À 33 ans, Bilal Houamed se considère comme un miraculé. Diagnostiqué à 20 ans, âge où d’habitude la mucoviscidose a déjà fait son œuvre (la moyenne d’âge de décès dans les pays développés avant l’avènement du Kaftrio étant de 23 ans) ce doyen algérien mucoviscidosique incarne l’espoir pour des dizaines de jeunes patients algériens et leurs familles, incapables à l’heure qu’il est de se projeter dans l’avenir. Bilal est d’autant plus un exemple vivant - ce n’est pas un euphémisme- que la trithérapie par modulateurs, communément appelée Kaftrio, est un réel espoir pour les malades de la mucoviscidose. Sous traitement depuis 7 mois, il savoure chaque jour tant sa vie a changé du tout au tout. «En 2020, j’étais au plus bas», témoigne-t-il à El Moudjahid. «Ma capacité respirateur a chuté dangereusement au point où je ne pouvais même plus monter deux marches. Je ne pensais pas que j’allais survivre», se rappelle cet ancien étudiant en biochimie. Mais comme des milliers de malades de la mucoviscidose dans le monde, Bilal Houamed a vu en l’arrivée du «Kaftrio», traitement révolutionnaire qui s’attaque à l’origine même de la maladie, une bénédiction. Grâce à de généreux donateurs, le traitement étant inaccessible même pour les grosses bourses, il prend ses deux premiers comprimés de «Kaftrio» en juin 2023. «Dès la première prise, j’ai senti les effets du traitement. Dans l’heure qui suit, j’ai vomis mes poumons et j’ai dès lors commencé à respirer à pleins poumons», se souvient-il. Depuis, ce natif de Batna a repris une vie professionnelle ordinaire. «Je ne suis plus encombré, ni étouffé. J’arrive à mener une vie presque normale», se réjouit-il. Une vie normale. Une phrase tout ce qu’il y a de banal mais lourde de sens pour ces dizaines de jeunes patients qui n’aspirent à rien d’autres qu’à vivre sans étouffer, à respirer et aspirer à des lendemains meilleurs.
A. A. A.