
L’ascension prodigieuse de la Chine à telle enseigne que ce géant asiatique est qualifié «d’atelier du monde» de par son dynamisme économique à l’international, signe inexorablement la fin de l’époque où les décisions mondiales étaient dictées par un petit groupe de pays occidentaux. C’est ce qu’affirme le DG de l’Institut national des études stratégiques globales (Inesg ), Abdelaziz Medjahed dans une déclaration à El Moudjahid. La Chine en tant que nouvelle puissance économique impactera inévitablement sur les rapports internationaux, ce qui donnera naissance à un nouvel ordre mondial, «deux discours clés du président chinois accréditent cette thèse». Le premier est celui prononcé lors du dernier sommet du G20 où M. Xi Jinping a clairement soutenu à l’endroit des occidentaux la fin de leur statu quo sur le monde et que «pour le temps présent et à venir, l’ensemble des Etats, quelle que soit leur taille ou leur poids sur la scène internationale ont leur mot à dire pour dessiner l’esquisse du nouvel ordre mondial». Le second discours auquel se réfère notre interlocuteur remonte à moins de deux mois et en cette occasion le président XI Jinping avait annoncé la victoire de son pays contre la pauvreté. L’on retient de ces rappels du DG de l’INESG que la Chine a manifestement rebattu les cartes mondiales ce qui augure d’une profonde reconfiguration des rapports internationaux. Qu’en est-il des conséquences pour l’Algérie dont l’excellence des rapports avec la Chine s’est traduite par la consolidation des relations d’amitié et de coopération, objet d’ailleurs d’un partenariat stratégique global signé entre les deux pays en 2014 ? Dans sa réponse le DG de l’Inesg dira que «de par sa position géographique et géostratégique, l’Algérie sera présente sur la scène internationale quelle que soit la puissance qui domine le monde». Partant et face à ce nouveau contexte objet de profondes mutations, «l’Algérie, si elle est forte, bénéficiera d’un statut d’allié et si elle est faible, elle ne sera considérée que tel un sujet». «Cela dépend donc de nous en tant qu’Algériens. Si nous voulons peser sur la balance des relations internationale, nous sommes tenus d’édifier un Etat fort avec des lois justes respectées par tous». La consécration de cet objectif «sera d’abord et avant tout le résultat de citoyens conscients et responsables. A une autre question sur la position des pays membres du G7 pour lesquels l’ascension de la Chine semble menacer les intérêts au point de décider d’y faire face, comme cela a été évoqué, notamment lors de leur dernière réunion en Angleterre, notre interlocuteur affirme que les concernés ne sont plus désormais en mesure de contrecarrer la montée en puissance de la Chine. Les membres du G7 ont plié l’échine et ce qu’ils proposent comme modèle de (re) conquête du monde est similaire au projet de la Route de la soie de la Chine. La puissance économique de la Chine est de plus en plus appuyée dans le monde a souligné M. Medjahed mettant en relief que l’évolution du partenariat chinois à l’international repose sur le principe gagnant-gagnant contrairement aux autres pays occidentaux où l’égoïsme règne. Lancé en 2013, le projet de la Route de la soie portant essentiellement sur le financement des infrastructures de base, de l’Asie à l’Europe, jusqu’en Afrique a déjà suscité l’adhésion d’une centaine de pays qui ont signé des accords avec Pékin. Baptisé «Build Back Better world», (mieux construire le monde), le contre-projet du G7 se décline sous formes de partenariats à développer avec les pays à revenus faibles et intermédiaires pour combler leurs besoins en infrastructures estimés à 40 milliards de dollars d’ici à 2035.Toutefois ce contre-projet serait déjà «fissuré» par des divergences entre ses membres. En effet, selon des experts des relations internationales, si la Grande-Bretagne, le Canada et la France ont rapidement soutenu le point de vue des USA quant à la mise en application d’un plan d’action visant «la contestation de l’hégémonie chinoise, d’autres pays du G7 se sont montrés plus hésitants sur la manière d’agir, par peur de s’attirer l’hostilité de Pékin. «L’Allemagne, qui exporte chaque année des millions de voitures vers la Chine, fait partie des alliés qui craignent qu’une position ferme contre la Chine ne se retourne contre eux. Le Japon, voisin et partenaire commercial de la Chine, s’est également montré méfiant. Quant à l’Italie, elle a elle-même signé en 2019, un protocole d’accord avec la Chine pour rejoindre son projet de nouvelle Route de la soie» .
Karim Aoudia