
- Laâyoune : Condamnation de la répression des manifestants pacifiques
- Portugal : Relancer les négociations
- Union africaine : Préparer les conditions d'un cessez-le-feu
- Conseil de sécurité : L'Allemagne met en garde contre la partialité de Washington
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Sahara Occidental, Front Polisario :
L'annonce de Trump, un brigandage international
Le représentant du Front Polisario en France, Mohamed Sidati, a qualifié jeudi de «gravissime et du jamais vu», la récente annonce du président américain sortant Trump de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en contrepartie de la normalisation des relations entre le régime marocain et Israël, déplorant un «brigandage international» visant à déstabiliser toute la région.
L'accord entre Trump, le Royaume du Maroc et Israël «remet en cause l'éthique et les valeurs», a déclaré M. Sidati à la Chaîne 3, soulignant qu'il s'agit «bel et bien d'une opération de brigandage international, où la Maison Blanche a troqué quelque chose qui ne lui appartient pas, avec celui qui n'a aucun droit sur ces territoires».
Cette action unilatérale «s'inscrit dans le cadre d'une politique de déstabilisation et d'insécurité visant l'ensemble de la région du Maghreb et de l'Afrique du Nord, à travers le conflit au Sahara occidental», a expliqué M. Sidati.
Evoquant la dernière résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, qui exhorte les deux parties en conflit à relancer le processus politique pour «parvenir» à l'autodétermination du peuple sahraoui, le diplomate a affirmé que «même si cette action n'est pas totalement au niveau des attentes du peuple sahraoui», elle a réaffirmé pour autant un certain nombre de principes sur le droit à l'autodétermination. M. Sidati a relevé qu'un consensus se dégageait à l'ONU sur le conflit au Sahara occidental traité comme une question de décolonisation.
«C'est face à cette situation d'isolement» que le régime marocain a accepté la normalisation avec l'entité sioniste pour essayer de renverser la donne à Washington, a souligné M. Sidati.
Le responsable sahraoui a, toutefois, critiqué les Nations unies qui n'ont pas «fait preuve de fermeté et de volonté» pour faire respecter ses décisions par le Maroc.
A ce titre, M. Sidati a appelé à «ne pas baisser la garde», car le Maroc, «choqué par l'attitude du Conseil de sécurité», va poursuivre ses manœuvres et contourner les décisions des Nations unies.
«Ces dernières années, le Maroc s'est employé à vider les résolutions de l'ONU de leur substance et à faire détourner le processus de paix de son cours normal en le transformant pratiquement en un instrument de domestication, faisant preuve de complaisance», a-t-il déploré.
Il a, en outre, déploré la situation dans les territoires occupés du Sahara occidental qui est devenue «intolérable et intenable», par une politique marocaine répressive sans précédent contre les Sahraouis.
Le diplomate a qualifié le soutien au plan expansionniste marocain par quelques pays, dont la France, de «malsain», découlant d'une vision colonialiste, basée sur le pillage des ressources naturelles sahraouies.
Il a ainsi rappelé que «le Front Polisario poursuivra sa lutte armée jusqu'au recouvrement de l'indépendance, face à la frustration du peuple sahraoui qui a fondé de grands espoirs sur le processus de négociations. Dans la foulée, M. Sidati a salué le soutien indéfectible de l'Algérie à la lutte légitime du peuple sahraoui, louant la réaction africaine exprimée lors du dernier Sommet de l'UA, sur «faire taire les armes en Afrique», réaffirmant l'urgence pour les deux parties en conflit de reprendre les négociations directes afin de permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination.
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Laâyoune
Condamnation de la répression des manifestants pacifiques
La Commission nationale sahraouie des droits de l'Homme (Conasadh) a condamné jeudi la répression marocaine contre les manifestants sahraouis dans la ville occupée de Laâyoune, capitale du Sahara occidental.
Dans un communiqué, la Conasadh a exprimé «sa condamnation de la répression subie par plusieurs militants sahraouis et son fort rejet des violences à l'encontre de la famille de l'activiste Sultana Jaya, sous l'œil vigilant de la Mission de l'Organisation des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), qui joue le rôle de simple spectateur et complice des violations par les autorités d'occupation marocaines». A cet égard, la Commission sahraouie des droits de l'Homme a exprimé sa solidarité avec la famille de la militante sahraouie et toutes les victimes de la répression marocaine, mettant en garde contre les graves conséquences des politiques et pratiques agressives des autorités d'occupation marocaines. La commission a appelé à faire pression sur le régime marocain pour qu'il libère tous les prisonniers politiques sahraouis détenus dans leurs prisons et révèle le sort de tous les Sahraouis disparus depuis le début de l'occupation marocaine illégale du territoire du Sahara occidental.
Les forces d'occupation marocaine ont réprimé violemment mercredi une manifestation de militantes sahraouies à Smara dans la ville occupée de Laâyoune pour réclamer la liberté et l'indépendance. Les militantes qui ont participé à la manifestation ont reçu des coups de mitraillette et subi des insultes, selon la même source.
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Portugal
Relancer les négociations
Le ministère portugais des Affaires étrangères a réaffirmé mercredi que la position de Lisbonne sur le conflit au Sahara occidental «reste inchangée», soutenant la relance des négociations dans le cadre des Nations unies pour parvenir à une solution au conflit conformément aux résolutions du Conseil de sécurité.
«Le Portugal continue d'appuyer les efforts du Secrétaire général des Nations unies pour relancer les négociations, dans le but de parvenir à une solution politique, durable et mutuellement acceptable par les parties, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité», a soutenu la diplomatie portugaise dans une déclaration sur Twitter.
Dans le même contexte, le ministère a démenti des informations, relayées par des médias, sur l'intention du Portugal d'ouvrir un consulat au Sahara occidental occupé.
«La nouvelle de l'ouverture d'un consulat portugais au Sahara occidental est fausse», a ajouté le ministère portugais des Affaires étrangères sur Twitter, après que le journal El Espanol a rapporté que le Portugal compte ouvrir une représentation diplomatique dans le territoire occupé par le Maroc.
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Union africaine
Préparer les conditions d'un cessez-le-feu
L'Union africaine (UA) a demandé au Conseil de paix et de sécurité (CPS) d'engager le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (RASD), à «préparer les conditions d'un nouveau cessez-le-feu», devant aboutir à une solution assurant au peuple sahraoui son droit à l'autodétermination. La décision finale adoptée par le 14e sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de l'UA, le 6 décembre, sur le thème «Faire taire les armes», demande au CPS d'«apporter les contributions attendues de l’Union africaine en appui aux efforts de l'ONU et conformément aux dispositions pertinentes de son protocole», d'engager les deux parties en conflit, qui sont toutes deux des Etats membres de l'UA, à faire face à la situation actuelle afin de préparer les conditions d'un nouveau cessez-le-feu et de parvenir à une solution juste et durable du conflit.
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA appellent en outre à la «redynamisation du mécanisme de la Troïka» conformément à la décision 693 (31) (UA/Assemblée). Ils ont, par ailleurs, exprimé leur «profonde préoccupation face à l'escalade des tensions militaires entre le Royaume du Maroc et la République sahraouie survenue à El-Guerguerat», zone tampon du Sahara occidental entraînant la violation de l'accord de cessez-le-feu de 1991, notamment l'Accord militaire numéro 1, et «la regrettable reprise de la guerre, en conséquence». Insistant sur une solution qui ouvre la voie à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, les chefs d’Etat et de gouvernement de l'UA, demandent en outre dans leur décision finale, au Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, de «nommer un nouvel envoyé spécial pour le Sahara occidental», devant contribuer à la reprise du processus politique, à l'arrêt depuis la démission de l'ancien émissaire, l'Allemand Horst Kohler, en mai 2019, pour des raisons de santé. Le 14e sommet extraordinaire de l'UA sur «faire taire les armes», avait décidé, rappelle-t-on, de réinscrire la question du Sahara occidental dans l’agenda du CPS de l'Union africaine pour donner «nouveau souffle» à ce dossier. Par ailleurs, le communiqué final (Déclaration de Johannesburg) demande au CPS de l'UA, avec le soutien du Président de la Commission de l'UA et le Groupe des Sages, de «veiller au strict respect de l'Acte constitutif de l'UA et du Protocole relatif à la création du CPS et d'autres Cadres politiques pertinents, et d’apporter une réponse rapide aux crises latentes sur le continent, afin d’éviter une escalade vers un conflit violent». A cet égard, souligne le texte, il est nécessaire de «mandater le CPS de nommer et pointer du doigt les acteurs qui nient les crises émergentes, tel que prévu par la Feuille de route principale de l'UA sur l’initiative +Faire taire les armes+ et d'achever le processus de développement d'une plateforme/cadre d'engagement entre le CPS et les Etats membres dans les situations où une crise latente surgit».
Et pour un continent exempt d'armes, les dirigeants de l'UA ont décidé de réaffirmer «la primauté des solutions politiques et du règlement pacifique de tous les conflits», et d«appliquer pleinement toutes les dispositions des accords de paix signés, en vue de faciliter des solutions amiables et durables aux conflits/crises sur le continent».
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Conseil de sécurité
L'Allemagne met en garde contre la partialité de Washington
La délégation allemande à l'ONU a mis en garde contre la partialité des Etats-Unis, porte-plume des résolutions sur le Sahara occidental, après la décision du président sortant, Donald Trump, de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur ce territoire.
«Etre porte-plume vient avec de la responsabilité. Cela s'accompagne d'un engagement fort pour résoudre un problème, il faut être juste, il faut être impartial, il faut avoir à l'esprit l'intérêt légitime de toutes les parties et il faut agir dans le cadre du droit international», a déclaré l'ambassadeur allemand à l'ONU, Christoph Heusgen. Il a révélé que son pays «reste profondément attaché à une solution politique qui soit réellement dans l’intérêt de tous. Toute la région en profiterait». Le 10 décembre courant, le président américain sortant, Donald Trump, a annoncé sa reconnaissance de la prétendue «souveraineté marocaine» sur le Sahara occidental en contrepartie de la normalisation des relations des relations entre le Maroc et Israël. Une déclaration qui a suscité des réactions négatives à travers le monde mais aussi au sein même du parti auquel appartient Donald Trump.
L'annonce faite par Trump a été essentiellement critiquée parce qu'elle va à contresens du droit international, les Nations unies, mais également d'autres organisations internationales considérant le Sahara occidental comme un territoire occupé illégalement par le régime marocain. Cette prise de position contredit aussi la politique adoptée par les Etats-Unis en ce qui concerne le Sahara occidental et qui consiste à soutenir l'organisation d'un référendum pour l'autodétermination du peuple sahraoui.
Dans son édition de mardi, le New York Times, se basant sur des sources diplomatiques, a expliqué que la décision de Trump pourrait être annulée par l'administration Biden qui prendra les commandes de la Maison-Blanche à partir du 20 janvier prochain.
Une annulation qui pourrait être expliquée par le fait que la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental soit contraire à l'un des principes fondateurs des Etats-Unis à savoir le soutien du droit à l'autodétermination.
D'autre part, les Etats-Unis, en tant que porte-plume des résolutions sur le Sahara occidental au Conseil de sécurité, ne peuvent prendre partie en faveur d'une partie du conflit d'où le rappel à l'ordre diplomatique émis par Christoph Heusgen.
Par ailleurs, le diplomate allemand a insisté sur l’importance d'accélérer la nomination d'un envoyé personnel du SG de l'ONU pour le Sahara occidental, afin de contribuer à la reprise du processus politique, à l'arrêt depuis la démission de l'ancien émissaire, Horst Kohler, en mai 2019. «Nous assistons donc à une stagnation du processus politique et nous avons besoin, en urgence, d'un nouvel envoyé personnel. Nous savons à quel point cette personne est difficile à trouver, car une telle personne doit être acceptable pour les deux parties. Si nous n’y parvenons pas, le processus politique s’effondrera», a-t-il soutenu.
L'ambassadeur a affirmé que le conflit au Sahara occidental avait besoin «d'une revitalisation du processus politique» et «d’un règlement négocié réaliste, pratique et durable».