Djamaâ El-Bey : Un Joyau architectural à Annaba

La mosquée ‘‘El Bey’’, très fréquentée par les fidèles et les visiteurs tout au long de l’année, est un édifice ancien, située en bas de la Casbah, la vieille ville ou encore la place d’Armes jouxtant Bathat sidi Cheriat à Annaba-ville. Datant de la période ottomane, cet édifice qui fait partie de 38 mosquées de l’époque, a été érigé à la demande de la communauté turque établie à Annaba. Ces derniers ont refusé de faire la prière derrière un imam arabe, de rite malikite, dans la mosquée d’Abou Merouane Echarif.
C’est ainsi que Salah Bey (Bey de Constantine) entreprit l’édification d’une mosquée de rite hanafite, entre 1791 et 1792, dans la province de Bouna (Annaba). Selon l’imam du mausolée de Sidi Brahim Ben Toumi, El Hadi Tarcha, ‘‘Masdjid El Bey’’ fut la 38e mosquée érigée dans la ville avant l’occupation coloniale française.
Salah Bey fait construire sa mosquée avec deux minarets : l’un sobre ouvrage d’un Anatolien (turc), premier minaret du genre en Algérie, l’autre d’une élégante simplicité avec palme et calice sur plâtre. Un troisième minaret a été rajouté avec une horloge géante durant l’occupation coloniale. L’inauguration de la mosquée, baptisée Djamaa El Bey, eut lieu le 18 août 1792, dans une indifférence totale du fait qu’à Constantine, Salah Bey ayant proclamé son indépendance et dans l’attente d’une réaction d’Alger ne pouvait quitter sa prétendue capitale (Constantine).
Quinze jours plus tard, Salah Bey était exécuté dans un cachot de la Casbah à Constantine. En ce 18e siècle dans la ville de Bouna, les Turcs s’évertuaient à prouver que la mosquée leur revenait de plein droit du fait qu’il n’existait aucun sanctuaire hanafite.
Les Arabes eux, affirmaient que tous les Massâdjid étaient à la disposition de tous les croyants sans distinction de rite.
Ce Djamaa El Kabîr, dernière réalisation de Salah Bey, restera au rite hanafite jusqu’à 1832. A partir de cette date, faute de mosquées, toutes détruites ou affectées à diverses activités plus ou moins indignes par l’occupant français, à l’image de la mosquée millénaire d’Abou Merouane Echarif transformée en hôpital militaire, les habitants quels que soient leur rite, leur origine ethnique auront pour seul sanctuaire ce Djamaa El Bey.
Pour ce qui est de l’aspect architectural, on le retrouve à Istanbul (Turquie) et dans les provinces turques. Djamaa El Bey, datant du 18e siècle, est un monument mémorable de style ottoman qui mérite d’être conservé et protégé. Situé à quelques encablures de la mosquée Abou Merouane Echarif, et jouxtant Bathat Sidi Cheriat, place mythique de la vieille ville, Djamaa El Bey est classé patrimoine national depuis octobre 1987. Interrogé sur ce patrimoine architectural immortel et religieux, El Hadi Tarcha, qui est également chef spirituel de la confrérie de la Tariqua El Allaouia, a estimé que grâce à l’édification de cette mosquée,
Annaba et les habitants de la cité ont toujours vécu des moments religieux intenses, surtout pendant le ramadhan, dans la quiétude et la tranquillité.
La mosquée El Bey, qui a abrité la résidence du Mufti de la ville (Beit El Mufti), est toujours l’endroit préféré des Annabis et des fidèles au vu de sa situation géographique.
Masdjid El Bey de Annaba se distingue par la variété de ses coupoles et le minaret cylindrique est un prototype simplifié des minarets ottoman ainsi que son mihrâb à niche hexagonale.

B. G.

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