travail.

Un grand rendez-vous de la société civile est prévu pour l’automne prochain ; les assises nationales…

Les assises nationales sont venues pour réunir et rassembler toutes les composantes du mouvement associatif avec ses diverses spécialisations qu’il s’agisse d’associations locales ou nationales. Elles devraient également voir la présence d’un certain nombre d’instances internationales concernées par le travail de la société civile ainsi que des invités issus de nombreux pays qui participeront à ces assises devant se dérouler en octobre prochain. Notre objectif principal est d’élaborer une nouvelle stratégie pour le travail de la société civile en Algérie pour les besoins de la période actuelle, surtout avec les nouvelles mutations enregistrées ainsi que l’autonomisation de la société civile. Il s’agit aussi de poser de nouveaux fondements pour le travail de la société civile en Algérie. Ces fondements et ces axes de travail découleront des associations elles-mêmes qui participeront, en force, à ces assises. Ces assises se dérouleront sous forme d’ateliers qui vont étudier les questions liées aux associations. Il y aura également le précieux apport de brillants experts et universitaires ayant à leur actif des travaux de recherche dans différents domaines de la société civile. Bien entendu, les séances seront placées sous le haut patronage du président de la République, sachant que c’est lui qui a, de tout temps, soutenu et encouragé le mouvement associatif. De notre côté, nous veillons à faire de ce rendez-vous un grand événement national. Ce sera un nouveau départ pour la vie associative en Algérie.

S. G.

 

 

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