Intervenant, en visioconférence depuis Genève à l’ouverture de la Conférence ministérielle africaine sur la production locale des médicaments, le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a rendu un hommage appuyé à l’Algérie, soulignant que le pays constitue «un exemple pour le reste de l’Afrique et du monde».
«L’Algérie se distingue comme un pilier incontournable dans l’édification d’une industrie pharmaceutique africaine robuste », a-t-il dit adressant ses vifs remerciements au Président Tebboune pour l’initiative d’avoir organisé cette conférence sus-évoqué qu’il a qualifiée d’importance stratégique, ainsi qu’au Premier ministre Sifi Ghrieb pour son leadership, rappelant leur récente rencontre à Johannesburg lors du G20. Tedros Adhanom Ghebreyesus a rappelé que la pandémie de COVID-19 a révélé la vulnérabilité structurelle du continent face à une concentration mondiale de la fabrication dans un nombre réduit de pays, provoquant des inégalités profondes dans l’accès aux vaccins et aux produits de santé.
Les épidémies de mpox (anciennement appelé la variole du singe), d’Ebola ou encore de maladie à virus Marburg, de même que la persistance du paludisme et de la tuberculose, ont encore accentué cette fragilité. Pour le DG de l’OMS, développer la production nationale et régionale n’est plus une option mais une condition indispensable pour renforcer la préparation et la réponse aux crises sanitaires. Il a par ailleurs énuméré les actions déjà entreprises par l’OMS pour soutenir les États membres.
Depuis 2021, trois Forums mondiaux sur la production locale ont été organisés, affirmant cette thématique comme un axe stratégique majeur. La même année, l’OMS a lancé le programme de transfert de technologie ARNm, installé au Cape en Afrique du Sud, qui partage désormais son expertise avec quinze pays partenaires. En parallèle, l’initiative mondiale de formation des travailleurs de la bioproduction, appuyée par un centre basé en République de Corée, a déjà permis de former plus de 7.000 professionnels à travers le monde. Sur la réglementation, l’OMS accompagne les pays via son outil d’évaluation mondiale couvrant neuf fonctions clés.
À ce jour, neuf autorités africaines ont atteint le niveau de maturité réglementaire 3, et d’autres, dont l’Algérie, bénéficient d’un soutien renforcé pour consolider leurs capacités. Le DG de l’OMS a conclu son allocution en réaffirmant l’engagement indéfectible de l’OMS à accompagner les pays africains saluant « l’engagement ferme de l’Algérie en faveur du droit à la santé ».
K. A.
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Mohamed Yaâcoub Jenabi, directeur régional de l’OMS Afrique : «Il faut tirer profit de l’expérience algérienne»
Mohamed Yacoub Jenabi, a affirmé que « l’Algérie, qui a toujours été un symbole de solidarité africaine, est aujourd’hui le symbole d’une nouvelle ère de souveraineté sanitaire ». Il a souligné que le renforcement de la production pharmaceutique locale n’est plus une option mais une nécessité, dans un continent qui importe encore entre 70 et 90% de ses médicaments finis, 99% de ses vaccins ainsi que la majorité de ses principes actifs. Il a insisté sur l’urgence, pour les pays africains, de bâtir une souveraineté sanitaire réelle en mobilisant leurs capacités industrielles, scientifiques et humaines.
Dans le même esprit, il a souligné : « Nous espérons que tous les pays africains pourront tirer profit de l’expérience algérienne dans le renforcement de la production locale de médicaments. Cette démarche n’est pas un choix, mais un impératif incontournable. » Le représentant de l’OMS pour la région Afrique n’a pas mâché ses mots. « L’Afrique ne pourra garantir la santé de ses populations que si elle renforce son unité et maîtrise sa production pharmaceutique », a-t-il affirmé rappelant que malgré les résolutions adoptées en 2021 pour encourager la production locale de médicaments, de vaccins et de technologies de santé, la situation reste préoccupante. « Le continent dépense chaque année près de 51 milliards de dollars en importations liées à la santé », a-t-il conclu.
S. B.
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Ouverture du Salon CLINVEST EXPO : 100 exposants à l’honneur
Le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Ouacim Kouidri, et le ministre de la Santé, Mohamed Seddik Aït Messaoudène, ont coprésidé, jeudi dernier au Palais des expositions d’Alger, l’inauguration du Salon algérien des soins de santé CLINVEST EXPO, organisé en marge de la Conférence ministérielle africaine sur la production locale de médicaments et autres technologies de santé. Près de 100 exposants étaient au rendez-vous pour présenter leurs innovations et solutions dans le domaine de la santé. La cérémonie s’est déroulée en présence des ministres et représentants des ministères de la Santé des pays africains participants, ainsi que des membres du corps diplomatique accrédité en Algérie.
En effet, le salon rassemble un large éventail d’acteurs : entreprises nationales spécialisées dans la fabrication de médicaments et de dispositifs paramédicaux, groupements professionnels, banques et établissements de soutien aux projets, ainsi que des organismes présentant des plate-formes avancées en matière de recherche, développement et digitalisation dans le secteur pharmaceutique. Au programme de cette manifestation figurent des panels et tables rondes consacrés à la modernisation du cadre réglementaire, à la facilitation des échanges et à l’harmonisation des procédures d’enregistrement des médicaments à l’échelle africaine. Les sessions scientifiques explorent des thématiques spécialisées telles que les dispositifs médicaux, l’oncologie, les produits diagnostiques ainsi que l’évaluation de la production nationale de médicaments anticancéreux. Organisé sous l’égide du ministère de la Santé, du ministère de l’Industrie pharmaceutique et du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), le Salon se tiendra jusqu’à aujourd’hui et devrait attirer près de 9.000 visiteurs.
La Conférence ministérielle africaine, qui se tient au Centre international de conférences Abdelatif Rahal, se déroule sous le haut patronage du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et a été inaugurée par le Premier ministre, M. Sifi Ghrieb. Placée sous le thème « Une industrie pharmaceutique locale pour une Afrique intégrée et forte », elle a pour objectif de consolider la coopération africaine dans le domaine pharmaceutique et des dispositifs médicaux, en favorisant des partenariats stratégiques garantissant aux populations du continent un accès pérenne aux soins et au développement.
S. B.
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Souveraineté sanitaire et indépendance pharmaceutique : l’oncologie, un levier stratégique
L’Algérie connaît depuis quelques années une dynamique sans précédent dans le développement de sa production pharmaceutique, en particulier dans le domaine de l’oncologie. Face à une demande croissante en traitements anticancéreux, la capacité du pays à produire localement des médicaments innovants n’est plus seulement un enjeu économique : elle est devenue une question de souveraineté sanitaire. Produire en Algérie, c’est réduire la dépendance aux importations, améliorer l’accessibilité aux traitements et sécuriser l’approvisionnement pour des milliers de patients. L’oncologie, secteur extrêmement technique, nécessite des outils industriels de pointe, une expertise scientifique robuste et une vision stratégique capable d’accompagner la transformation du système de santé. Dans ce contexte, la participation des laboratoires nationaux aux salons et événements spécialisés joue un rôle crucial. Clinvest Expo 2025, comme d'autres rendez-vous du même niveau, s’inscrit ainsi dans une démarche stratégique permettant à l’industrie pharmaceutique locale de consolider sa place au cœur des priorités nationales, notamment dans la lutte contre le cancer. Parmi les acteurs engagés dans cette transformation et présents lors de ce salon figure Orion LAB, laboratoire créé en 2018 dans la zone industrielle de Hassi Ameur à Oran, dédié à la recherche, la production et la distribution de médicaments de qualité. Actif depuis plusieurs années dans différentes aires thérapeutiques, son portefeuille couvre une quinzaine de types de cancers parmi les plus répandus en Algérie, ainsi que plusieurs pathologies chroniques et maladies rares. Avec près de 40 médicaments actuellement disponibles, sous formes sèches et injectables, il poursuit sa croissance. Plusieurs nouveaux traitements sont aujourd’hui en cours d’enregistrement, confirmant la volonté du laboratoire de renforcer encore la production nationale et de mettre l’innovation pharmaceutique au service des patients algériens.