
L’ambassadeur sahraoui en Éthiopie et Représentant de la RASD auprès de l'Union africaine (UA), Lamine Abaali, a qualifié la décision du Président américain sortant, Donald Trump, de reconnaître la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, de «cadeau empoisonné» pour le Maroc, assurant qu'elle «ne changera rien à la nature politique et juridique du dossier sahraoui en tant que question de décolonisation».
«En quittant la Maison-Blanche, Trump avait fait au Maroc un cadeau de fin d'année «empoisonné» et rendu, par là même, un grand service à Israël en poussant certains pays arabes à la normalisation des relations avec l'entité sioniste», a souligné samedi l'ambassadeur sahraoui dans une déclaration à l'APS. «Il était prévisible que le Royaume du Maroc soit parmi les pays à normaliser les relations diplomatiques avec Israël en contrepartie de la prétendue reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le territoire de la République arabe sahraouie démocratique (RASD)», a déclaré le diplomate sahraoui, soulignant que la décision de Trump «ne changera rien à l'équation politique ni à l'équation juridique du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination».
Pour M. Abaali, cette annonce à l’approche de la sortie de Trump de la Maison-Blanche «sert en premier lieu les intérêts d'Israël, mais constitue également une entrave pour l'administration du Président élu Joe Biden, qui prendra la tête du pays le mois prochain».
Il a réitéré, dans ce sens, que la décision de Trump «ne changera rien au dossier du Sahara occidental, qui demeure une question de décolonisation inscrite aux Nations unies».
L'organisation internationale, a-t-il rappelé, «est tenue au traitement de la question sur cette base en vertu de la résolution 1514, qui garantit l'exercice du droit des peuples à l'autodétermination».
Evoquant par ailleurs les réactions à l'annonce du président américain sortant, M. Abaali a relevé qu'elles étaient «claires» de la part de grandes puissances, de partis politiques et de plusieurs Etats dans le monde. «Cette annonce, aussi difficile soit-elle pour le dossier sahraoui, ne saurait entamer la détermination du peuple sahraoui à la lutte pour que soient respectés le droit international, les décisions de la légalité internationale et la Charte de l’UA», a-t-il soutenu.
Mettant en avant la position «ferme» de l’UA à l’égard de la démarche de Trump, l’ambassadeur sahraoui a rappelé «la préoccupation» de l’Afrique du Sud, qui préside actuellement l’UA, exprimée à l’issue des derniers développements dans la zone tampon de Guerguerat, à la suite desquels les deux membres de l’UA (Maroc et République sahraouie) ont été appelés à relancer les négociations en vue de mettre en œuvre le Plan de règlement du 6 septembre 1991.
D’ailleurs, l’UA a «demandé à l’ONU, à sa tête le SG, de désigner en urgence un Envoyé onusien pour la cause sahraouie», a-t-il rappelé à ce propos.
«Le Maroc refuse tout rôle à l’UA et entrave tout effort international à même de garantir au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination», a relevé l'ambassadeur de la RASD en Ethiopie, ajoutant qu'«il refuse à ce jour le retour des observateurs de l’UA dans les territoires sahraouis».
En conclusion, M. Abaali a assuré que «la diplomatie sahraouie poursuivra, au niveau de l’UA, la défense du droit international et des chartes soutenant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et l’organisation d'un référendum juste et véritable».