Diabète et Ramadhan, Urgences et complications dues au jeûne : 50% de diabétiques

Ph.:Wafa
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Placée sous le thème «Diabète pendant le Ramadhan et sensibilisation à l’apnée du sommeil», une journée de sensibilisation a été organisée, jeudi dernier à l’Établissement hospitalier spécialisé Salim-Zemirli, où une affluence d'un grand nombre de citoyens en quête d'informations médicales et religieuses a été enregistrée.

Les diabétiques, notamment de type II, selon les médecins et spécialistes qui ont participé à cette journée de sensibilisation, sont hautement exposés à une insuffisance rénale chronique et à des accidents-vasculaires cérébraux (AVC), en raison du non-respect des conseils du médecin spécialiste durant la période de jeûne. A ce propos, ils ont appelé tous les diabétiques à se rendre chez leur médecin pour savoir s’ils peuvent jeûner et adapter, si nécessaire, leurs traitements. Ils ont également exhorté les patients à se conformer aux orientations de leur médecin traitant, soulignant la nécessité de boire beaucoup d’eau, prendre des repas sains et équilibrés, en plus de l’auto surveillance des glycémies et la pratique d’une activité physique régulière.
Les spécialistes ont mis en exergue l’importance d’un régime alimentaire et des analyses de sang réguliers (tous les 3 mois), appelant les citoyens à la vigilance durant le jeûne, faisant état d’une hausse de cas de déshydratation, d’hypoglycémie et d'hyperglycémie. Les urgences de la capitale reçoivent, durant le Ramadan, presque 50% de diabétiques en raison des complications du jeûne, a-t-on ajouté.

L’apnée du sommeil,  un syndrome à prendre  au sérieux

A cet effet, le spécialiste des troubles respiratoires à l’Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) Salim-Zmirli Dr Hocine Mahmoudi, a déclaré qu’«une prise en charge précoce est recommandée pour les personnes souffrant du syndrome d’apnée du sommeil qui peut entraîner des complications et parfois la mort». Soulignant que ce syndrome est très courant en Algérie, notamment chez les personnes souffrant d’obésité qui est, selon lui, le «facteur commun» chez les diabétiques, les hypertendus et les cardiopathes, Dr Hocine Mahmoudi a recommandé «une consultation médicale pour une prise en charge précoce de cette pathologie», a-t-il dit. Le médecin spécialiste des troubles respiratoires à l’Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) Salim-Zmirli, a mis en garde contre la négligence de ce syndrome qui, selon lui , «constitue un risque pour la santé et peut entraîner de graves complications, particulièrement lorsque ces pauses respiratoires se produisent plusieurs fois par nuit, ce qui retentit fortement sur la qualité de vie». «Des troubles du comportement peuvent être observés tels que l’irritabilité, la difficulté à se concentrer, la somnolence et la fatigue excessive», a-t-il observé. Il a toutefois rassuré qu’un «bon suivi médical permet une guérison complète». Pour sa part, le professeur Nadia Omnya, chef de service de médecine interne au niveau du même établissement hospitalier, a rappelé que «l’EHS organisait chaque année des journées de sensibilisation sur les complications du diabète», précisant que le thème de cette année a porté sur le syndrome de l’apnée du sommeil «vu les risques qu’il représente pour la santé du malade», a-t-elle dit. Lors de ces journées, les citoyens ont été sensibilisés à la prévention du diabète, notamment en ce qui concerne les aspects liés à la nutrition pendant le mois sacré. En effet «de nombreux patients ne respectent pas les conseils et les recommandations des médecins», «ce qui entraîne un déséquilibre du taux de glycémie nécessitant parfois l'évacuation du malade dans un état très critique vers l'hôpital », a-t-elle déploré.
Le ramadan correspond à un mois de recueillement pendant lequel il est imposé à tout croyant musulman de jeûner du lever au coucher du soleil, ce qui implique des modifications importantes des comportements gouvernant le mode de vie (alimentation, activités physiques, traitements). Pour les patients diabétiques, certaines situations peuvent être source de difficultés et de déséquilibre glycémique. Tous les ans, patients et professionnels de santé se retrouvent confrontés à cette problématique pouvant conduire à des modifications thérapeutiques parfois significatives. Il paraît ainsi essentiel d’appréhender les pratiques de soins de ces patients, tout en prenant en considération les valeurs de dimension religieuse et culturelle associées au jeûne. De même, instaurer une démarche d’accompagnement et d’éducation thérapeutique spécifique à cette situation, permet de prévenir au mieux les risques de complications métaboliques aiguës.
Sihem Oubraham

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