Acteur central de la stabilité au Sahel : l’ANP dérange

Acteur central de la stabilité au Sahel, l’Algérie fait face à des campagnes médiatiques hostiles visant à affaiblir son influence régionale, alors que son approche, fondée sur la souveraineté, le rejet de l’ingérence étrangère et la coopération régionale, demeure un rempart contre l’instabilité.

L’Algérie demeure une puissance régionale incontournable. Elle a longtemps joué un rôle central dans la stabilisation du Sahel grâce à ses capacités de renseignement, sa diplomatie active et son contrôle stratégique des frontières, indique le spécialiste en questions sécuritaires, Hocine Houam. L’Algérie a toujours adopté une approche basée sur le rejet de l’ingérence étrangère, notamment dans la région du Sahel, l’un de ses principes constants.

C’est dans ce sens, qu’elle a condamné fermement tout soutien au terrorisme, militaire ou matériel, direct ou indirect, à travers le paiement de rançons aux groupes terroristes. Il faut savoir que l’Algérie est à l’origine de la criminalisation de ces pratiques dans toutes les instances internationales, tant continentales qu’onusiennes. Aussi, des efforts considérables sont déployés pour restaurer et renforcer la sécurité et la stabilité sur le continent africain, en général, et dans la région du Sahel en particulier. Il s’agit d’une approche «globale et multidimensionnelle» qui se caractérise par des actions diplomatiques, de développement économique, d’inclusion sociale et de coopération régionale. L’Algérie n’a cessé, à de multiples occasions, de plaider pour privilégier les solutions pacifiques aux crises dans la région tout en mettant en garde la communauté internationale contre les conséquences graves de l’ingérence étrangère.

Des actions concrètes, à savoir l’acheminement d’aides humanitaires par les forces aériennes, le financement de projets de développement structurants à dimension régionale pour encourager les populations locales à vivre dans la dignité et contrer les projets d’instabilité. Le ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’ANP, le Général d’Armée Saïd Chanegriha, a réitéré cette position lors du séminaire national organisé en mai dernier au Cercle national de l’armée, sous le thème «Le Sahel africain : défis sécuritaires et de développement à l’aune des rivalités géopolitiques dans la région».

Le chef d’état-major a indiqué, dans son allocution, que «notre pays a activement œuvré au renforcement et au développement économique et social de la région du Sahel à travers son attachement à ancrer le principe de solidarité envers les peuples auxquels elle est reliée par des liens historiques et civilisationnels distingués». L’Algérie, fidèle à ses principes immuables, demeure, selon le Général d’Armée, convaincue que «les problèmes internes du continent africain ne peuvent être résolus qu'en interne, grâce aux compétences, aux capacités et aux forces vives des pays du continent». Les campagnes calomnieuses pour porter atteinte à la réputation de l’ANP visent, selon certaines lectures géopolitiques, «à affaiblir l’influence de l’Algérie, perçue comme un acteur central de la stabilité régionale». Ces campagnes sont de retour, suite à l’échec sécuritaire dans la région.

L’Algérie a toujours été la cible d’attaques médiatiques de la part de médias et plateformes étrangers, en raison de ses positions fermes souveraines et de principe, notamment sur la région du Sahel. L’approche de l’Algérie se caractérise par «la modération, la pondération, le rejet de l’ingérence étrangère et se focalise substantiellement sur les intérêts nationaux des pays de la région pour les aider à préserver leur indépendance, l’unité de leurs territoires et leur sécurité sociétale», affirme, de son côté, Pr Amer Mesbah, enseignant des études stratégiques et sécuritaires à l’Université Alger 3. La région du Sahel se trouve, aujourd’hui plus que jamais, confrontée à des défis sécuritaires dont le terrorisme, les conflits armés et l’évolution de la criminalité organisée transfrontalière notamment le narcotrafic. Acteur clé dans la région, notre pays demeure soucieux de la sécurité des pays voisins affirmant à chaque occasion, que «sa sécurité et sa stabilité dépendent de celles de son voisinage».

Dans une interview accordée à la revue El Djeich, le Pr Amer Mesbah a affirmé que «l’approche algérienne est la plus efficace et la plus crédible, au regard de la situation compliquée qui prévaut au Sahel, du fait que certaines puissances cherchent à perpétuer leur domination sur la région. Il paraît clairement que l’approche la plus efficace, voire la plus crédible pour le moment, à même de contenir les risques qui pèsent sur la sécurité régionale, est celle proposée par l’Algérie». Il a ajouté que grâce à ces caractéristiques et à d’autres atouts, l’Algérie est à même de «contribuer efficacement à l’élaboration d’arrangements régionaux acceptés, en partenariat avec les pays du voisinage afin de conduire la région vers la stabilité sécuritaire, loin des conflits internationaux et des interventions étrangères et, par conséquent, éviter à la région de se transformer en théâtre de conflits et d’affrontements entre grandes puissances».

C’est à partir de ce constat et l’accroissement de la menace terroriste, des conflits armés, des guerres par procuration et le recours aux mercenaires et aux groupes terroristes à nos frontières notamment au Sud, que le Haut Commandement de l’ANP a opté pour le renforcement de ses capacités opérationnelles. Le spécialiste Houam Hocine, expert en questions du Sahel, a précisé que «le Sahel est devenu un champ de bataille par procuration. Les interventions étrangères de la France, notamment avec l’opération Barkhane, ont souvent alimenté les ressentiments anti-occidentaux, récupérés par les groupes armés.

Parallèlement, le trafic de cannabis marocain, acheminé jusqu'à la mer Rouge en échange d'armes, et de cocaïne latino-américaine, en transit vers l’Europe, ainsi que l’afflux d’armes libyennes, ont militarisé les réseaux criminels, désormais étroitement liés au terrorisme». L’expert répond à notre question : «Toute crise entre États sahéliens profite directement aux groupes armés tels qu’AQMI, le MUJAO, l’EIGS, le JNIM ou encore la Katiba Macina.

Les rivalités interétatiques détournent l’attention des gouvernements des véritables menaces, affaiblissent la coordination militaire régionale et facilitent le recrutement dans des populations déjà marginalisées.»

N. B.

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