
Pour célébrer la fête religieuse d’El-Maoulid Ennabaoui, certains ont préféré se rendre au sud du pays. Il y a ceux qui ont choisi Béni Abbas et d’autres Taghit, avec ses randonnées et ses nuits en bivouac.
Les festivités du Mawlid Ennabaoui coïncidant avec la commémoration du 1er Novembre, les Algériens ont profité d’un long week-end qui leur a permis de découvrir le tourisme «Made in Bladi». Alors que les frontières aériennes, maritimes et terrestres du pays demeurent fermées à ce jour, les agences de voyages sont autorisées à reprendre leurs activités dans le tourisme intérieur. En effet, après des mois de confinement qui a laissé des traces tant sur le plan psychologique que financier, c’est désormais l’heure des vacances. Les Algériens, dont l’été a été tronqué par le spectre de la pandémie, ne se sont pas fait prier pour se donner un peu d’air. Certains profitent de l’exceptionnel long week-end pour décompresser en se rendant notamment à la plage, au Sud ou dans les montagnes. Ce sont les seuls endroits bondés ces jours-ci alors qu’Alger et ses ruelles étaient… désertées. Les routes ont respiré tout au long de ce long week-end au grand bonheur des habitants de la capitale qui ne sont pas partis mais qui ont eu en guise de vacances… des embouteillages.
Partis à l’aventure, des jeunes ont pris leurs sacs à dos à destination du Sud. Sous une kheïma installée au pied des dunes, une centaine de personnes bien emmitouflées dégustent un couscous aux légumes. Au Sahara, les nuits sont fraîches en cette période de l’année, et la veillée du Mouloud de ce 28 novembre ne déroge pas à la règle. Alors, pour oublier les bouts des doigts frigorifiés, les convives font connaissance. Salma et sa sœur Meriem sont parties d’Alger. C’est leur premier Mouloud dans le Sud et la première fois à Taghit; une magnifique petite oasis du Grand Erg occidental, à 1.100 kilomètres, au sud-ouest d’Alger, dans la wilaya de Béchar. Comme elles, la plupart des touristes, logés à la maison d’hôtes Dar Terrehut, un petit complexe de huttes en terre à la sortie de la ville, viennent de la capitale ou des grandes villes du nord. Quelques habitués sont de retour, mais la majorité s’est aventurée à la conquête des charmes de «L’Enchanteresse», en famille, entre amis surtout et même entre collègues. Autour du plat de semoule concocté par des cuisinières locales, les discussions tournent autour des spécialités régionales du Mouloud. «Notre voyage à Béchar est en premier lieu pour fêter le Mawlid Ennabaoui, mais c’est aussi une échappatoire pour oublier la pression de la pandémie», affirme Salma. «Nous sommes complètement déstabilisés avec cette pandémie qui nous a obligés à nous confiner durant plus de sept mois», renchérit sa sœur Meriem. «Il fallait que l’on fasse un break pour reprendre notre vie sociale», nous dira cette dernière qui va fêter ses 18 ans dans quelques jours et prépare son bac… Alors, le mieux était de prendre une bouffée d’oxygène avant la rentrée scolaire. Samy, ou plutôt Sam, comme aiment l’appeler ses amis, a préféré la conquête du Djurdjura. Tikjda, qui est devenue une destination de pèlerinage pour les amoureux du camping, est déjà prise d’assaut par des jeunes qui ne pouvaient imaginer un jour pouvoir bivouaquer en Algérie. «Avec des amis, on a profité de ce long week-end qui s’annonce des plus ensoleillés». Sam et son groupe mixte ont installé leur campement au «Chalet du Kef». Ce groupe de passionnés précise que «la sécurité et la gentillesse des gens du Djurdjura qui les ont accueillis à bras ouverts ont fait que ces merveilleuses montagnes sont devenues très prisées par les amoureux de la nature et amateurs de bivouac». «Un événement gratuit qui se paye par la bonne ambiance, la fraternité et le respect de la nature», notent-ils.
Au cœur de l’histoire
Au programme, randonnées, escalades, alpinisme, cyclisme, photographie… «Bref, on a passé une nuit inoubliable», soutiennent-ils. Cette nouvelle tendance du bivouac est de plus en plus prisée par les agences et les groupes de jeunes qui proposent ces sorties moyennant des sommes presque symboliques. «Cela va de 2.000 à 5.000 DA par week-end, repas et équipements compris», indique un jeune qui a l’habitude de participer à ce type d’activités. D’autres ont préféré partir à l’aventure pour ce long week-end du 1er Novembre, là où tout a commencé, c’est-à-dire en plein milieu des Aurès où a été tirée la première balle déclenchant la Révolution. Il était bien évidemment question de visiter les sites historiques, mais pas seulement, avec une virée aux ruines de Timgad, au tombeau d’Imadghassen, aux balcons du Ghoufi et à M’chounèche. Une belle expérience pour plonger en plein cœur de notre histoire millénaire.
Sihem Oubraham