
Les agences onusiennes exigent beaucoup plus et restent sceptiques quant à l’effet de cet «assouplissement» d’un blocus qui a précipité les populations dans une sorte de point de non-retour humanitaire.
Devant la pression internationale grandissante, elle-même effet de l’indignation qui monte crescendo dans l’opinion publique mondiale, le gouvernement sioniste annonce consentir des «pauses tactiques quotidiennes» sur le terrain militaire et lever le verrou sur certains passages terrestres pour les aides humanitaires à Ghaza. Après près de cinq mois de blocus qui ont fini par massifier la famine dans l’enclave, et deux mois d’expérimentation meurtrière du sinistre mécanisme de distribution d’aides via l’israélo-américaine Fondation humanitaire de Ghaza (FHG), l’entité sioniste recourt à la tactique diplomatique là aussi pour tenter de réhabiliter son image.
La démarche vise sans doute également à faire baisser la pression sur des alliés et soutiens, au Etats-Unis et en Europe notamment qui font face à une consternation bruyante des opinions publiques respectives. Pour la première fois depuis le 2 mars dernier, des agences de presses rapportent que des camions de denrées, bloqués jusque à la frontière de l’enclave avec l’Egypte ont pu traverser et pénétrer sur le territoire dans la matinée d’hier, via le terminal de Rafah.
L’Egypte sans doute l’un des pays les plus exposés aux pressions populaires pour sa proximité géographique avec le territoire de Ghaza, a annoncé par le truchement du Croissant-Rouge, l’envoie de «plus de 100 camions transportant plus de 1.200 tonnes de nourriture, environ 840 tonnes de farine et 450 tonnes de paniers alimentaires variés». L’agence d’information jordanienne Petra, a annoncé dans la journée pour sa part que l’aviation royale a effectué des parachutages de lots humanitaires dans l’enclave.
Les agences onusiennes, dont le concours est sollicité en l’occurrence exigent beaucoup plus cependant et restent sceptiques quant à l’effet de cet «assouplissement» du blocus qui a précipité les populations dans une sorte de point de non retour humanitaire. Le chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a fait savoir hier être «En contact avec (les) équipes sur le terrain qui feront tout leur possible pour atteindre autant de personnes affamées que nous le pouvons». Exclu de toutes les opérations humanitaires depuis prés de cinq mois, l’OCHA et les autres organismes onusiens, ont refusé depuis la fin mai dernier de collaborer avec le mécanisme unilatéral de distribution d’aides décidé par l’administration d’occupation et qui s’est avéré un véritable piège mortel pour les Ppalestiniens. Le réseau onusien se résout aujourd’hui à prendre tout ce qui vient dans le sens de la moindre aide pouvant soulager les souffrances des populations, quitte à ce que cela soit une goutte dans l’océan des besoins.
Une responsable de OXFAM International, a plaidé pour sa part la nécessité d’un «d'un flux d'aide constant et à grande échelle», option qui ne peut être mise en œuvre sans un «cessez-le-feu permanent, d'une levée complète du siège et de garanties claires que ce ne soit pas simplement un geste temporaire».
La veille, Le commissaire général de l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), avait à son tour réagit à une opération israélienne de largage de colis humanitaire sur l’enclave, affirmant que cela constituait une démarche "inefficace" face à l’ampleur de la catastrophe humanitaire. «Les largages aériens ne mettront pas fin à la famine qui s'aggrave. Ils sont coûteux, inefficaces et peuvent même tuer des civils affamés», a objecté M. Philippe Lazzarini sur les réseaux sociaux, ajoutant qu’«une famine provoquée par l'homme ne peut être résolue que par la volonté politique». L’UNRWA comme toutes les agences onusiennes, réclame une réhabilitation immédiate du rôle de l'ONU sur place et la possibilité d’intervenir à grande échelle et sans obstacles.
A noter que le gouvernement britannique, confronté à une pression parlementaire interne, avait annoncé samedi son intention d’organiser des largages aériens d’aides sur le territoire. Des déclarations communes de plusieurs pays, dont des alliés traditionnels de l’entité israélienne, exigent par ailleurs de mettre fin aux massacres et à la famine dans l’enclave.
M. S.