De notre correspondant : A. Benmechta
De toutes les communes qui relèvent de la wilaya de Mascara, celle de Zahana est la mieux lotie dans tous les secteurs car elle bénéficie de circonstances favorables qui lui permettent de surmonter tous les obstacles susceptibles de constituer une entrave à son développement. Néanmoins, « les 3/4 des personnes du troisième âge, natives de la région et qui habitent à Zahana (anciennement Saint Lucien), avouent n’avoir jamais visité le chef-lieu de leur wilaya. Certaines ont même du mal à la situer et elles sont sincères. Rares sont les occasions propices pour entreprendre les initiatives et établir le rapprochement nécessaire », telle est la réaction d’un grand nombre des citoyens interrogés.
Géographiquement, la localité de Zahana est située à la limite de la frontière entre les départements de Mascara et d’Oran. Bien que résidant une commune qui relève administrativement de la wilaya de Mascara, les habitants de Zahana s’identifient beaucoup plus aux Oranais avec lesquels ils partagent plusieurs points communs, les us et les coutumes, les traditions et tous autres rapports relationnels, particulièrement commerciaux. Cette distinction trouve son explication par la proximité de cette entité de la capitale de l’ouest car n’étant distante que de 15 km environ et éloignée de Mascara de plus de 80 bornes. « Ces caractéristiques incitent la population de cette commune à formuler le souhait de dépendre de la wilaya d’Oran car elle éprouve beaucoup de difficultés à rallier le chef-lieu de la wilaya pour le règlement des problèmes, notamment administratifs. Les citoyens sont confrontés à l’absence de moyens de transport notamment une ligne desservant directement Zahana à Mascara afin d’éviter d’effectuer plusieurs étapes pour parvenir à destination », a tenu à souligner un jeune commerçant de son état.
Partagée entre deux références, la commune de Zahana est sortie de l’anonymat grâce à la cimenterie, la plus importante unité de l’Ouest sinon de tout le pays implantée sur son territoire. Le choix du site sur lequel a été réalisée cette cimenterie n’est pas fortuit puisque la commune de Zahana dispose du plus grand gisement d’argile de la région, exploité depuis plus d’une soixantaine d’années déjà et censé alimenter l’usine sur le long terme. La commune de Zahana fait également partie de l’histoire symbolisée par le légendaire Ahmed Zabana, natif ce la commune et qui est le premier martyr guillotiné par l’armée d’occupation française. Cet évènement est d’ailleurs commémoré annuellement par les autorités de la wilaya en hommage à cet enfant du pays qui a sacrifié sa vie pour la juste cause et cité en exemple en qualité d’héros par la population locale pour lequel, elle ressent une grande fierté. Élevée au rang de daïra, à la suite du dernier découpage administratif, Zahana assume difficilement ce statut eu égard au volume des charges que représentent les exigences des populations des agglomérations sous sa coupe, même si, en apparence, sa situation socioéconomique est enviable.
Officiellement, selon les résultats du récent recensement général effectué, la population fixe de la commune est estimée à 40.000 habitants, dont 12.000 âmes vivent à Djeniène Meskine une importante localité limitrophe du territoire de la wilaya de Sidi Bel-Abbès. A ces chiffres, viennent s’ajouter des milliers de visiteurs temporaires présents quotidiennement sur les lieux pour procéder aux enlèvements du ciment et qui ont un impact direct sur le quotidien des résidents, notamment sur le plan économique. Mais, si Djeniène Meskine venait à bénéficier du statut de commune, les retombées d’une telle décision seraient lourdes de conséquences pour Zahana car la cimenterie lui échapperait puisqu’elle est située sur le territoire de ce bourg.
A. B.
