La famine, arme sioniste contre l’enfance à Ghaza : Chronique d’une hécatombe annoncée

Le bureau des médias rattaché aux autorités à Ghaza affirme, pour sa part, s’attendre à ce que se produise une tuerie massive dans les jours et semaines à venir estimant que la menace est aiguë sur une population de près de 100.000 enfants si le lait infantile n’est pas livré dans l’immédiat.

Les frêles réserves de résistance morales et physiques qui ont permis jusque là aux centaines de milliers de Palestiniens de tenir miraculeusement le coup face à l’emballement de la guerre d’extermination que leur livre l’entité sioniste vont désormais en s’amenuisant, annonçant des jours et de semaines encore plus sombres dans l’enclave de Ghaza.
Chaque jour apporte depuis quelques semaines sont lot d’enfants morts de malnutrition, selon des moyennes qui vont naturellement en augmentant, avec la persistance de l’étau humanitaire israélien. Les effets de la famine prolongée, résultant du blocus imposé depuis le 2 mars dernier par les forces d’occupation, se propagent sur une démographie enfantine de plus en plus étendue et les médecins assurent que l’on est là qu’au début d’une déferlante qui va faire des ravages exponentiels à court terme.
Le directeur du complexe pédiatrique Nasser à Ghaza, a indiqué à al Jazeera que les enfants seront les premières victimes de l’hécatombe annoncée si les points de passage ne sont pas ouverts et que l’aide n’entre pas immédiatement dans l’enclave.
Le médecin alerte également sur le cas des milliers d’enfants non hospitalisés ou dont les atteintes ne sont pas diagnostiquées et livrés au mouroirs silencieux des tentes de fortunes. «Mes enfants ne pleurent plus. Ils n'ont plus la force. Ils ne courent plus, ne jouent plus. Le silence a remplacé leurs rires. Ils restent allongés, les yeux ouverts, fixant le plafond comme s'ils attendaient que le ciel s'ouvre et leur apporte une réponse», confie un père de famille, employé par l’ONG Secours islamique France.
Selon le directeur de l'équipe médicale de l’association palestinienne Médical Relief Society, près de 50.000 nourrissons n’ont pas accès aux préparations nouveau-nés (laits infantiles), ce qui les expose dans l’immédiat à des vulnérabilités mortelles.

Le plus grands nombre d’enfants amputés par habitant

Le bureau des médias rattaché aux autorités à Ghaza affirme pour sa part, s’attendre à ce que se produise une tuerie massive dans les jours et semaines à venir estimant que la menace est aigüe sur une population de près 100.000 enfants si le lait infantile n’est pas livré dans l’immédiat.
Durant les trois semaines passées, prés de 5.100 enfants ont été admis pour recevoir des traitements contre la malnutrition, dont 800 présentant des situations d'émaciation sévère, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), signalant par ailleurs, que les centres de traitement de la malnutrition sont saturés et subissent une grave pénurie de fournitures pour l'alimentation d'urgence.
Les mères exposées aux affres de la famine depuis de longs mois, sont pour leur part dans l’incapacité physique d’allaiter. Une photo bouleversante, fait le tour des médias et des réseaux sociaux depuis plusieurs jours et devient l’emblème du cauchemar palestinien à Ghaza. Le cliché de l’agence turque Anadolu, pris quelque part à Ghaza le 21 juillet dernier, montre l’enfant Mohamed Zakariya Ayyoub al-Matouq, un an et demi, dos squelettique livrant en saillie vertèbres et cotes, dans les bras d’une mère au regard éteint et saturé de désespoir. En mai dernier déjà, soit deux mois après le début du blocus, l’UNFPA, l’agence des Nations unies chargée de la santé sexuelle et reproductive, recensait près de 55.000 femmes enceintes, soumises aux effets de la malnutrition avec les risques que la situation suppose sur leurs grossesses. Dans le chaos intégral dans lequel est plongé le territoire, l’on ignore aujourd’hui le nombre de grossesses menées à terme, et le nombre de nouveau-nés, forcément venus au monde avec des poids de naissance insuffisant et des risques de mortalités élevés.
De plus, avec les destructions délibérées qui ont touché les centres hospitaliers depuis le début du génocide, et la «famine de masse» qui s’est désormais installée, cette population représente une génération condamnée soit à la mort à court terme, sinon à trainer le restant de son existence des séquelles liées aux conditions désastreuses de naissance. Des rapports onusiens ont déjà fait part tout au long de l’année, de morts de prématurés dans les hôpitaux, par manque de système de ventilation. Plus de 18.000 enfants palestiniens ont été tués par les bombardements aveugles depuis octobre 2023, alors qu’un rapport de l’ONU, publié en décembre 2024, a tranché que la bande de Ghaza compte «désormais le plus grand nombre d’enfants amputés par habitant au monde». Un rapport du bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a révélé récemment que 10.000 «bébés fantômes» sont aujourd’hui sans existence légale sur les registres d’état-civil à cause du chaos de la guerre. Il est évident que le plan sioniste, au delà de la guerre d’extermination livrée à la population palestinienne en général, vise à marquer du sceau du traumatisme indélébile et de l’handicap à long terme des nouvelles générations, avec le dessein tout aussi évident de miner l’avenir en bouleversant les paramètres démographiques et en détruisant les potentiels et les ressorts sociaux.

M. S.

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