Repères: Tragédie banalisée

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Tragédie banalisée
 
Par K. Oulmane
 
lLes nouvelles mesures d’annulation de la suspension du retrait du permis de conduire, qui impactaient lourdement le conducteur et le travail des services sécuritaires et administratifs, constituent indéniablement une mesure salutaire dans le sens où les efforts seront véritablement orientés vers la lutte contre l’insécurité routière. Un phénomène malheureusement  intégré dans la vie courante et qui, pourtant, fauche chaque année, avec la régularité d’un métronome, quelque 4.000 vies - soit plus que le séisme à Chlef - et que l’on accepte comme une sorte de tribut à payer à la motorisation croissante de la société. Le retrait immédiat du permis, quelle que soit la gravité de l’infraction commise ,censé être une sanction dissuasive, outre le paiement de l’amende, ne contribuait en fait qu’à pénaliser le conducteur surtout s’il habite dans une autre wilaya et par là même l’administration qui gérait l’opération de récupération par voie de commissions, avec ce que cela supposait comme manoeuvres, en termes de corruption et de passe-droit, pour récupérer le précieux sésame, sans compter les permis qui se perdaient entre deux wilayas. À contrario, si la mesure tend à introduire une certaine équité dans la sanction, s’agissant des conducteurs qui n’ont pas commis de faute grave, elle arrange cependant les chauffards prêts à payer l’amende, à n’importe quel prix, et continuer à rouler sans être inquiétés, d’où la nécessité d’aller, au plus tôt, vers le permis à points.
N’ayons pas peur de le dire, la mesure ,qui a pourtant duré, n’était pas réellement dissuasive dans le sens où de nombreux contrevenants continuaient à rouler sans permis, risquant d’autres sanctions, sous le poids de la contrainte professionnelle, familiale ou autre. Comment réduire dès lors la fréquence et la gravité des accidents de la circulation qui endeuillent chaque année des millions de famille, grevant lourdement le budget de la collectivité en termes de frais médicaux, d’hospitalisation, de primes d’assurance, de victimes clouées à vie dans un fauteuil, de dégâts causés aux infrastructures… 
Quant à la douleur des familles brisées, qui pourra la quantifier ?
Il n’existe pas de solutions miracles dans le triptyque homme-machine-environnement. L’homme est le premier, pour ne pas dire le seul, responsable lors d’accident de la route. La répression, notamment par le retrait systématique du permis, quelle que soit la nature de l’infraction, a largement montré ses limites et le nombre quotidien de victimes en est une preuve patente. Elle n’est pas toujours adaptée à la spécificité de la conduite sur nos routes et à la psychologie du conducteur algérien qui peut aller jusqu’à tuer si vous ne le laissez pas doubler, mais aussi vous donner un litre de son sang, la minute d’après, si vous avez un accident.
Quant aux multiples campagnes de sensibilisation, quand bien même menées avec beaucoup de conviction, elles n’ont pas plus d’effet qu’un cautère sur une jambe de bois.
D’où viendra la baisse si ce n’est de la combinaison judicieuse et dûment étudiée de tous les facteurs intervenant dans les cas
d’accidents de la circulation et qui soit d’abord sous-tendue par la pleine conscience de chacun de nous, que l’accident n’arrive pas qu’aux autres.
K. O.

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