Guerre de libération : le martyr Benabdelmalek Ramdane, chef exceptionnel de la région de la Dahra

Le martyr Benabdelmalek Ramdane (1928-1954) est considéré comme un chef exceptionnel qui, grâce à sa conscience nationale et à sa foi inébranlable dans l’action révolutionnaire, a laissé une empreinte indélébile dans la mémoire nationale et inscrit son nom en lettres d’or au panthéon des héros immortels de l’histoire du pays.

Né à Constantine, le martyr fut militant du mouvement national, au sein du Parti du peuple algérien (PPA) et du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), puis membre de l’Organisation spéciale et du groupe des 22 historique, avant de devenir chef de la région de la Dahra et adjoint du commandant de la zone de l’ouest oranais à la veille du 1er novembre 1954.

Le martyr, tombé au champ d’honneur le 4 novembre 1954 près du village d’Ouled Sidi Larbi, à l’est de Mostaganem, demeure un symbole du combat national et de l’action armée qu’il mena dès le déclenchement de la glorieuse Guerre de libération, en orchestrant sept opérations visant la gendarmerie française et d’autres objectifs qui semèrent la terreur dans les rangs du colonisateur.

Dans ce contexte, le professeur d’histoire moderne et contemporaine, Mohamed Belil, de l’université Ibn Khaldoun de Tiaret, a souligné que le chahid Benabdelmalek Ramdane occupe une place éminente dans la mémoire collective et dans la conscience locale, car il fut l’architecte des premières attaques contre les positions françaises, le 1er novembre 1954 à travers toute la région de la Dahra.

Le même intervenant a ajouté que le rôle direct de Benabdelmalek Ramdane, lors de la première phase, consistait à entrer en contact avec les chefs locaux et les différentes cellules de la région afin d’organiser l’action armée, ce qu’il réussit pleinement: les premiers moudjahidine attaquèrent, en effet, plusieurs sites au cours de cette nuit bénie.

La réorganisation de la région, la répartition des missions et la désignation des cibles à la veille du 1er novembre 1954 ont révélé les compétences de terrain du martyr, alors qu’il occupait le poste de chef adjoint de la zone de l’Ouest oranais, sous les ordres du martyr Larbi Ben M’hidi. Il fit preuve à cette occasion d’une grande sagesse politique, d’une maîtrise remarquable de l’organisation et de la coordination des opérations (pendant la phase de planification de la Révolution), ainsi que d’une efficacité dans l’exécution des missions et la réalisation des objectifs (pendant la phase de lutte armée). À cela, s’ajoutent d’autres qualités humaines et militantes qui, selon lui, méritent encore de nombreuses études et recherches historiques approfondies.

Pour sa part, le professeur et chercheur en histoire, Mohamed Bekaddour, a souligné que le secret qui fit de Benabdelmalek Ramdane, malgré son jeune âge (26 ans), un chef éminent de la glorieuse Guerre de Libération, réside dans l’accumulation de son expérience militante, son intelligence organisationnelle et son grand courage.

L’intervenant a ajouté que «son combat précoce, qu’il avait entamé dès l’âge de 14 ans lorsqu’il rejoignit les cellules du PPA, puis l’Organisation spéciale, lui permit d’acquérir une expérience politique et organisationnelle, notamment dans l’action clandestine, dans laquelle il s’investit pendant plus de 10 ans».

Le Pr Bekaddour a ajouté que le martyr «se spécialisa dans les arts martiaux durant un séjour en France, ce qui l’aida par la suite à développer son intelligence tactique, sa ruse militaire, à entraîner les premiers moudjahidine, à préparer les plans de terrain et à organiser les rangs. Ceci le qualifia directement pour devenir le bras droit du commandant de la zone de l’ouest oranais».

«Le lendemain de l’assassinat de Benabdelmalek Ramdane, l’armée coloniale lança des opérations de répression, encercla les campagnes et les villages et pourchassa tous les suspects afin d’anéantir rapidement la Révolution. Toutefois, la symbolique que laissa ce héros et ses semblables durant les premiers jours de la Révolution fit que le peuple algérien se rallia au Front de libération nationale et à l’Armée de libération nationale, et s’engagea de manière consciente sur le terrain en faveur de leurs objectifs», a ajouté le même intervenant.

Aujourd'hui, 71 ans après sa mort en héros, le martyr Benabdelmalek Ramdane demeure une figure toujours présente dans la mémoire nationale à travers la commune qui a eu l’honneur de porter son nom, dans la wilaya de Mostaganem, et où se trouve une grande partie de son legs historique.

Les autorités locales ont œuvré à maintenir sa mémoire vivante et à la transmettre aux nouvelles générations en érigeant un musée local près de sa cachette, sur les pentes de la commune Benabdelmalek Ramdane.

Cet établissement comprend une bibliothèque historique et accueille en permanence diverses activités organisées par les instances officielles et les associations, dont notamment le musée itinérant relevant du musée du Moudjahid de la wilaya.

En outre, à l’intérieur du musée de wilaya du Moudjahid de la ville de Mostaganem, un pavillon spécial est consacré à ce martyr. Il contient une grande reconstitution de la grotte qui abritait autrefois les combattants et leur servait de refuge lors de la préparation des opérations de la glorieuse Guerre de libération, ou encore de lieu de cachette après l’accomplissement de leurs missions.

Récemment, la Direction des moudjahidine et ayants droit de la wilaya a créé le «circuit historique» du martyr Benabdelmalek Ramdane, lequel regroupe tous les monuments et sites historiques liés au parcours révolutionnaire du martyr. Ce circuit s’étend à travers les communes de Benabdelmalek Ramdane, Hadjadj, Sidi Ali, Sidi Lakhdar et Mostaganem.

Grâce à ce parcours, qui comprend cinq monuments, le visiteur peut découvrir les grottes, les cachettes et les différents sites historiques que le martyr a traversés, depuis son arrivée dans la région de Mostaganem à sa mort en martyr, tout en ayant la possibilité de se recueillir sur sa tombe au cimetière des martyrs.

Multimedia