Mascara : Maoussa, une commune qui s’urbanise

De notre correspondant : A. Benmechta

Melon de Maoussa, souk de Maoussa et raisin de Maoussa, tels sont les principaux éléments qui sont mis en évidence à l’évocation de cette commune. De tous les villages de la wilaya de Mascara, créés à l’époque coloniale, seule cette commune a été baptisée d’une appellation à résonance arabe. Selon les rares résidents centenaires, Maoussa a pour signification Ma (eau) oussaa (et espaces).

Si les melons de Maoussa qui faisaient jadis la fierté et la réputation de la région eu égard à la qualité de ce fruit succulent sont en voie de disparition, la localité quant à elle a conservé sa vocation première liée aux activités agricoles, avec en paramètre la diversité des produits cultivés mais caractérisés par l’émergence du raisin de table à variétés multiples. Village typiquement colonial, Maoussa, à l’instar des autres communes de la wilaya de Mascara a enregistré un large développement de son tissu urbain ponctué par la réalisation de plusieurs centaines de nouveaux logements à usage d’habitation et autres infrastructures socio-éducatives d’accompagnement. Cet agrandissement opéré dans tous les sens a été favorisé par la disponibilité des espaces ayant servi de terrains d’assiette à la concrétisation de ces projets.
Eu égard à sa situation géographique idéale car se trouvant à équidistance entre Mascara et Tighennif, la fertilité de ses terres, la richesse de ses sous-sols en matières hydriques et l’aspect de son foncier où le plat domine, la commune de Maoussa est très convoitée, un facteur qui a engendré le problème du logement qui est cruellement ressenti par les nouvelles générations. Toutefois, la localité a bénéficié de la position ferme affichée par les ruraux lesquels restent très attachés à la terre de leurs ancêtres, à leur mode de vie sous forme de regroupement familial et leurs habitations espacées construites dans les douars en fonction de leurs besoins et qui correspondent aux us et coutumes de leurs origines. Ces populations vivent essentiellement du travail de la terre et de l’élevage, mais leur fixation est subordonnée à l’existence des infrastructures socio-éducatives telles que les établissements scolaires, les centres de santé et l’amélioration des conditions de leur vie liées à l’électrification de leurs habitations, à l’éclairage public, au raccordement au réseau de gaz de ville, à l’ouverture ou à la réfection et au bitumage des voies d’accès, à l’alimentation en eau potable et à l’assainissement, des opérations qualifiées d’élémentaires.
Dans ce contexte, le nombre élevé de 26 douars aussi peuplés les uns que les autres rattachés à la commune dénote du caractère qui anime ces campagnards épargnés, il est vrai, par le harcèlement des terroristes tout au long de la décennie noire, leur évitant un exode massif. Les douars les plus denses ont pour appellation Kerrach, Sidi Mohamed, Sidi Benyakhlef, Sidi Tami, Ouled Zemani, Sidi M’hamed pour ne citer que ceux-là.
Eu égard à la situation géographique de la commune et à l’éparpillement de ses districts, les élus locaux éprouvent des difficultés à respecter leurs promesses formulées lors des campagnes électorales et à répondre aux besoins exprimés par les populations, car les projets accordés par la tutelle à la commune sont très limités, ce qui soulève bien souvent la déception des chefs des douars et des électeurs.
Si la situation à l’intérieur du tissu urbain du village est déplorable, les populations des douars souffrent beaucoup plus. En effet, hormis l’avenue principale qui présente un aspect commode pour les passagers, une dégradation totale de la chaussée, des rues et des ruelles adjacentes est enregistrée. Dans certains bourgs, les locataires vivent le calvaire avec le manque de transport, leurs douars étant mal desservis en l’absence de routes et de pistes adéquates.
La réputation de la commune de Maoussa a largement dépassé les frontières de la wilaya et même de la région ouest depuis que cette entité a été retenue pour abriter le marché hebdomadaire, tenu chaque jeudi, au cours duquel s’effectuent toutes sortes de transactions commerciales liées aux véhicules, cheptel, pièces de rechange, accessoires et autres petits outillages. C’est un rendez-vous où se brassent hebdomadairement des sommes considérables et toutes ces opérations se répercutent positivement sur les activités commerciales de la population locale. Cédé aux enchères publiques, le marché constitue une source financière supplémentaire pour la commune, une manne dont s’acquitte l’adjudicateur.
Telle une peau de chagrin, les aires et les superficies réservées au foncier bâti se rétrécissent au point où le tissu urbain de la commune s’est avéré saturé et force est de constater que des centaines d’hectares de terre agricole ont été sacrifiés pour la construction de nouveaux projets. C’est à ce prix seulement que la commune a assuré son développement pour faire face à une démographie galopante et répondre aux exigences de sa population mais en dépit de tous les efforts consentis, beaucoup d’insuffisances sont recensées au niveau de cette entité, rurale à la base, mais sur la voie de devenir urbaine.

A. B.

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