Le fait représente un précédent dans l’histoire de la Ve République française, en vigueur depuis 1958, et révèle la grave impasse politique dans laquelle se retrouve le pays aujourd’hui.
Sans surprise, François Bayrou a essuyé un niet du parlement français hier lors du vote de confiance auquel il a lui-même appelé, se retrouvant automatiquement, ainsi que son gouvernement, dans l’obligation de démissionner. Le fait représente un précédent dans l’histoire de la Ve République française, en vigueur depuis 1958, et révèle la grave impasse politique dans laquelle se retrouve la France aujourd’hui.
Le président français devra donc trouver, au plus vite, un nouveau Premier ministre, le troisième depuis la dissolution du parlement en juin 2024, avec la mission impossible de rétablir un minimum de confiance et de sérénité dans un pays acculé par un surendettement record et un climat social des plus explosifs. 364 députés ont donc, en fin de journée d’hier, refusé d’accorder la confiance au gouvernement Bayrou et son plan ultime de redressement budgétaire, contre 194 voix favorables. L’Assemblée nationale française, convoquée pour statuer sur un plan de sauvetage budgétaire et concomitamment trancher sur un quitus politique à accorder au désormais ex-Premier ministre, a donc juste confirmé les intentions des leaders des forces politiques représentées et qui, depuis des semaines, n’ont pas fait mystère, certes pour des ambitions et motifs complètement différents, de leur volonté de tourner la page Bayrou. Celui-ci, nommé il y a neuf mois, a de nouveau tenté hier de convaincre les députés que l’enjeu dépasse de loin le sort de son gouvernement pour concerner l’avenir immédiat de la France, enlisée dans un surendettement grave (114 % du PIB), avec une dette publique de l’ordre 3.415 milliards d’euros.
« Le pronostic vital du pays est engagé », a-t-il alerté dans une dernière intervention, décrivant une France qui chaque année « s'appauvrit un peu plus », au fil d’une « silencieuse, souterraine, invisible et insupportable hémorragie ». Ne pouvant compter sur la coalition parlementaire soutenant le président Emmanuel Macron, François Bayrou a donc dû faire face à un véritable réquisitoire de l’opposition, dans son large spectre allant de l’extrême gauche à l’extrême droite. Boris Vallaud, président du groupe Socialistes, est allé au-delà de la personne du Premier ministre, réservant ses critiques au président français, « seul responsable de la crise, de la débâcle, des désordres de notre pays ». La présidente du groupe Ecologiste et social, Cyrielle Chatelain, a lancé quant à elle que la démission de François Bayrou constitue « un soulagement », appelant à « rompre avec la politique d’Emmanuel Macron », dont le bilan « est bien sombre », et à confier l’exécutif, désormais, à la gauche.
La députée Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise (LFI), a estimé pour sa part que François Bayrou est « le dernier visage d’une politique illégitime et obstinée, incapable de susciter la moindre adhésion dans le pays ». Ciblant de son côté Emmanuel Macron, elle lance lance que s’il ne « ne souhaite pas changer de politique, alors il nous faudra changer de président ».
Marine Le Pen, la cheffe de file de l’extrême droite et présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée à quant à elle le regard rivé sur des législatives anticipées, passant par une dissolution immédiate du Parlement. La dissolution serait, selon elle, non plus une option, mais une « obligation » que le président doit assumer. Marine Le Pen a évoqué, dans le propos, la possibilité d’une démission du président comme option, mais a lâché ce tacle assassin en direction du locataire de l’Elysée : « n’est pas De Gaulle qui veut ». La France se retrouve donc face au vide à la veille du premier acte d’une protestation sociale nationale, annoncé pour le 10 septembre prochain, en attendant une action collective des confédérations syndicales, le 18 septembre du même mois.
M. S.