Sahara occidental : vives condamnations du nouvel accord UE-Maroc

Le nouvel accord conclu entre le Conseil de l'Union européenne (UE) et le Royaume du Maroc, accordant des préférences tarifaires aux produits originaires du Sahara occidental occupé, qui a été condamné par le Front Polisario, seul et unique représentant du peuple sahraoui, continue de susciter des vagues d'indignations en Europe et ailleurs.

Bernd Lange, président de la commission du commerce international (INTA) du Parlement européen, a qualifié l’approche de « scandaleuse dans tous les sens du terme », critiquant la Commission pour son incapacité à « résoudre les problèmes par le biais d'une procédure légale appropriée » après les arrêts de la CJUE. « La décision de justice a été rendue il y a un an, mais la Commission semble avoir été incapable, ou peu disposée, à résoudre les problèmes par le biais d'une procédure légale appropriée », a déclaré le député allemand à EurActiv, le réseau européen indépendant spécialisé dans les affaires européennes, repris par l’agence sahraouie, SPS. Plusieurs autres eurodéputés accusent la Commission de « contourner le contrôle parlementaire » et d'ignorer la justice européenne. L'eurodéputé Vicente Marza a dénoncé un « niveau d'opacité sans précédent », la Commission n'ayant informé les députés de la proposition que quelques jours avant son application provisoire par le Conseil de l'UE le 3 octobre. L’indignation a également touché l’Observatoire sahraoui des ressources naturelles et la protection de l’environnement et plusieurs organisations de la société civile européenne et internationale, qui ont publié une déclaration conjointe, rejetant l'accord comme « illégal, immoral et intenable ».

Ces organisations déplorent le fait que l'UE « ignore les arrêts contraignants de la Cour de justice » et « perpétue l'occupation illégale du Sahara occidental par le Maroc ». La déclaration appelle publiquement la Commission et le Conseil à « suspendre la mise en œuvre du nouvel accord », à respecter les décisions de la CJUE et à se réengager en faveur du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Rappelons que cette crise commerciale coïncide avec d’importants rendez-vous au sein du Conseil de sécurité de l’ONU où devra se tenir une session de consultations sur la MINURSO le 10 octobre, avec les exposés de l'Envoyé personnel, Staffan de Mistura, et du chef de la MINURSO, Alexander Ivanko, alors que dans le cadre de la 80e Assemblée générale des Nations unies, la question du Sahara occidental devra être débattue devant les membres de la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (quatrième commission).

Y. Y.

Sur le même thème

Multimedia