Abdelaziz Medjahed, directeur de l’INESG : «Le Hirak n’a pas réussi à dégager un programme»

Ph. Y. Cheurfi
Ph. Y. Cheurfi

La cybercriminalité, un moyen moderne de mener une guerre

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Invité mardi au Forum du quotidien El Wassat, Abdelaziz Medjahed, directeur de l'Institut national des études de stratégie globale (INESG) a considéré que la guerre électronique est une guerre psychologique pour manipuler l’opinion.

Pour le directeur de l’INSEG, «l’information censée être un service public est aujourd’hui l’outil de la nouvelle guerre psychologique dans la mesure où elle peut servir de prélude à un conflit, une menace par la simple désinformation, notamment dans le contexte mondial actuel où l’on assiste à une explosion des nouvelles technologies et où les lobbies, qui contrôlent les grands médias, ne reconnaissent ni paix ni stabilité, dans leur course pour sauvegarder leurs intérêts géopolitiques». Affirmant l’importance de mettre la lumière sur la guerre médiatique dont l’Algérie est la cible depuis plusieurs mois, il évoque l’impératif de décoloniser les mentalités et les esprits et insiste sur l’intérêt que «les médias doivent se focaliser sur l’essentiel et ne pas se concentrer sur l’accessoire, en posant la question de savoir qui se cache derrière ces stratégies de manipulation ciblée». Sur le concept de printemps arabes, il procède à une interprétation historique et évoque les slogans du Hirak lors de ses premiers mois où justice, liberté et démocratie étaient les maîtres mots. Le directeur de l’INESG explique que le citoyen est un acteur important au sein de
l’Etat ; chacun doit assumer sa citoyenneté en participant à la vie politique et à la prise des décisions. Medjahed note, en réponse à une question sur les prochaines élections, qu’un citoyen lucide, informé et conscient des intérêts du pays devrait savoir choisir ses représentants auxquels il délègue une part de responsabilité dans l’adoption de lois et la gestion des affaires de la cité dans un cadre de démocratie participative et collaborative. S’agissant de la question de la participation de l’ANP à des opérations à l’étranger, Medjahed rappelle que «la participation de l’Armée en dehors des frontières du pays relève de la décision souveraine, conformément aux dispositions de la Constitution». Et d’ajouter que cette participation est soumise à des conditions légales dans le cadre de la préservation de la stabilité et la préservation de la paix. Le déploiement de l’ANP en dehors des frontières ne remet nullement en cause la doctrine de non-ingérence de l’Algérie dans les affaires internes des Etat,s soutient le directeur de l’INESG. Insistant sur l’importance du rôle que joue l’élite «qui doit assumer le devoir d’éclairer de guider et d’encadrer l’opinion publique», M. Medjahed s’est exprimé sur le mouvement populaire en déclarant que «le Hirak est respectable et matérialise l’expression populaire et doit être entendu. C’est le peuple qui s’exprime en toute souveraineté, mais il est temps de faire la décantation et faire émerger les meilleurs parmi nous». Il ajoute que le Hirak n’a pas encore réussi à dégager un programme.
Tahar Kaidi

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La cybercriminalité, un moyen moderne de mener une guerre

«Le mouvement du Hirak, né en février 2019, est respectable car exprimant une volonté populaire (...), mais il n’a pas encore réussi à dégager un programme, afin de faire aboutir ses revendications», a déclaré
M. Medjahed, lors de son passage au Forum du quotidien El Wassat.
Il a justifié ce constat par «le déficit en citoyenneté des élites sensées émerger de ce mouvement et sur lesquelles incombe le devoir de guider, d’éclairer et d’encadrer les manifestants».
Abordant les menaces auxquelles l’Algérie fait face, depuis quelques temps, par le biais de la cybercriminalité, le responsable de l’INESG a estimé que cette dernière «est un moyen moderne de mener une guerre», avant d’ajouter que le voisin marocain mène également, contre notre pays, un «véritable crime» sur le plan culturel et patrimonial.
Il a cité, à ce sujet, la stèle de Juba II, le roi de Mauritanie, natif de la ville algérienne d’Annaba, qui a été exposé à Dubaï, Paris et New-York et présentée comme étant un roi marocain, rappelant que l’épouse de cette figure historique est enterrée dans le célèbre «Mausolée royal de Mauritanie», plus connu sous l’appellation du «Tombeau de la Chrétienne (près de Tipaza). Sur le plan historique, a-t-il souligné, le Maroc insiste sur l’aide apportée à l’Algérie pour le recouvrement de son indépendance, tout en occultant, dans le même sillage, d'évoquer le Manifeste du peuple marocain (1944), inspiré du Manifeste du peuple algérien (1943), ainsi que la contribution des héros de la Révolution algérienne que sont Larbi Ben M’hidi et Mohamed Boudiaf à la création de l’armée de Libération marocaine», a-t-il poursuivi. Mettant en garde contre «les dangers de la propagande et de la manipulation de l'opinion publique», M. Medjahed a déploré «l’occultation de la répression marocaine, menée en 2010 contre les militants sahraouis du camp de Gdeim Izik à El-Ayoun occupée, et ce, à quelques mois du déclenchement du «printemps arabe» en Tunisie».
Revenant, enfin, sur la question de la présence de l’Armée nationale populaire (ANP) en dehors des frontières du pays, l’hôte d'«El Wassat» a rappelé que celle-ci ne se fera que «conformément aux lois internationales et après aval du Parlement».

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