Voyage d’Ürümqi à Turpan (chine), énergie : L’innovation à tout prix

Autre projet phare : le développement de la nouvelle SC8, une carte de nouvelle génération. Ce modèle intègre, notamment, des moteurs à aimants permanents, capables de réduire la consommation d’énergie de 10%, un pas décisif vers une production plus verte.

Soutenue par un environnement d’affaires en constante amélioration dans la zone technologique de Toudistrict, Julong vise une nouvelle hausse de son chiffre d’affaires, après avoir atteint les 400 millions de yuans en 2024. Tous les indicateurs sont au vert pour faire de cette entreprise une vitrine de l’industrie textile intelligente du XXIe siècle. Xinjiang, c'est aussi un modèle durable enraciné dans la biotechnologie fongique. Au cœur du vaste territoire du Xinjiang, la société Xinjiang Jiumulin Biotech Co.Ltd s’affirme comme l’une des références pionnières de la bioéconomie rurale chinoise. En conjuguant haute technologie, pratiques agricoles durables et innovation sociale, cette entreprise offre une réponse concrète aux défis du développement intégré des zones rurales. Dès l’entrée dans ses ateliers à la pointe de la technologie, on comprend que la société n’a rien laissé au hasard. Ici, tout est automatisé : du mélange des matières premières à la mise en sachets, en passant par la distribution. Soutenue par un système de gestion par Internet des objets (IoT), l’entreprise a conçu une chaîne de valeur complète et transparente couvrant la recherche, la production, l’approvisionnement et la vente. L’ensemble s’appuie sur une infrastructure composée de green factories, d’ateliers intelligents et de processus traçables, positionnant l’entreprise à l’avant-garde de l’industrie fongique. Le moteur de cette dynamique repose aussi sur des partenariats solides. L’entreprise collabore activement avec plusieurs institutions de renom, notamment le Centre national d’amélioration des variétés de champignons comestibles, l’université d’agriculture et de foresterie du Fujian, ainsi que l’Institut de recherche sur les champignons comestibles de Shanghai. Ces synergies ont permis de franchir des étapes clés dans la culture industrielle du pleurote et la sélection avancée du ganoderma (Lingzhi), deux espèces aux vertus nutritionnelles et médicinales reconnues. Le modèle de production repose également sur l’écologie circulaire. En réutilisant des résidus agricoles comme les tiges de cultures, les coques de coton, les résidus de betterave ou les branches issues de la taille des vergers, l’entreprise convertit ces déchets en substrats pour la culture de champignons. Les déchets générés par la production sont ensuite valorisés en compost bio et en élevage de vers de terre, complétant ainsi un cycle vertueux et sans gaspillage. Xinjiang Jiumulin promeut une approche intégrée des filières. L’objectif : relier la production primaire (champignons), la transformation industrielle et la commercialisation dans un même cycle clos. L’entreprise investit massivement dans la recherche et développement des souches fongiques, tout en modernisant le conditionnement, le stockage et la transformation post-récolte. Une stratégie qui entend renforcer la résilience et la valeur ajoutée de la filière. Plus qu’une société, Xinjiang Jiumulin se veut aussi un catalyseur de développement rural. Son modèle «entreprise + institut de recherche + coopérative + agriculteur» ouvre la voie à une inclusion durable. Des formations agricoles et techniques sont organisées régulièrement afin de former une nouvelle génération de cultivateurs et de techniciens qualifiés. Le projet attire aujourd’hui de nombreuses familles rurales désireuses d’intégrer cette nouvelle dynamique agricole. Les résultats sont visibles : plus de 50 emplois directs créés, 100 foyers villageois ayant vu leurs revenus augmenter et un projet innovant intitulé «Champignon-légume en container», qui permet aux habitants de travailler à proximité de chez eux. Ces initiatives participent activement à la redynamisation des campagnes du Xinjiang. Forte de son succès, l’entreprise prévoit d’élargir encore son empreinte. La phase II du projet, prévue pour mai 2025, mobilisera 130 millions de yuans, afin d’explorer de nouvelles espèces à haute valeur ajoutée, comme le Sanghuang (Phellinus linteus), célèbre pour ses propriétés médicinales. L’ambition est claire : faire de Xinjiang Jiumulin la plus grande entreprise industrielle de culture de pleurotes et de ganoderma de la région.

S. B.


Zone logistique internationale terrestre d’Ürümqi : Un projet phare

Lors de notre visite en Chine, nous avons également découvert l’impressionnante Zone logistique internationale terrestre d’Ürümqi, l’un des projets phares du développement régional et de l’intégration eurasienne. Située au cœur du Xinjiang, cette plateforme multimodale incarne l’ambition chinoise de transformer la région d’une périphérie historique en un carrefour stratégique de la Ceinture économique de la Route de la Soie. Avec une superficie planifiée de 67 km², cette zone constitue aujourd’hui un nœud logistique d’envergure internationale, combinant rail, route et transport aérien. Son architecture repose sur le modèle «quatre gares, quatre centres, quatre zones» : la gare Ouest, la gare Nord, la gare de conteneurs de Sanping et l’aéroport international d’Ürümqi constituent l’ossature physique du système. Deux centres y jouent un rôle névralgique, le Centre de regroupement des trains Chine-Europe et le Centre de supervision douanière multimodale. Lors de sa visite en 2022, le Président Xi Jinping avait souligné la portée historique de cette transformation, faisant du Xinjiang un pivot essentiel entre la Chine, l’Asie centrale et l’Europe. À la date de juin 2025, la zone d’Ürümqi a vu le départ de plus de 8,200 trains de fret, atteignant 26 villes réparties dans 19 pays. La performance du service «Tianshan» est remarquable : plus de 400 départs entre janvier et juin 2025, avec un record de 87 trains pour le seul mois de mai. En 2024, Xinjiang a accueilli 16.400 trains Chine-Europe en transit, soit plus de 50 % du volume national, en hausse de 14 %. Cette dynamique est soutenue par un réseau de 23 lignes régulières couvrant l’ensemble de la région Asie centrale-Europe. Certaines innovations méritent d’être soulignées, comme la ligne combinée Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan, qui réduit les délais de cinq jours, la liaison Ürümqi-Kashgar-Ouzbékistan, alliant rail et route, et le couloir sud Xinjiang-Chongqing-ASEAN, qui connecte la région aux marchés du sud-est asiatique. Ürümqi s’impose aussi comme l’un des cinq principaux centres de regroupement nationaux, adoptant une logique de groupage-acheminement qui optimise le remplissage à 100 % et limite les escales à moins de 24 heures. Plus de 200 catégories de marchandises transitent aujourd’hui par cette zone : du concentré de tomate du Xinjiang (50.000 tonnes par an), du PVC, des pièces automobiles, à l’export, et des céréales, huiles et minerais à l’import. La montée en charge est spectaculaire, entre 2023 et 2025, le volume de fret «Tianshan» est passé de 60.000 à 1,8 million de tonnes, et la valeur commerciale de 1,2 milliard à 23 milliards de yuans. Cette croissance a été rendue possible grâce à des systèmes numériques intelligents permettant un dédouanement en moins d’une heure et un contrôle frontalier réduit à 20 minutes. À l’horizon 2025, la Chine ambitionne de lancer 1.100 trains de fret supplémentaires et 550 liaisons rail-mer. En parallèle, huit annexes de formation seront créées dans les villes comme Kachgar ou Hotan, portant les effectifs formés à 1.900 personnes. Les autorités visent également à étendre les corridors de transport, notamment en explorant une liaison trans-caspienne, en mettant en place un centre TIR de transport routier international et en s’appuyant sur les dispositions de la zone de libre-échange du Xinjiang, pour accroître l’influence de la Chine dans la formulation des règles du commerce mondial. Le voyage d’Ürümqi à Turpan, parcouru en un éclair à bord du train à grande vitesse, incarne bien plus qu’une prouesse technique : il symbolise une région en pleine mutation, où mobilité, innovation industrielle et vision stratégique convergent. Observer les infrastructures intelligentes, les zones logistiques intégrées et les corridors ferroviaires en action m’a profondément marquée. En tant que journaliste algérienne, j’ai vu là un modèle inspirant pour tous les pays en quête d’un développement équilibré, entre tradition et modernité. Xinjiang, que l’on croyait en marge, se révèle être un carrefour dynamique de la Chine du futur, et un terrain fertile pour l’échange, la coopération et l'avenir partagé. Ce trajet n’est pas qu’un simple déplacement : c’est une immersion dans un avenir déjà en marche, où le rail devient un trait d’union entre tradition et modernité.

S. B.

Multimedia