
La commission du Sénat américain en charge des dotations budgétaires a approuvé un projet de loi interdisant l'utilisation des fonds alloués au Sahara occidental, au titre de l’aide américaine, pour l’ouverture d’un consulat américain, dans la ville sahraouie de Dakhla occupée.
M. Mohamed Cheikh, chargé d’affaires à l’ambassade de la RASD à Alger, n'a pas caché sa satisfaction suite à cette décision bloquant une des promesses du Président sortant Donald Trump. «On se réjouit vivement de cette décision de l’administration américaine de ne pas ouvrir un consulat à Dakhla dans les territoires occupés», a-t-il déclaré. Il invoque plusieurs raisons. «Tout d’abord, indique M. Cheikh, parce que toute ouverture d’un consulat dans les territoires occupés constitue une violation flagrante du droit international.» Et de rappeler que le Sahara occidental «est un territoire non autonome, qui prétend à son autonomie via l’organisation d’un référendum d’autodétermination». Les Sahraouis sont d’autant plus satisfaits que ce refus américain intervient après le retrait du consulat de la Zambie. Il reste que cette décision n’est pas pour surprendre. En juin dernier, le quotidien espagnol La Vanguardia avait fait état du blocage par la commission des affaires étrangères de la chambre des représentants de l’ouverture du consulat des États-Unis à Dakhla occupée et une opération de vente de drones armés au Maroc. C’est dire qu’en approuvant le projet de loi interdisant l’utilisation des fonds alloués au Sahara occidental, au titre de l’aide américaine, la commission du Sénat américain en charge des dotations budgétaires n’a fait que confirmer une décision attendue depuis l’été dernier. L’argument avancé par la commission ne souffre aucune ambiguïté : «Aucun des fonds mis à la disposition du Département d’État, par la présente loi ou des lois antérieures, ne peut être utilisé pour la construction ou le fonctionnement d’un consulat des États-Unis au Sahara occidental», stipule ce projet du budget fédéral américain pour l’année 2022, dans le chapitre consacré aux opérations financières du département d’État à l’international. Le texte précise, en outre, que l’affectation de ces fonds alloués, en vertu de cette loi, seront mis à disposition dans le cadre de l’assistance et de l’aide au Sahara occidental, ainsi qu’au soutien aux efforts diplomatiques en vue de faciliter un règlement politique au conflit dans ce territoire. De quoi effectivement réjouir les Sahraouis qui attendent, néanmoins, plus de la première puissance mondiale et porte-plume de toutes les résolutions concernant le Sahara occidental. Car, a rappelé, M. Cheikh, s’«il y a un mois, le Conseil de sécurité a procédé à la désignation du chef de la Minurso, et il y a moins de dix jour à la nomination de l’envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara occidental», il n’en reste pas moins vrai, dit-il, qu’«on attend un changement global de l’administration Biden par rapport à l’ancien Président Trump, dont les mesures prises vont à l’encontre du droit international». Notre interlocuteur ajoute espérer que cette décision du Congrès soit l’amorce d’un changement global de l’administration Biden sur le dossier sahraoui. «Notre vœu le plus cher est que les États-Unis soient à équidistance des deux parties, le Front Polisario et le royaume du Maroc». Et d’ajouter : «Les États-Unis sont un grand pays, membre permanent du Conseil de sécurité, et ils ont un rôle à jouer dans le parachèvement de l’indépendance du Sahara occidental.» M. Cheikh dit en outre que les Sahraouis espèrent aussi vivement que «l’administration Biden poursuive sur cette voie et qu’elle annule la décision de l’administration Trump de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental». Il reste aussi important de souligner que cette nouvelle déconvenue de la diplomatie marocaine, qui aura pourtant tout fait pour plaire à Washington, n’est qu’une parmi d’autres enregistrées ces derniers mois. Il y a lieu de rappeler que le Tribunal de justice de la Cour européenne avait procédé à l’annulation de deux accords agricole et de pêche entre le Maroc et l’Union européenne, et que Rabat a été tenu d’accepter la nomination de M. De Mistura comme envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental.
Des signes qui ne trompent pas. Pour le président du Comité de solidarité avec le peuple sahraoui, Saïd Ayachi, qui est intervenu hier sur Canal Algérie, «l'étau se resserre sur le Maroc». Et de conclure son intervention en déclarant : «Nous sommes en droit d’attendre des perspectives heureuses à moyen terme pour un règlement du conflit sahraoui.»
N. Kerraz
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Deux civils sahraouis blessés dans une attaque de drone marocain
Deux civils sahraouis ont été blessés mardi et leur voiture détruite suite à une attaque de drone marocain dans la localité de Mhiriz dans les zones libérées du Sahara occidental, a indiqué hier une source sahraouie. «Hier, deux civils sahraouis ont été blessés et leur voiture détruite suite à une attaque de drone marocain dans la localité de Mhiriz dans les zones libérées du Sahara occidental», a écrit cette source sur le réseau social «Twitter». «C'est la quatrième fois que l'armée marocaine attaque des civils depuis la reprise de la guerre en novembre 2020», a-t-il rappelé.