
Les combats au Soudan «sont en train de rapidement transformer une crise humanitaire déjà grave en catastrophe», a alerté l’adjointe du secrétaire général de l’ONU pour les Affaires humanitaires, Joyce Msuya. «Ce qui se passe au Soudan depuis le 15 avril, lorsque des affrontements entre les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont éclaté, est un cauchemar pour les citoyens ordinaires et les travailleurs humanitaires», a-t-elle dit lors d’une réunion, mardi dernier, du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation au Soudan.
«Même avant le 15 avril, les besoins humanitaires au Soudan atteignaient un niveau record. Jusqu’à 15,8 millions de personnes, soit un tiers de la population du pays, avaient besoin d’aide humanitaire. Quatre millions d’enfants et de femmes enceintes et allaitantes souffraient de malnutrition. Quelque 3,7 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays», a-t-elle noté.
«Ce conflit ne fera pas qu’approfondir ces besoins. Il menace également de déclencher une toute nouvelle vague de défis humanitaires. Les combats entravent massivement et mettent en péril les opérations d’aide. Une crise humanitaire est en train de se transformer rapidement en catastrophe», a-t-elle averti.
Par ailleurs, Mme Msuya a rappelé que l’»engagement de l’ONU envers le peuple soudanais reste résolu même si la situation est extrêmement dangereuse et alarmante», ajoutant que l’ONU «explore ses moyens de reconstituer les stocks afin de pouvoir fournir de l’aide à ses partenaires à Port-Soudan et ailleurs, dès qu’il sera possible de le faire en toute sécurité».
L’ONU fait fonctionner un centre à Nairobi, au Kenya, pour soutenir sa réponse rapide, et se prépare à l’afflux de réfugiés dans les pays de la région, a-t-elle rappelé.
Et de préciser encore: «Ce dont le peuple soudanais a besoin, ce dont nous avons besoin pour parvenir jusqu’à lui, c’est d’un cessez-le-feu immédiat et d’une solution durable à la crise».
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Syndicat des médecins :
72% des hôpitaux dans les zones d’affrontement ne fonctionnent pas
72% des hôpitaux au Soudan, notamment ceux situés dans les zones d’affrontements entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ne fonctionnent pas, selon le syndicat des médecins soudanais. Au 25 avril, correspondant au onzième jour du début des combats, «72% des hôpitaux adjacents à nos zones d’affrontements confinées sont hors service», indique le syndicat dans un communiqué.
La source indique en outre que «sur 82 hôpitaux de base de la capitale et des Etats, 59 sont à l’arrêt», ajoutant que «14 hôpitaux ont été bombardés et 19 autres ont été évacués de force». Sur ces 82 hôpitaux, 23 sont totalement ou partiellement opérationnels, mais certains ne fournissent que des services de premiers secours, et sont également menacés de fermeture en raison du manque de personnel médical, de fournitures médicales, d’eau et d’électricité, selon le syndicat.
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OMS :
Laboratoire occupé au Soudan : «Evaluation» des risques en cours
Une «évaluation approfondie des risques sanitaires» est en cours après la prise d’un laboratoire par l’une des parties combattantes dans la capitale soudanaise, où se trouvent des échantillons d’agents pathogènes très contagieux dont la rougeole, a indiqué l’OMS hier.
«L’équipe sur le terrain, ainsi que nos équipes chargées des risques biologiques et de la biosécurité, procèdent à une évaluation approfondie des risques», a indiqué le Dr Michael Ryan, chargé du programme OMS de gestion des situations d’urgence sanitaire, lors d’une conférence de presse à Genève. «Les techniciens n’ont plus accès au laboratoire, ce qui signifie que le laboratoire n’est plus en mesure de remplir sa fonction normale de diagnostic et de référence. Nous craignons également que les personnes qui occupent le laboratoire ne soient accidentellement exposées aux agents pathogènes qui y sont stockés», a déclaré le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.
L’OMS cherche à obtenir davantage d’informations et procède à une évaluation des risques, a-t-il insisté.
La veille, le représentant de l’OMS au Soudan, le
Dr Nima Saeed Abid, avait alerté sur le «risque biologique énorme» que pose la prise de ce laboratoire dans la capitale soudanaise, où des affrontements ont éclaté à la mi-avril.
Mardi dernier, l’OMS avait indiqué que ce laboratoire contenait des échantillons d’agents pathogènes de la rougeole, du choléra et de la poliomyélite.
Le Dr Olivier le Poulain, un des responsables de la réponse de l’OMS à la crise soudanaise, a expliqué hier pendant la conférence de presse qu’il y avait également des échantillons du SARS-CoV-2 (agent pathogène responsable du Covid-19) et de la tuberculose, en particulier la tuberculose multirésistante. «Bien sûr, nous travaillons avec nos collègues dans le pays pour mieux comprendre la situation», a-t-il dit.