
Entretien réalisé par Amar B.
Ali Malek, président de la Ligue nationale de football amateur (LNFA), revient, dans cet entretien, sur la situation de la Ligue 2 dont les clubs ne sont toujours pas autorisés à reprendre les entraînements. Selon le président de la LNFA, la crise sanitaire les empêche d’avoir une visibilité suffisamment claire pour pouvoir établir un calendrier de reprise. À l’entendre parler, ce n’est pas demain la veille que les clubs pourront commencer à s’entraîner.
El Moudjahid : Les clubs de Ligue 2, dont vous êtes en charge, ne sont toujours pas autorisés à reprendre les entraînements. Avez-vous, à la LNFA, une idée sur la date de reprise et est-ce que la crise sanitaire, qui présente encore des chiffres de contamination inquiétants, ne va-t-elle pas encore une fois prolonger le gel de cette division ?
Ali Malek : Actuellement, et ce n’est pas propre à l’Algérie, personne n’a l’autorité de décider des activités de son secteur sans l’accord du conseil scientifique. Aujourd’hui, c’est lui qui régule la vie sociale dans tous les domaines, qu’ils soient politique, économique ou sportif… Au moment où je vous parle, nous n’avons pas reçu le feu vert pour reprendre. Nous aurions aimé que les clubs de Ligue 2 reprennent les entraînements vers le 10 octobre. Malheureusement, ça ne s’est pas fait. Le ministère nous a demandé de patienter encore et on patiente.
La situation est ce qu’elle est. On n’a franchement aucune visibilité sur les dates de reprise, ni comment procéder. Comme vous le savez, les tests PCR sont coûteux et ne sont pas disponibles tout le temps en quantités suffisantes, sachant que chaque club doit tester pas moins d’une quarantaine de personnes avant chaque journée de championnat. Ajoutez-y le service de sécurité, les officiels et tous ceux qui seront autorisés à accéder au stade les jours de matches… ce n’est vraiment pas évident.
Les clubs ont-ils les moyens de faire face à ces frais supplémentaires et appliquer rigoureusement le protocole sanitaire, sachant que des clubs de Ligue 1 mieux lotis financièrement rencontrent des difficultés aujourd’hui ?
Tous les clubs veulent reprendre ! Ils disent qu’ils peuvent le faire. Mais au regard de l’évolution de la situation sanitaire et de leurs moyens, je le dis franchement, sans l’aide de tous, ils ne pourront pas reprendre. Il faut la contribution des autorités locales. Il ne suffit pas de bien vouloir. La situation ne nous permet pas de faire dans l’improvisation. Les données évoluent tout le temps. Tu as beau dire j’ai les moyens financiers et la volonté pour y faire face, demain ces mêmes données changeront. C’est inéluctable. Il ne s’agit pas seulement de reprendre et advienne que pourra ! Il est question de santé publique et cela nécessite une mobilisation sans faille de tous les instants. Il suffit d’un petit relâchement et la situation pourrait déborder.
Y a-t-il des risques, au regard des données actuelles, que le coup d’envoi du championnat soit reporté, voire carrément annulé ?
Impossible d’anticiper. Encore une fois, personne ne peut prédire comment les choses évolueront d’ici là. Au niveau de la Ligue, notre mission est l’organisation et le suivi des championnats des différentes divisions affiliées. Nous n’avons ni la compétence, ni le pouvoir de décision pour reporter ou annuler la reprise du championnat. Ceci est du ressort de la commission médicale et des pouvoirs publics. Il n’y qu’à voir comment les plus grands clubs du monde souffrent pour cohabiter avec cette crise pour se rendre compte que ça ne va pas être une simple formalité.
Avez-vous établi un calendrier de la compétition ?
Pas encore. On doit d’abord connaître les dates de reprise des entraînements et du championnat pour être fixés. Ce n’est qu’une fois ces dates connues qu’on établira notre calendrier. Il ne s’agit pas seulement de mettre un tel club contre un tel club…Ce qui est sûr, c’est que la Ligue, la Fédération et les pouvoirs publics ne lâcheront pas les clubs. On les accompagnera du mieux qu’on pourra pour surmonter cette difficile épreuve.
Les clubs commencent à s’impatienter et il y a même des entraîneurs qui demandent à reprendre sous prétexte que les joueurs sont à l’arrêt depuis plus de huit mois…
On les comprend. C’est tout à fait légitime qu’ils veuillent reprendre. Mais la priorité actuellement est la santé publique. Nous avons tous le devoir de protéger nos concitoyens, chacun à son niveau avec ses moyens. Le sport en général et le football en particulier pourront attendre le temps qu’il faudra. Car ce qui importe au final c’est de reprendre dans les meilleures conditions.
On croit savoir que vous allez rouvrir incessamment la fenêtre mercato pour permettre aux clubs de Ligue 2 de recruter encore ; le confirmez-vous ?
En effet. Vu que beaucoup de clubs ont rencontré des difficultés à enregistrer leurs joueurs durant les dernières heures du mercato en raison de la saturation du système, on a décidé au cours d’une réunion, hier, (dimanche, ndlr) de rouvrir le mercato pour leur permettre de compléter leurs effectifs.
A. B.