À l’heure où la Chine accélère son ouverture vers l’Ouest et consolide sa présence sur les grands axes eurasiens, Xinjiang se dévoile comme une région pivot aux multiples visages.
Du 4 au 8 juillet, un programme intensif, alliant découvertes culturelles et immersion industrielle nous a permis d’explorer les dynamiques profondes de cette région autonome, située au croisement de la Route de la Soie historique et des ambitions géoéconomiques contemporaines. De la modernité vibrante d’Ürümqi à l’héritage millénaire de Turpan, le voyage a révélé que Xinjiang est à la fois enraciné dans son histoire et tourné vers l’avenir. Entre infrastructures de santé en zone semi-rurale, innovations agricoles et patrimoine architectural, chaque étape a illustré la diversité et la transformation en cours dans cette province frontalière, vaste comme l’Europe de l’Ouest. Le 3 juillet 2025, à Ürümqi, la journée commence dans l’après-midi par une visite au Shamlabag Township Hospital, véritable vitrine des efforts entrepris pour améliorer l’accès aux soins dans les zones rurales. Doté d’équipements modernes et ancré dans une logique de proximité, cet établissement incarne la volonté des autorités chinoises de garantir une équité sanitaire jusque dans les territoires les plus éloignés. La suite de l’après-midi est consacrée à une autre priorité stratégique : la sécurité alimentaire. À Xinjiang Zhongnong Sea Crop Bio-tech Co. Ltd, les visiteurs découvrent les avancées remarquables de la biotechnologie végétale appliquée aux milieux arides. Cette entreprise de pointe développe des cultures capables de s’adapter aux conditions extrêmes du Xinjiang, contribuant ainsi à une agriculture durable dans une région confrontée à la désertification et aux défis climatiques. Après une journée dense, la délégation prend la direction de l’aéroport de Kashi, pour un vol de nuit vers Turpan, ancienne escale caravanière devenue aujourd’hui un centre culturel et touristique majeur. À l’arrivée, les lumières du Hengze Hôtel accueillent les visiteurs au pied des montagnes flamboyantes, offrant un premier aperçu du charme intemporel de cette cité bordant le désert.
Turpan : entre innovation industrielle et héritage ancestral
Le 5 juillet, la journée débute par la découverte de Yimao Investment Co. Ltd, acteur local dans le développement intégré des ressources. Ensuite, direction la China Communication Flaming Mountain Automobile Examination Co. Ltd, unité d’essais automobiles nichée à l’ombre de la légendaire Montagne en Flammes. Les technologies de test y sont à la pointe, illustrant l’essor industriel du Xinjiang dans le domaine automobile. Après un déjeuner local, les visiteurs ont exploré Xinjiang Jiumulin Bio-tech Co. Ltd, entreprise axée sur les extraits végétaux et les applications pharmaceutiques naturelles, avant de découvrir les grottes de Yarhu, témoignage vivant de l'art rupestre bouddhiste, et la mythique Jiaohe Ruined City, vestige de la Route de la Soie, magnifiée par une visite nocturne. C’est dans l’atmosphère feutrée et majestueuse du théâtre d’art Muqam, niché au cœur du Xinjiang, que s’est ouverte une parenthèse rare et précieuse. La délégation a été conviée à une exploration immersive de l’une des plus vibrantes expressions culturelles de Chine : l’art Muqam ouïghour. Ici, chaque note, chaque geste, chaque costume raconte un fragment de l’âme ouïghoure. Loin d’un simple spectacle folklorique, le Muqam déploie un univers riche, à la croisée du chant, de la danse, de la poésie et de la narration musicale. Enveloppés dans les mélodies profondes des instruments à cordes traditionnels et les mouvements gracieux des danseuses, les visiteurs ont été transportés dans un récit vivant, transmis de génération en génération. Ce patrimoine culturel immatériel inscrit par l’UNESCO s’impose non seulement comme une mémoire en mouvement, mais aussi comme un pont entre les peuples. Au fil des représentations, les journalistes ont découvert les différentes facettes de cet art : acrobaties, percussions, tableaux dansés et moments lyriques s’enchaînaient avec précision et émotion. Chaque scène rendait hommage aux racines historiques et aux aspirations contemporaines du peuple ouïghour. Le théâtre, lieu emblématique de la région, est bien plus qu’une simple scène. Il abrite plusieurs troupes artistiques, accueille chaque année des spectacles de grande envergure et constitue une vitrine de la coopération culturelle avec d’autres pays d’Asie centrale, comme le Kazakhstan ou l’Ouzbékistan. «Ce que nous avons vu transcende les frontières. Le Muqam est un langage universel de beauté et de mémoire partagée», a-t-on informé. Chaque variante, liée à une région spécifique du Xinjiang, possède ses propres codes musicaux et esthétiques, tout en s’inscrivant dans une même quête de transmission et de pérennité. «C’est une expérience qui contribuera, j’en suis convaincue, à renforcer la compréhension et l’appréciation de la culture ouïghoure à travers le monde», a déclaré Chen Wei, metteuse en scène d’opéra et professeure au Conservatoire de musique de Chine, en conclusion de cette immersion mémorable.
S. B.
GAC Trumpchi Automobile mise sur l’innovation industrielle : Ouverture vers l’Algérie en perspective
Après notre passage à l’Institut islamique de Xinjiang, puis au port logistique, notre immersion dans la dynamique économique de la région s’est poursuivie avec la visite de la succursale de Guangdong Automobile Co. Ltd – GAC Trumpchi Xinjiang Branch, située à la périphérie de la ville. Accueillis par Yu Guanghui, chef du département de gestion et de la section assemblage final du service de fabrication, filiale de GAC Trumpchi Automobile Co., Ltd, nous avons découvert une usine ultramoderne, emblématique de la transformation industrielle du Xinjiang. Enregistrée en 2016 et opérationnelle depuis 2017, cette unité s’étend sur 330.000 m² et bénéficie d’un investissement total de 1,087 milliard de yuans. Capable de produire 20.000 véhicules par an, l’usine assemble aujourd’hui l’ensemble de la gamme GAC Trumpchi. Entre 2018 et juillet 2023, plus de 20 000 véhicules ont été fabriqués et vendus, pour une valeur de production cumulée dépassant les 2,5 milliards de yuans. À ce jour, plus de 400 emplois ont été créés et près de 130 millions de yuans ont été versés au titre des taxes locales. M. Yu Guanghui insiste sur la dimension technologique du site : «Nous avons investi plus de 13 millions de yuans pour moderniser nos équipements, intégrer des robots intelligents et numériser plus de 30 postes clés. Cette automatisation garantit une production de haute qualité, tout en renforçant notre compétitivité.» À travers 14 concessions réparties à Xinjiang et plusieurs points de vente secondaires, GAC Trumpchi poursuit son expansion locale, tout en regardant vers l’international. Interrogé par El Moudjahid, M. Yu Guanghui n’a pas caché ses ambitions. «L’Algérie est un marché émergent stratégique pour nous. Nous voulons y renforcer notre présence avec des produits à haut rapport qualité-prix, tout en maîtrisant les coûts. C’est un pays à fort potentiel pour notre groupe», a-t-il déclaré, mettant en avant la volonté du constructeur chinois de diversifier ses débouchés à l’export, notamment en direction de l’Afrique du Nord. La visite s’est achevée sur la piste d’essai, où les derniers modèles de la marque sont testés avant livraison – symbole de l’alliance entre innovation industrielle, ambitions commerciales et soutien au développement régional du Xinjiang.
S. B.
