
La junte militaire au pouvoir au Mali persiste dans son offensive contre les libertés politiques dans le pays, au moment où la mobilisation populaire déclare ne pas céder aux menaces, même si l’opposition préfère, pour l’heure, éviter une confrontation directe avec les putschistes. Hier, le gouvernement du général Assimi Goïta a promulgué la loi supprimant la charte des partis politiques, confirmant la volonté qui lui est prêtée de dissoudre définitivement les formations politiques. «Toutes les dispositions» de la loi portant charte des partis politiques «sont et demeurent abrogées», indique un décret signé par le chef de la junte dans le texte publié dans le Journal Officiel. Le processus de contrôle autoritaire de la société malienne est mené au pas de charge depuis qu’une «concertation nationale», organisée par la junte en avril dernier, avait prescrit la dissolution des partis existants et le durcissement des conditions pour la création d’autres. La même conférence, boycottée pour rappel par l’opposition politique et des pans entiers de la société civile malienne, avait par ailleurs enterré la perspective de la transition politique, sur laquelle s’étaient pourtant engagés les putschistes à leur arrivée au pouvoir, il y a quatre ans, en validant la proclamation du général Assimi Goïta comme président pour «un mandat de cinq ans renouvelable». L’opposition politique au Mali a pu, malgré les menaces de représailles, lancer l’initiative d’une «coalition» regroupant une centaine de partis pour défendre les libertés politiques, et a pu organiser, début mai, un rassemblement de protestation à Bamako, le premier du genre depuis que la junte a imposé une chape de plomb à l’expression publique dans le pays. Les protestataires réclament, entre autres, «la fin effective de la transition politico-militaire au plus tard le 31 décembre 2025». Un autre rassemblement devait avoir lieu quelques jours plus tard, mais la pression exercée par les autorités a dicté aux protestataires de reporter la manifestation pour éviter la répression et des troubles dans le pays. La junte «a signé l'acte de décès du pluralisme politique au Mali», a dénoncé, dans une tribune publiée lundi, l'ancien ministre de la Justice, Mamadou Ismaïla Konaté, après l'adoption du projet de loi par le Conseil national de transition (CNT), dénonçant par ailleurs une «opération de mise au pas, une tentative de démolition systématique des contre-pouvoirs politiques» au Mali.
R. I.